Une assurance «sur la vie» de Stéphan Huot?
Un document déposé au procès de 150M$ contre Robert Giroux permet d’apprendre que l’homme d’affaires a évoqué cette assurance pour rassurer les investisseurs


Pierre-Paul Biron
L’homme d’affaires Robert Giroux a révélé l’existence d’une «assurance sur la vie de Stéphan Huot», qui aurait servi à rassurer des millionnaires inquiets face à leurs investissements dans le Groupe Huot, quelques mois avant la médiatisation de sa spectaculaire débâcle.
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Ces révélations proviennent du rapport d’une rencontre qui s’est tenue en décembre 2022 entre Robert Giroux et les commanditaires qu’il avait convaincus d’investir dans FIISH et Q12, deux fonds qui prêtaient au Groupe Huot. Le document a été déposé en preuve dans le cadre du procès de 150M$ intenté par les millionnaires présumément floués contre Robert Giroux.
Inquiet devant les problèmes de liquidité de Stéphan Huot et son incapacité à rembourser les intérêts des commanditaires, l’homme d’affaires a soumis les options qui se présentaient aux investisseurs lors de cette réunion.

Rassurer les commanditaires
Le résumé de la rencontre, rédigé par une employée de Giroux, sous-entend qu’au moins un des commanditaires semblait inquiet de voir Stéphan Huot aller jusqu’à s’enlever la vie.
Pour rassurer le commanditaire en question, qui craignait que Huot puisse «en arriver au point d’être au bout de sa corde», est-il écrit, Robert Giroux a confirmé que les fonds avaient une assurance «sur la vie» d’Huot.
Cette affirmation de Giroux se trouve dans la section «points pour rassurer les commanditaires» du résumé de la rencontre. Aucun autre détail quant à cette «assurance» n’a été abordé devant le tribunal, mais des sources indiquent que la procédure n’est pas anormale dans ce genre de prêt privé de grande valeur.
Rappelons que les commanditaires avaient investi un peu plus de 200M$ dans les projets du Groupe Huot. Au même moment, Stéphan Huot nageait dans les problèmes, refusant de vendre certains de ses immeubles pour rembourser ses créanciers, a souligné Robert Giroux.
On apprend d’ailleurs, dans le même résumé de la rencontre du 15 décembre 2022, que Robert Giroux conseillait aux commanditaires de «conserver une grande méfiance» à l’égard de son partenaire d’affaires. «Ce dernier ne [pense] qu’à lui», peut-on lire dans le document.
«Je suis fini»
Robert Giroux a terminé son interrogatoire principal en s’ouvrant sur les conséquences de toute cette histoire sur sa vie. La débâcle du Groupe Huot n’aura pas été uniquement celle de Stéphan Huot, a-t-il insisté.
«Je suis fini, je ne peux plus faire d’affaires», a-t-il confié. «Quand on fait des recherches sur moi, ce n’est pas beau ce qu’on voit. Schème de Ponzi, fraude, comparaisons avec Vincent Lacroix, Bernard Madoff; je passe pour un bandit et je dois vivre avec ça tous les jours.»

L’homme d’affaires a expliqué que ses banques avaient fermé l’ensemble de ses comptes et de ses crédits en raison des allégations des demandeurs dans la poursuite de 150M$.
Pourtant, aucun d’eux, qu’il considérait comme des amis pour la plupart, ne l’a appelé avant d’en arriver là, déplore-t-il.
«Personne n’a daigné m’appeler pour que je m’explique.»
Le contre-interrogatoire de Robert Giroux s’est ouvert en fin de journée jeudi et se poursuivra vendredi.
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