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L'article provient de Le Journal de Québec
Culture

Une bouleversante amitié

Photo courtoisie
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Photo portrait de Marie-France Bornais

Marie-France Bornais

2021-10-02T04:00:00Z
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La talentueuse écrivaine franco-anglaise Tatiana de Rosnay, formidable pour dépeindre la vaste palette des sentiments, raconte la bouleversante histoire d’un jeune bourgeois qui se lie d’amitié avec une itinérante dans son nouveau roman, Célestine du Bac. Entre un fan d’Émile Zola qui se cherche et une femme âgée qui n’attend plus rien de la vie, les liens se tissent. Et tous deux en sortent grandis.

Martin Dujeu a 18 ans. C’est un grand échalas, myope, qui ne communique presque plus avec son père avocat. Il se passionne pour l’œuvre d’Émile Zola, mais n’a pas grand intérêt pour l’école. Martin et son père sont toujours endeuillés par la mort de Kerstin, la mère suédoise de Martin, décédée dans un accident d’avion alors qu’il n’avait que deux ans.

En promenant son beagle dans le 15e arrondissement de Paris, Martin croise Célestine, une itinérante âgée qui a élu domicile sous un porche de la rue du Bac. Ils se découvrent une passion commune pour l’écriture et apprennent à se connaître, en devant tous les deux surmonter quantité de préjugés.

Le temps passe. Célestine a de plus en plus de mal à supporter le froid et les rigueurs de l’hiver. De son lit d’hôpital, elle remerciera Martin de sa générosité en lui accordant trois vœux. 

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Trente ans d’attente

Tatiana de Rosnay, comme une bonne fée-marraine, raconte l’étonnant parcours de ce conte moderne qui évoque l’importance d’aller à l’essentiel. Étonnamment, elle l’a écrit il y a une trentaine d’années et il était resté dans ses tiroirs, faute de trouver preneur. Autre temps, autres mœurs, autres mentalités, autres façons de voir la vie ?

Elle partage ce qui s’est passé. « Juste après la sortie du livre, j’ai retrouvé les coordonnées du monsieur qui avait refusé ce livre. On s’est donné rendez-vous dans un jardin public, je lui ai apporté Célestine du Bac, et il m’a dit la chose suivante : “Écoutez, il faut que vous sachiez que j’ai vraiment adoré cette histoire, mais au-dessus de moi, il y avait ce patron qui n’y croyait pas, et qui ne croyait pas du tout en vous et qui n’était pas du tout persuadé que vous alliez faire carrière dans l’écriture.” »

Ce livre réjouissant était censé être le second roman publié par Tatiana de Rosnay, qui est devenue par la suite une superstar du monde de l’édition, écrivant des best-sellers vendus à des millions d’exemplaires, et adaptés au cinéma. 

« Je me souviens d’avoir été terriblement triste et déçue... Donc j’ai mis ce manuscrit dans un carton et il y est resté pendant presque 30 ans, allant de cave en cave et de déménagement en déménagement. »

« Je n’y pensais plus, jusqu’à ce jour où j’ai ouvert ce carton il y a deux ans. Je suis tombée sur ce manuscrit. Je l’ai relu et je me suis dit qu’il y avait quelque chose de très authentique dans ce texte. Quelque chose de spontané, sincère. Je l’ai donné à mes éditeurs pour qu’ils me donnent un feedback. »

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Elle s’attendait à ce que le livre retourne dans son carton... mais ses éditeurs ont craqué pour le texte. « Il y a eu une sorte d’emballement général ! » 

Le fait de publier ce livre maintenant, à un moment où nous sommes très lentement en train de revenir à la vie, après cette période absolument épouvantable, dit-elle, est réconfortant.

« Ce livre parle d’amitié, de lien social, de bienveillance, de main tendue. Il tombe à point nommé. S’il avait été publié il y a deux ans, au moment où je l’ai retrouvé, ou il y a 30 ans, je ne pense pas qu’il aurait eu l’écho qu’il a aujourd’hui. »

  • Tatiana de Rosnay est franco-anglaise.
  • Elle a écrit 13 romans, dont Elle s’appelait Sarah (Éditions Héloïse d’Ormesson, 2007), vendu à 11 millions d’exemplaires à travers le monde.
  • Ses livres sont traduits dans une quarantaine de pays et plusieurs ont été adaptés au cinéma.

EXTRAIT

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    Tatiana de Rosnay
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    Éditions Robert Laffont
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    336 pages
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« Kerstin est morte dans une catastrophe aérienne à vingt-deux ans. On n’a jamais pu retrouver son corps parmi ceux des soixante-quinze autres passagers. Martin avait deux ans. De sa mère, il conserve le souvenir d’une silhouette fine et d’une chevelure dorée, puis d’un parfum dont l’intensité s’estompe avec le temps tel un bouquet fané, mais qui parfois ressurgit au détour d’une rue ou dans un magasin, et dont l’effluve fait renaître la douleur d’une blessure jamais cicatrisée. »

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