Autonomie alimentaire: une bouchée sur la Californie
Les fraises cueillies au Québec dominent dans les supermarchés entre juin et septembre


Jean-Michel Genois Gagnon
Depuis dix ans, les fraises du Québec se sont taillé une place enviable dans les supermarchés québécois en saison estivale, affirme la direction de la ferme Onésime Pouliot, avalant même les parts des produits californiens.
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Selon le responsable de la ferme de petits fruits de l’île d’Orléans, Guy Pouliot, entre juin et septembre, les grandes chaînes d’alimentation priorisent les fruits rouges du Québec à ceux de nos voisins du sud.
Cette année, toutefois, en raison de chaleurs durant l’été, les producteurs de fraises d’ici ont éprouvé des problèmes à répondre à la demande. Ce qui force, présentement, certaines chaînes à se tourner vers la Californie.
« Dame Nature nous a fait une jambette. Nos rendements ne sont pas ce qu’ils devraient être, concède M. Pouliot. On manque de fruits. Sinon, c’est tout le temps nos fraises en cette période de l’année, depuis 2010 », ajoute celui qui produit de 2 à 2,5 millions de livres de fraises par année.
Avec ses 180 acres de terre, la ferme Onésime Pouliot se spécialise principalement dans la production de fraises et de framboises. Ces produits se vendent chez Metro, Empire (Sobeys) et Loblaw. Ils se retrouvent aussi sur les tablettes de détaillants du côté des États-Unis.
Nouvelles techniques
Pour la framboise, M. Pouliot souligne que de nouvelles techniques de production, notamment sous abris et en pots, permettront d’améliorer et de bonifier les récoltes, au cours des prochaines années. Québec est toutefois encore loin de pouvoir déloger les produits américains dans cette industrie.
« Nous n’avons pas encore les superficies et les volumes pour le faire, explique l’homme d’affaires. Un peu comme la fraise d’automne, on peut penser que les framboises le feront d’ici six ou sept ans », poursuit-il.
Pour l’ensemble du secteur des petits fruits, Québec est autosuffisant à 60 % (exception faite du jus de raisin), selon des données de 2018 du ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation.
Concurrence du Mexique
La direction de la ferme Onésime Pouliot, qui fait travailler près de 300 personnes, dont plusieurs travailleurs étrangers, perçoit les producteurs de fraises du Mexique comme « des acteurs complémentaires » à son entreprise.
« Ils ne sont pas des compétiteurs. Ils commencent à produire en septembre, et ce, jusqu’en juin », répond M. Pouliot, questionné sur la rivalité dans le monde des petits fruits. Il avance que ses principaux concurrents sont plutôt installés sous le soleil de la Californie.
D’ailleurs, Québec produit environ 1,5 % des fraises qui se mangent en Amérique du Nord, la Floride 8,5 % et la Californie 85 %.
Quant à la question de l’autosuffisance alimentaire, l’homme d’affaires estime qu’il sera difficile pour le Québec de devenir autonome dans les petits fruits avec les outils actuellement disponibles, notamment les avantages financiers et les différents programmes gouvernementaux.
QUELQUES CHIFFRES
► La ferme Onésime Pouliot produit annuellement de 2 à 2,5 millions de livres de fraises
► Les produits se vendent chez Metro, Empire (Sobeys) et Loblaw
► 180 acres de terre
► Près de 300 employés durant la saison forte, dont plusieurs travailleurs étrangers
► Située à l’île d’Orléans