12 scientifiques devenus stars: une affaire de famille pour Dre Caroline Quach-Thanh


Mathieu-Robert Sauvé
C’est un cours de chimie, en quatrième secondaire, qui est à l’origine du déclic scientifique de la Dre Caroline Quach-Thanh.
«Je me souviens même du nom de mon enseignante au Pensionnat du Saint-Nom-de-Marie : Paulette Précourt. La qualité de son enseignement est restée gravée dans ma mémoire», dit, en entrevue au Journal, la pédiatre et microbiologiste-infectiologue rattachée au Centre hospitalier universitaire mère-enfant Sainte-Justine, de Montréal.
Les nouvelles vedettes de la pandémie
Ce qu’elle a aimé dans les sciences pures au secondaire, puis au cégep – la physique lui a donné presque autant de satisfaction que la chimie –, c’est la logique des processus. «Les lois de la nature sont complexes, mais elles sont constantes ; quand on en saisit le sens, on en éprouve beaucoup de satisfaction», dit la spécialiste.
Les choses sont différentes avec la médecine... C’est une science qui s’appuie sur des données probantes, mais c’est également un art, tient-elle à ajouter.
«Il y a quelque chose de sensoriel dans la pratique médicale. On doit écouter et comprendre nos patients, il y a un côté un peu intuitif en médecine, en plus de bien les comprendre sur le plan biologique.» Et que dire de la recherche où sa créativité et son sens de l’entrepreneuriat ont pu s’exprimer pleinement.
Médecine naturellement
Dans la famille Quach-Thanh, l’université n’était pas une option pour les deux filles. Le père, Tung Quach-Thanh, a fait à Polytechnique Montréal des études de doctorat en génie civil, option hydraulique, qui lui ont permis d’obtenir un poste à Hydro-Québec. Quant à la mère, Minh-Minh Quach, elle était pharmacienne. Elle a travaillé au CHU Sainte-Justine jusqu’à sa retraite en 1997.
«Mes parents étaient des personnes très scolarisées, qui sont demeurées attachées à leur Vietnam natal, mais en s’intégrant parfaitement à la société québécoise», commente leur fille.

Comme cette dernière avait de bonnes notes, elle s’est tout naturellement dirigée vers la médecine.
Pourtant, les trois premières années de son cours, à l’Université de Montréal, l’ont déçue. «Nous devions apprendre par cœur des tonnes de notions. J’ai commencé à aimer la médecine à ma quatrième année, où nous étions enfin en contact avec des patients.»
1000 entrevues
La communication est devenue une de ses principales forces, comme les Québécois ont pu le constater durant la pandémie.
Dès les premiers mois de 2020, elle a été plongée dans le tourbillon médiatique qui a entraîné les experts comme elle. Un an et demi plus tard, elle a donné plus d’un millier d’entrevues, trois fois plus que dans toute sa carrière prépandémique.

«Je crois que ce volet fait partie de notre mission de spécialistes de la santé humaine et d’enseignants. Nous sommes au service de la population. J’ai cherché à m’exprimer avec rigueur et transparence après m’être soigneusement renseignée. C’est important de le faire pour éviter que les gens s’abreuvent à la désinformation.»
«Le jour de la marmotte»
Le plus éprouvant pour elle a été le fait de devoir constamment expliquer un retour à des mesures sanitaires, qui évoluaient rapidement avec les avancées scientifiques, auxquelles on croyait avoir mis fin.
«On a l’impression de vivre le jour de la marmotte depuis un an et demi, soupire-t-elle, mais ces mesures sont nécessaires...»