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L'article provient de Le Journal de Québec
Sports

Une autre histoire de viol collectif dans la LHJMQ

Deux ex-joueurs des Voltigeurs de Drummondville sont notamment ciblés

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Mylène Richard

2022-12-13T13:20:24Z
2022-12-14T03:47:51Z
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Le monde du hockey et celui de la LHJMQ particulièrement ont encore une fois été assombris, mardi, quand une autre histoire de viol collectif présumé commis par des athlètes a été révélée. 

• À lire aussi: Enquête pour agression sexuelle: deux joueurs des Tigres de Victoriaville arrêtés

Le fils de l’ancien dur à cuire du Canadien Shayne Corson, Noah Corson, est accusé d’avoir agressé sexuellement une mineure en 2016, en compagnie de deux jeunes de moins de 18 ans, dont un coéquipier chez les Voltigeurs de Drummondville. 

Ces deux derniers, dont on ne peut dévoiler l’identité, ont déjà plaidé coupables devant un tribunal pour adolescent.

« Comme à chaque fois qu’on entend ces histoires-là, c’est horrifiant, a lancé la ministre fédérale des Sports, Pascale St-Onge, en point de presse. Je pense que tout le monde a aussi compris qu’on n’est pas dans l’anecdote et qu’il s’agit vraiment d’une culture qui est imprégnée dans le monde du hockey, qui va demander l’implication de tout le monde [...], parce que ça n’a aucun sens. »

La présumée victime âgée à l’époque de 15 ans n’aurait pas consenti à une relation sexuelle de groupe, dont des images auraient été captées avec un cellulaire, selon ce qu’a rapporté Martin Leclerc, de Radio-Canada, mardi.

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Noah Corson est accusé d’avoir agressé sexuellement une mineure en 2016, en compagnie de deux jeunes de moins de 18 ans, dont un coéquipier chez les Voltigeurs de Drummondville.
Noah Corson est accusé d’avoir agressé sexuellement une mineure en 2016, en compagnie de deux jeunes de moins de 18 ans, dont un coéquipier chez les Voltigeurs de Drummondville. Photo d’archives, Agence QMI

Libéré 

Corson, qui était majeur au moment des faits reprochés et qui a nié ces accusations, devra se présenter en cour en juin. L’un de ses agents, Nicola Riopel, n’a pas voulu commenter son cas au Journal, « considérant que le dossier est toujours pendant devant le tribunal ». 

Le jeune homme de 24 ans, né à Sherbrooke pendant que son père portait l’uniforme du CH, a été libéré par son équipe de la Premier AA Hockey League (ECHL), le Thunder d’Adirondack. Il a ensuite été rappelé sur papier par les Comets d’Utica, de la Ligue américaine. Mais un représentant des Devils du New Jersey, l’équipe de la LNH qui chapeaute le Thunder et les Comets, a confirmé au Journal qu’il ne s’agissait que d’un transfert en lien avec son contrat, qui devrait être résilié sous peu.

La LHJMQ collaborera

Tant la Ligue de hockey junior majeur du Québec (LHJMQ) que les dirigeants de l’époque et actuels des Voltigeurs ont affirmé ne pas avoir été au courant de cette affaire.

« La LHJMQ et ses équipes vont offrir leur entière collaboration à l’enquête policière et au processus judiciaire si elles sont sollicitées », peut-on lire dans un communiqué de la ligue, qui a tenu à préciser que ses « premières pensées vont à la victime alléguée ».

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  • Écoutez le segment judiciaire avec Nicole Gibeault diffusé chaque jour en direct 11 h 10 via QUB radio :

D’autres cas similaires

Le circuit Courteau a souvent été éclaboussé au cours des derniers mois. Le Bloc Québécois avait invité la police de Québec à analyser de nouveaux éléments en lien avec une agression sexuelle alléguée qui aurait impliqué quatre joueurs des Olympiques de Gatineau, en 2014. 

Puis, deux hockeyeurs des Tigres de Victoriaville font face à la justice pour un crime similaire commis sur une mineure l’an dernier. 

« C’est malheureux, surtout avec tout le travail qu’on fait comme ligue pour éduquer et sensibiliser nos joueurs à ces problématiques de société là », a soutenu à TVA Nouvelles le directeur des communications de la LHJMQ, Maxime Blouin. 

« On est conscient qu’on doit faire davantage de prévention », a toutefois admis la directrice des services aux joueurs du circuit, Natacha Llorens, à TVA Nouvelles.

– Avec l’Agence QMI et Jean-François Chaumont

 

« Un long rattrapage à faire »

La réalisatrice Léa Clermont-Dion a constaté qu’il y avait « un long rattrapage à faire » lorsqu’elle a mené des formations sur le consentement sexuel aux quelque 400 joueurs de la LHJMQ en début de saison.

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« Dans certains cas, ils ne savaient pas que quand leur conjointe était en état d’ébriété avancé, ils ne pouvaient pas avoir de relations sexuelles avec elle, car le consentement n’est pas valide », raconte celle qui souligne le courage de la victime alléguée d’un viol collectif qui aurait été commis par trois personnes, dont deux anciens joueurs des Voltigeurs de Drummondville en 2016.

Léa Clermont-Dion soutient que les hockeyeurs ont été très réceptifs.

« Ils étaient contents qu’on en parle, sans les infantiliser, car ils ont entre 16 et 20 ans, et sans non plus les culpabiliser. Je leur ai présenté des extraits vidéo, notamment un du film Je vous salue salope, le passage où on voit une victime de viol collectif qui s’est suicidée. [...] C’est quelque chose qui les a touchés droit au cœur, qui les a ébranlés. »

Le nerf de la guerre

L’autrice, documentariste et politologue croit qu’il est nécessaire que ces ateliers soient renouvelés chaque année, mais, encore une fois, c’est une question d’argent.

« Ça prend une volonté politique, ça prend du financement, déplore-t-elle, une journée après avoir dénoncé la banalisation de la violence sexuelle devant le Comité permanent de la condition féminine à Ottawa. Les organisations sportives ne peuvent pas être laissées à elles-mêmes. »

« Pour changer la culture, ça prend des vrais moyens. En ce moment, je trouve que c’est long avant que le fédéral réagisse réellement et qu’il mette des sous sur la table. Il existe la ligne “Je porte plainte” créée au Québec avec l’organisme Sport’Aide, mais ce n’est pas connu de tous. [...] Si les coachs ne sont pas sensibilisés, comment voulez-vous qu’ils amènent les victimes à porter plainte ? »

« Je garde espoir »

Malgré cet autre scandale et une culture « toxique » qui semble bien « enracinée », Léa Clermont-Dion garde la tête haute et reste positive.

« Je garde espoir. [...] Ça me déprime un peu, mais je pense qu’il y a vraiment une volonté pour changer les choses. »

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