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L'article provient de Le Journal de Québec

Vaccination: une année complètement folle pour la «porteuse de bonnes nouvelles»

Patricia McKinnon a traversé 2021 la «pédale au plancher» pour mener à bon port la campagne de vaccination dans la Capitale-Nationale

La dernière année aura été « vaccin 24/7 » pour Patricia McKinnon. Elle a pu compter notamment sur son chien Charlie pour pouvoir se changer les idées à la maison.
La dernière année aura été « vaccin 24/7 » pour Patricia McKinnon. Elle a pu compter notamment sur son chien Charlie pour pouvoir se changer les idées à la maison. Photo Stevens LeBlanc
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Photo portrait de Pierre-Paul Biron

Pierre-Paul Biron

2021-12-12T05:00:00Z
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Devenue du jour au lendemain le visage de la vaccination dans la région de Québec, Patricia McKinnon clôt une année absolument folle qu’elle décrit comme «vivre les Jeux olympiques, sans aucune préparation et ça dure plus d’un an».

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«Ça a commencé le 1er décembre 2020 et à partir de ce moment, ça a été 7 jours sur 7, 10 heures par jour», laisse tomber en tout début d’entrevue la directrice régionale de la campagne de vaccination.

Le ton est donné: la dernière année de Patricia McKinnon n’a rien de normal.

Coordonnatrice de la sécurité civile au CIUSSS de la Capitale-Nationale, la gestionnaire de 44 ans avait déjà «une année de pandémie dans le corps» quand est arrivé le mandat de l’opération vaccin. Malgré tout, elle a embrassé le défi avec enthousiasme, estimant avoir «tiré le billet gagnant».

«Je suis une porteuse de bonnes nouvelles au fond», lance la sympathique directrice qui se dit «en mission» depuis un an. Elle le fait en pensant à la population, mais aussi à ses filles, son conjoint et son entourage, qui accumulent les sacrifices.

«Je le fais pour mon ami qui a perdu sa business, pour un autre qui a perdu son resto. [...] Et je le fais pour que mes filles reprennent leur vie, reprennent leurs compétitions de ski. Elles ont 13 et 16 ans, elles comprennent ce qui se passe, elles comprennent les absences, mais j’ai toujours essayé de conjuguer le reste avec mon rôle de maman», confie Mme McKinnon.

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2800 employés

Pour donner une idée de l’ampleur du mandat, la directrice de la vaccination s’est retrouvée, en décembre 2020, à mettre sur pied une direction qui n’existait pas et qui allait rapidement devenir la deuxième plus importante du CIUSSS de la Capitale-Nationale.

«Au pic, on avait 2800 employés et 40 gestionnaires qui roulaient 7 jours sur 7, sur deux quarts de travail, alors qu’on ne partait de rien», dénombre Patricia McKinnon, ajoutant en riant avoir sauté quelques marches dans l’escalier de son plan de carrière. «Je voulais devenir directrice et au départ, je me disais naïvement que ce serait un bon début!»

«Finalement, pour reprendre une expression de ski, c’est plutôt une piste “triple losanges noirs”», s’esclaffe à ses côtés l'agente des communications du CIUSSS, Annie Ouellet.

Le ski, c’était habituellement l’échappatoire de Patricia McKinnon, mais ses descentes au Mont-Sainte-Anne auront été plus rares l’hiver dernier.

«Semaine ou fin de semaine, ça n’a plus de différence. J’ai essayé de me garder des petits moments apaisants, mais ce n’était pas facile», raconte-t-elle, en entrevue virtuelle devant les skis de toute la famille, bien cordés au mur.

Et pour les vacances, ce n’est pas plus simple, lance celle qui est parvenue de peine et de misère à prendre 10 jours de congé dans la dernière année, mais qui ne réussira pas à en prendre durant le temps des Fêtes.

«Ça va aller à l’été prochain», se résigne-t-elle. «Je ne serai pas capable avant. Je vais peut-être prendre une ou deux journées aux Fêtes, mais pas plus».

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Des menaces en ligne

Gestionnaire anonyme comme la très grande majorité des responsables du réseau de la santé, Patricia McKinnon a été catapultée à l’avant-scène dans la dernière année, multipliant entrevues et points de presse. Et vu le sujet plus que polarisant, le tout ne s’est pas fait sans heurts.

«C’est arrivé une fois sur mes réseaux sociaux que j’ai eu des menaces, lors de la vaccination des 12-17 ans. On a un bon lien avec la police de Québec, ils ont regardé le portrait de l’individu, m’ont rassurée et ça n’a pas été plus loin que ça. Mais ça remet en perspective que c’est ton nom qui est là», raconte Mme McKinnon, qui insiste toutefois sur le fait qu’elle a reçu plus d’amour que de haine.

«Il n’y pas un gestionnaire de la santé qui a eu autant d’amour que moi, jamais!», assure celle qui se fait souvent arrêter à l’épicerie ou à la station-service.

Et la suite?

Maintenant, comment se dessine la suite? Parce que même après un an, le mandat est loin d’être terminé, admet Patricia McKinnon, qui tente actuellement de planifier les prochains grands dossiers sans savoir avec certitude la direction que prendra la campagne.

«Comment on va convaincre les gens de venir chercher une troisième dose s’il y en a une? Ou une dose de rappel s’ils font un vaccin pour combattre un nouveau variant? Il faut qu’on se projette là-dedans», analyse la directrice de la vaccination qui, en date du 6 décembre, avait convaincu 81,5% de sa population de recevoir deux doses, un sommet provincial.

Patricia McKinnon sur...   

LA PRESSION CONSTANTE

«L’intensité est toujours là et tu dois toujours être à ton top. Tu ne peux pas te permettre d’en manquer une parce que l’information passe tellement vite et elle change vite aussi. C’est en continu, sept jours sur sept.»


LE TOUT PREMIER VACCIN AU CANADA, QUI A EU LIEU À QUÉBEC

«Nous dans notre tête, comme les vaccins partent de Montréal, leur CHSLD va recevoir ses vaccins avant nous. Donc quand c’est arrivé, on était prêts, le bonheur est dans la cabane, go, on vaccine. Et là, ma directrice adjointe me tape sur l’épaule et me dit que Montréal n’a pas encore ses doses et qu’on est les premiers au Canada. Je shakais parce que là, tu comprends que c’est gros et que ça va être la folie!»


SA NOTORIÉTÉ NOUVELLEMENT ACQUISE

«Il y a eu un reportage fait à Québec qui a été repris à TF1. J’ai des amis durant le temps des Fêtes qui étaient en France et qui m’ont appelée pour me dire que je passais à TF1 et qu’ils expliquaient comment, au Canada, on faisait la vaccination. Je me disais “Oh my god, ça va loin notre affaire!”»

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