Une aînée est morte après avoir été agressée dans sa chambre, dans un CHSLD
La femme de 83 ans atteinte d'Alzheimer a été violentée par une autre résidente

Héloïse Archambault
Une aînée de 83 ans est décédée après avoir été violemment agressée par une autre résidente dans sa chambre, dans un CHSLD privé de Saint-Jérôme.
«Je suis désemparée, fâchée. Ma mère n’était pas censée partir de même, confie Manon Auger. Je me battais pour qu’elle soit bien.»
Le décès de Josée Desmarais, 83 ans, suscite colère et tristesse chez ses trois enfants. Atteinte d'Alzheimer, leur mère vivait en résidence depuis 2020. Or, elle avait encore des moments de lucidité et une bonne forme physique.

Elle voulait la paix
Mme Desmarais avait été transférée au CHSLD privé Louise-Faubert, à Saint-Jérôme, il y a deux mois, pour obtenir de meilleurs soins. Selon sa fille, elle ne sortait pas de sa chambre.
«Ma mère n’était pas agressive, elle voulait juste avoir la paix», assure Mme Auger, 51 ans.
Le 28 juin dernier, une résidente est entrée dans la chambre de Mme Desmarais vers 7h30. Selon la caméra de surveillance du corridor, cette dernière est ensuite sortie «sûrement pour aller chercher de l’aide», croient ses enfants. Puis elle est retournée dans sa chambre et s’est fait agresser. Personne ne sait exactement ce qui s’est produit, puisqu’il n’y avait pas de caméra dans la chambre.
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C’est un autre résident qui a alerté les employés en voyant la victime au sol, ensanglantée.
«Quelqu’un l’a poussée. Il y avait beaucoup de sang, elle s’est cogné la tête», rapporte Mme Auger, qui devait aller chercher sa mère pour la fin de semaine, ce jour-là.

Hospitalisée, Mme Desmarais a subi une fracture de la hanche, une blessure à la tête et des ecchymoses aux bras. Étant donné sa démence, les médecins n’ont pas recommandé d’opérer sa fracture. La dame âgée a reçu des soins de confort et est décédée le 8 juillet dernier.

Un assaillant errant
Selon la direction du CHSLD, l’assaillante était atteinte de démence et faisait de l’errance intrusive, mais n’était pas agressive.
«Ce n’est pas quelqu’un qui fait ça, assure Paul Arbec, président du Groupe Santé Arbec. On ne sait pas exactement ce qui s’est passé.»
Le CHSLD Louise-Faubert, dont les deux tiers de la clientèle sont atteints de démence, ne possède pas d’unité prothétique (avec portes verrouillées) pour ces patients. Les cas lourds sont généralement envoyés ailleurs.
«Habituellement, ça cohabite assez bien», assure M. Arbec.
Mme Desmarais payait 2100$ par mois pour y vivre.
«Il faut que ce soit dénoncé, que ça ne réarrive pas à une autre famille, dit Mme Auger. Ma mère était bien entourée. Elle n’était pas là parce qu’on voulait avoir la paix. C’est quoi ce système de santé là?»
La famille a déposé une plainte au Centre intégré de santé et de services sociaux des Laurentides et au Bureau du coroner.
Une enquête interne est en cours au CHSLD pour apporter des améliorations nécessaires.
«C’est pris très au sérieux», assure M. Arbec.
D’autres cas similaires
- 2024: Un homme de 81 ans est mort après avoir été battu par un autre résident au CHSLD Saint-Alexandre, à Thetford Mines. Souffrant de démence, il s’était rendu dans la chambre d’un autre patient, qui l’a agressé et blessé au cou et à la tête.
- 2022: Un homme de 84 ans souffrant de démence est décédé après avoir été frappé à la tête par un autre résident dans un CHSLD de Lac-Mégantic.
- 2022: Un homme de 73 ans est mort après une altercation avec un autre résident, dans un CHSLD de Lac-au-Saumon (Bas-Saint-Laurent). Dans sa chute, il s’était fracturé une hanche et la famille avait opté pour des soins palliatifs.
- 2020: Un homme de 86 ans est mort après avoir été roué de coups de poing par son voisin de chambre dément, à la Résidence Floralies Lachine, à Montréal. Il est décédé d’un traumatisme cérébral.
Source: Bureau du coroner
Règlements pour les caméras en CHSLD
- La personne hébergée doit consentir à l’installation si elle en est capable
- La caméra doit respecter la vie privée, comme les images de salle de bain
- La caméra doit servir à prévenir la maltraitance. Il ne faut pas filmer en continu, sauf lorsque la situation le justifie.
- Le coût doit être assumé par la personne hébergée
Source: Protecteur du citoyen