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L'article provient de TVA Nouvelles
Justice et faits divers

Un tueur et son intervenante veulent se marier

Le triple meurtrier Kaven Sirois Fournier aurait trouvé l’amour à l’Institut de psychiatrie légale Philippe-Pinel

Kaven Sirois Fournier prévoit épouser son intervenante de l’institut Philippe-Pinel, où il était traité. Lui et son complice Cédric Bouchard ont été arrêtés dans les minutes suivant les meurtres.
Kaven Sirois Fournier prévoit épouser son intervenante de l’institut Philippe-Pinel, où il était traité. Lui et son complice Cédric Bouchard ont été arrêtés dans les minutes suivant les meurtres. Photo d’archives
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Kathryne Lamontagne | Bureau d'enquête

2022-12-22T05:00:00Z
2022-12-22T11:42:04Z
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L’un des auteurs d’un triple meurtre survenu à Trois-Rivières entend convoler en justes noces avec celle qui a été son éducatrice durant des années à l’Institut psychiatrique Philippe-Pinel, a appris notre Bureau d’enquête.  

Alors qu’il n’était âgé que de 16 ans, Kaven Sirois Fournier assassinait avec l’aide d’un complice une adolescente de 17 ans de qui il était épris, le petit ami de cette dernière ainsi que sa sœur aînée. 

Kaven Sirois Fournier en interrogatoire avec les policiers après sa tuerie en 2014.
Kaven Sirois Fournier en interrogatoire avec les policiers après sa tuerie en 2014. Photo d’archives

Le drame s’est joué en quelques secondes à peine, le matin du 11 février 2014.  

Kaven Sirois Fournier a été condamné en 2015 à l’emprisonnement à vie, soit une peine pour adulte, ce qui nous permet de l’identifier. 

  • Écoutez le segment judiciaire avec Félix Séguin diffusé chaque jour en direct 8 h 35 via QUB radio :

Mais parce qu’il était mineur au moment des crimes, il sera admissible à une libération conditionnelle après 10 ans, plutôt que 25 ans.

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Les meurtriers avaient prévu de torturer les victimes avec divers objets, dont un marteau, une râpe à fromage, du fil barbelé, du sel et du Tabasco.
Les meurtriers avaient prévu de torturer les victimes avec divers objets, dont un marteau, une râpe à fromage, du fil barbelé, du sel et du Tabasco. Photo fournie par la Cour

À la même unité

Atteint d’un trouble de la personnalité limite, le meurtrier a d’abord été placé à l’Institut de psychiatrie légale Philippe-Pinel, à Montréal, où il devait demeurer jusqu’au 30 septembre 2020.

À l’unité où il séjournait travaillait une éducatrice de près de 10 ans son aînée, qui est devenue sa « personne de référence ».

« Ils se fréquentaient à tous les jours. Lui comme détenu, elle comme intervenante », expose l’une de nos sources. 

Kaven Sirois Fournier et Cédric Bouchard ont fait feu avec des armes de chasse.
Kaven Sirois Fournier et Cédric Bouchard ont fait feu avec des armes de chasse. Photo fournie par la Cour

Selon nos informations, l’intervenante et le patient détenu auraient développé au fil du temps une relation de proximité, qui a dérangé certains collègues. 

« C’était un comportement qui soulevait beaucoup de questions », nous explique une source.

« Tout le monde sait qu’il faut faire attention. Il ne faut pas avoir de contacts de proximité ou physiques avec la clientèle », poursuit une autre. 

Photo fournie par la Cour
Photo fournie par la Cour

La situation est devenue telle que des collègues auraient questionné directement l’intervenante sur son comportement, en plus d’interpeller les gestionnaires en poste.

« Cette proximité mettait en danger l’équipe. Même les patients voyaient la préférence qu’elle avait pour Kaven et ils réagissaient à ça », nous explique un informateur. 

Cédric Bouchard a été interrogé durant neuf heures par les policiers.
Cédric Bouchard a été interrogé durant neuf heures par les policiers. Photo d'archives

L’éducatrice aurait finalement démissionné de son poste à la fin de l’année 2019, après près de 10 années de service.

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En janvier 2020, Kaven Sirois Fournier a, à sa demande et avec l’aval de son psychiatre, devancé son départ de l’institut pour terminer de purger sa peine au pénitencier de Sainte-Anne-des-Plaines.

Le drame avait causé tout un émoi dans le voisinage de la rue Sicard, à Trois-Rivières.
Le drame avait causé tout un émoi dans le voisinage de la rue Sicard, à Trois-Rivières. Photo d'archives
  • Écoutez la rencontre Martineau-Dutrizac avec Richard Martineau au micro de Benoit Dutrizac sur QUB radio : 

Avis de mariage 

Deux ans plus tard, en janvier 2022, un premier avis de mariage concernant Kaven Sirois Fournier et cette intervenante était publié, confirme le ministère de l’Emploi et de la Solidarité sociale (MESS), dont relève le Directeur de l’état civil, à la suite d’une demande d’accès à l’information.

Les noces ne se sont visiblement pas tenues dans le délai légal de trois mois suivant la publication de l’avis puisqu’un second avis de mariage a été diffusé en septembre dernier.

Il nous a été impossible de déterminer si ces deux individus sont aujourd’hui mariés, aucun acte de mariage les concernant n’ayant été répertorié.

– Avec la collaboration de Philippe Langlois


Détenu au pénitencier de Sainte-Anne-des-Plaines, Kaven Sirois Fournier pourra déposer une demande de libération conditionnelle en 2024.

L’Institut Philippe-Pinel au courant

Des membres de la direction et de l’équipe soignante de l’Institut Philippe-Pinel auraient été informés de la relation de proximité entre le patient détenu Kaven Sirois Fournier et son intervenante. 

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Malgré ces préoccupations, l’éducatrice est restée la personne de référence au dossier du meurtrier.

Trois sources avec qui notre Bureau d’enquête s’est entretenu assurent que des employés de l’institut de psychiatrie ont sonné l’alarme face à la situation. 

« Est-ce qu’ils ont pris ça à la légère ? » questionne un de nos informateurs.

L’Institut Philippe-Pinel a refusé de commenter ce cas particulier.

L’établissement précise toutefois qu’aucune relation « amoureuse » entre un membre du personnel soignant et un ou une patiente n’est tolérée.

« Toute relation autre que thérapeutique n’est permise, et ce, étant donné la vulnérabilité de nos patients et la position “d’autorité” qu’occupe le personnel soignant », a déclaré la conseillère-cadre aux communications Pascale Trudeau. 

Prise au sérieux

Si une telle situation devait survenir, « celle-ci serait prise très au sérieux par l’établissement et une enquête serait déclenchée », a-t-elle poursuivi.

Dans le cas de Kaven Sirois Fournier, rien de tout cela ne s’est produit, déplorent nos sources.

« Pour moi, au niveau éthique, c’est grave. Ce n’était pas sain », avance l’une d’entre elles.

Jointe par notre Bureau d’enquête, la future mariée n’a ni nié ni confirmé nos informations sur sa relation avec Kaven Sirois Fournier.

La technicienne en éducation spécialisée, qui travaille maintenant dans un centre de services scolaires, a demandé un temps de réflexion avant de répondre à nos questions.  

La femme, qui réside à Saint-Eustache, nous a rappelés quelques heures plus tard pour déclarer sèchement qu’elle ne « donnait pas son consentement à la divulgation d’éléments de [sa] vie privée », avant de mettre fin à l’entretien.

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Un triple meurtre à glacer le sang

► Le 11 février 2014, Kaven Sirois Fournier, 16 ans, assassinait une adolescente de 17 ans de qui il était amoureux, le petit ami de cette dernière ainsi que sa sœur aînée. Il a agi avec l’aide d’un complice, Cédric Bouchard, 17 ans.

► Ce matin-là, les deux jeunes ont pris l’autobus en direction de la résidence familiale des deux sœurs, à Trois-Rivières. Leurs armes longues étaient cachées dans un étui de guitare.

► Peu avant 8 h, Cédric Bouchard, qui ne connaissait pas les victimes, a sonné à la porte, prétextant devoir utiliser le téléphone pour une urgence. Son complice est ensuite entré dans la maison, avec les armes.

► En voyant les armes, la plus jeune des sœurs et son ami de cœur se sont cachés dans une garde-robe à l’étage et ont appelé le 911. Les visant de son fusil, Cédric Bouchard les a forcés à revenir au salon, où se trouvait la sœur aînée.

► Les trois victimes ont été exécutées d’une balle à la tête. En moins de 30 secondes, Cédric Bouchard a assassiné la sœur aînée et Kaven Sirois Fournier a abattu le couple. La préposée du 911, qui était en ligne avec l’une des victimes, a tout entendu.

► Kaven Sirois Fournier et Cédric Bouchard avaient aussi prévu de torturer et de tuer la mère des deux sœurs, qui était au travail ce matin-là. Ils avaient également projeté de tuer des policiers et de mettre le feu à la résidence.

► Après les meurtres, le duo a cassé la fenêtre d’une salle de bains et a sorti ses armes, dans l’attente des policiers. Le temps filant, ils ont décidé de sortir de la maison. Ils ont alors été arrêtés par les policiers, qui les attendaient en retrait.

► Ce plan machiavélique avait été planifié des mois à l’avance et même divulgué à certains amis des coaccusés sur Facebook. Les adolescents voulaient filmer les événements et les diffuser sur les réseaux sociaux.

► Le duo a plaidé coupable à trois chefs d’accusation de meurtre prémédité et à trois autres de complot pour meurtre. Ils ont tous deux écopé de peines pour adultes, soit l’emprisonnement à vie sans possibilité de libération conditionnelle avant 10 ans.

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