Un veuf croule sous les dettes

Emmanuelle Gril
En quelques mois, Charles a perdu son père, puis sa femme. Le veuf de 66 ans se retrouve seul pour faire face à des dépenses qui le dépassent.
Le sexagénaire louait une maison avec sa conjointe. Maintenant que celle-ci est morte, il doit payer seul un loyer qui excède largement ses capacités financières. Ses revenus de retraite (2050$) ne suffisent pas, et Charles a utilisé ses cartes de crédit pour ses frais de subsistance. Rapidement, il a atteint sa limite de crédit et a dû demander un prêt personnel. Les dettes ont continué à s’amonceler et, mis au pied du mur, il s’est résolu à contracter un prêt rapide à taux très élevés.
C’est le début de la fin: il ne peut plus effectuer les paiements minimums de ses cartes et prêts, ni payer son loyer pour lequel il a cumulé un retard de 4200$. Harcelé par ses créanciers et son propriétaire, avec des dettes totales s’élevant à 17 800$, il a décidé de suivre le conseil d’un proche, qui lui a recommandé de consulter un syndic autorisé en insolvabilité.
Déménager pour soulager son budget
«Avec des paiements minimums de plus de 600$ par mois, Charles n’est clairement plus en mesure de régler ses dépenses courantes. Il a tout essayé pour s’en sortir, mais sans succès», constate Alexandrine Leblanc, conseillère en redressement financier chez Raymond Chabot. Il a même tenté d’obtenir un prêt de consolidation auprès de sa banque, mais à cause de son niveau d’endettement, ce prêt lui a été refusé.
Pour se tirer de ce mauvais pas, il va donc devoir prendre des décisions radicales. Pour commencer, il lui faudra déménager dans un lieu de vie qui correspond à ses moyens. Il a réussi à trouver un petit logement dont le loyer est de 700$, ce qui allégera considérablement sa charge financière, mais aussi son stress.
Proposition de consommateur
Alexandrine Leblanc a proposé deux options à Charles. La faillite lui aurait permis de se libérer de toutes ses dettes en neuf mois, en échange d’un paiement mensuel raisonnable, mais il a préféré l’exclure par fierté.
Il a choisi la proposition de consommateur, qui consiste à suggérer aux créanciers un montant moindre que celui qui est dû et d’effectuer des versements pendant une période pouvant aller jusqu’à 60 mois. L’entente est établie sur la capacité financière du débiteur et la valeur de ses biens (aucun dans le cas de Charles). Les intérêts cessent également de courir dès que l’offre est acceptée.
«Le paiement mensuel est beaucoup moins élevé que les versements minimums qu’il devait effectuer auparavant, c’est donc une solution gagnante pour lui», indique la conseillère en redressement.
Une fois son budget remis sur les rails, il pourra aussi commencer à économiser afin de constituer un fonds d’urgence qu’il utilisera en cas d’imprévu, et cela, sans avoir recours au crédit.
SA SITUATION FINANCIÈRE
Actif:
- Véhicule Toyota: valeur de 3000$
Dettes:
- Cartes de crédit: 3800$
- Prêt personnel: 2300$
- Prêts rapides: 9000$
- Loyers impayés: 4200$
TOTAL DES DETTES: 17 800$
Revenus mensuels:
- RRQ, Sécurité de vieillesse, crédit solidarité et TPS: 2050$
Dépenses mensuelles:
- 1772$ (incluant futur loyer, téléphone, électricité, essence, épicerie, assurance auto, etc.)