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L'article provient de TVA Nouvelles
Justice et faits divers

Un tueur veut une dernière chance

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Michael Nguyen | Journal de Montréal

2021-09-11T00:50:03Z
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Un assassin qui a tué une adolescente de 72 coups de couteau il y a 15 ans veut profiter d’une « dernière chance » afin de demander une libération conditionnelle plus tôt que prévu, malgré l’opposition ferme des proches de la victime.

« Pourquoi Sébastien Simon peut penser sortir après seulement 15 ans, et penser que la société doit passer l’éponge [sur son crime] et le considérer comme une bonne personne ? » se demande Bruno Serre, le père de Brigitte Serre, dans une lettre déposée vendredi au Centre judiciaire Gouin à Montréal.

C’est que Simon, 34 ans, est un dangereux criminel qui s’en était sauvagement pris à une employée d’une station-service de l’arrondissement Saint-Léonard à Montréal en janvier 2006.

La défunte, Brigitte Serre
La défunte, Brigitte Serre Photo d'archives

Avec deux complices, il avait assommé et poignardé 72 fois Brigitte Serre, qui avait 17 ans.

« [Les détails de l’affaire] montrent toute la cruauté, l’atrocité du crime », a déploré le procureur de la Couronne Me Philippe Vallières-Roland.

Arrêté à Edmonton après avoir été reconnu par une agente de bord, l’assassin avait plaidé coupable de meurtre prémédité, écopant de la prison à vie sans possibilité de libération avant 2031.

« Comment une personne peut être aussi barbare et s’acharner sur une jeune fille avec autant de violence ? » a affirmé Bruno Serre.

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Ultime recours 

Mais après 15 ans au pénitencier où il s’est même marié à une ex-agente carcérale, Simon demande maintenant de bénéficier de la « clause de la dernière chance », qui permet de demander à un jury de devancer la date d’admissibilité à une libération conditionnelle. 

Cette clause a depuis été abrogée, mais en raison de la date du crime, Simon y est encore admissible.

« Il y a eu une constance dans son cheminement, son équipe de gestion de cas est derrière lui », a assuré son avocate, Me Sandra Brouillette, pour soutenir sa demande, tout en rappelant l’enfance difficile de l’assassin.

Elle a d’ailleurs assuré que Simon est conscient qu’il ne sortira pas de prison à court terme. Car même s’il obtient l’autorisation de demander une libération conditionnelle plus tôt, il risque de devoir attendre encore quelques années.

Vive opposition 

La Couronne s’oppose toutefois fermement, entre autres en raison du risque de récidive violente encore élevé, et une introspection semblant trop limitée.

D’autant plus que dans les dernières années, Simon a accumulé trois refus des libérations conditionnelles afin d’obtenir des sorties pour visiter sa belle-famille.

« Il n’a jamais bénéficié de sorties avec escorte, comment espérer convaincre un jury qu’il peut sortir avant le temps prescrit par la loi », a lancé Me Philippe Vallières-Roland.

Darlene Ryan et Bruno Serre, la belle-mère et le père de la défunte Brigitte Serre, étaient présents au Centre judiciaire Gouin, afin de s’opposer à la demande de « dernière chance » demandée par l’assassin Sébastien Simon.
Darlene Ryan et Bruno Serre, la belle-mère et le père de la défunte Brigitte Serre, étaient présents au Centre judiciaire Gouin, afin de s’opposer à la demande de « dernière chance » demandée par l’assassin Sébastien Simon. Photo Michaël Nguyen

Les proches de Brigitte Serre, présents à la cour vendredi, sont également catégoriquement contre cette clause. Darlene Ryan, la belle-mère de la victime, a d’ailleurs rappelé que le meurtrier n’a jamais démontré de vrais remords, selon elle.

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« Il a tué Brigitte avec une telle violence, s’il vous plaît, ne lui laissez pas la chance de sortir plus tôt que prévu, a-t-elle imploré. Nous n’avons pas choisi de perdre Brigitte ni de vivre comme victimes à perpétuité. Il a pleinement mérité sa sentence à perpétuité et je veux qu’il la fasse. »

Bombe à retardement 

Bruno Serre a pour sa part qualifié l’assassin de sa fille de « bombe à retardement prêt à exploser à tout moment ».

« Je vous demande de le garder à l’intérieur [d’un pénitencier] pour la sécurité de la famille et aussi pour la société, a-t-il dit. Sommes-nous prêts, comme société à prendre cette chance [de le laisser sortir] ? Moi je ne le suis pas. »

La juge France Charbonneau, qui a exprimé de la sensibilité pour les proches de la victime tout au long de l’audience vendredi, a pris la décision en délibéré. 

Si la demande est refusée, Simon devra attendre 5 ans avant de faire une nouvelle demande, si bien qu’il aura alors purgé 20 ans. 

Si elle accepte, Simon pourra alors demander à un jury d’examiner sa cause et le convaincre qu’il mérite une « dernière chance ». Les proches de Brigitte Serre pourront également s’exprimer.

C’est cependant la Commission des libérations conditionnelles du Canada qui aura le dernier mot. Et quoi qu’il en soit, Simon restera quand même sous le joug des services correctionnels, et ce, jusqu’à sa mort.

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