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L'article provient de Le Journal de Montréal
Environnement

Un tracteur pour cueillir les cadavres de fous de Bassan aux Îles de la Madeleine

Adèle Arseneau / AGENCE QMI
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Adèle Arseneau

2022-06-04T10:00:00Z
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Des employés d’une compagnie de nettoyage sillonnent les plages des Îles de la Madeleine aux commandes d’un tracteur, en habit de protection, pelle et fourche à la main pour y récolter des oiseaux morts, principalement des fous de Bassan.

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C’est la triste tâche des employés de Lavages industriels Vigneau, entreprise locale mandatée par le ministère québécois de l’Environnement et de la Lutte aux Changements Climatiques (MELCC), ces jours-ci.

Adèle Arseneau / AGENCE QMI
Adèle Arseneau / AGENCE QMI

Au-delà d’une centaine d’oiseaux, principalement des fous de Bassan, ont été collectés en moins de deux jours de travail.

Une soixantaine de kilomètres éparpillés sur les 17 plages les plus fréquentées seront ainsi nettoyés.

Les différentes autorités ont mis un certain temps à convenir de la marche à suivre pour retirer les oiseaux des plages, si bien que les carcasses se sont accumulées pendant plusieurs jours.

D’où la nécessité d’user d’équipement comme le tracteur pour les retirer.

Adèle Arseneau / AGENCE QMI
Adèle Arseneau / AGENCE QMI

Si elles étaient quelques dizaines de carcasses de fous de Bassan à joncher les plages des Îles de la Madeleine à la mi-mai, elles sont maintenant quelques centaines de spécimens autour de l’archipel. Le ministère en recensait environ 300, seulement deux semaines plus tard. Mais les biologistes et les insulaires sont d’avis qu’il y en a encore plus.

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Premier cas

Il s’agissait des premiers cas de cette grippe aviaire virulente détectés sur des fous de Bassan au Canada, bien que cette souche, sur cette espèce précise, était tout d’abord répertoriée en Irlande.

Adèle Arseneau / AGENCE QMI
Adèle Arseneau / AGENCE QMI

Ce sont des citoyens qui ont premièrement signalé les multiples carcasses d’oiseaux aux autorités, explique la biologiste Ariane Massé.

Cinq spécimens ont été analysés au Centre québécois sur la santé des animaux sauvages, à Saint-Hyacinthe, pour en faire une nécropsie complète. À la suite des tests, génétiques et par écouvillon, tous se sont révélés positifs au virus.

Fragilité

Jean-François Rail, biologiste du Service canadien de la faune, du ministère fédéral de l’Environnement et Changements climatiques, étudie les populations d’oiseaux marins depuis près de 30 ans.

Le fou de Bassan est une espèce qui, depuis une douzaine d’années, semble avoir de la difficulté à trouver sa nourriture, entre autres durant sa nidification, explique-t-il.

L’imposant oiseau, d’envergure de deux mètres avec les ailes déployées, s’alimente de poissons plus gros, comme le hareng et le maquereau, des poissons qui se sont raréfiés dans le golfe du Saint-Laurent. Ils doivent donc parcourir de plus en plus souvent plusieurs kilomètres pour rapporter de la nourriture à leur petit. Ils sont parfois partis durant quatre à cinq jours, ce qui compromet la survie du petit et le succès reproducteur de l’espèce.

Cependant, il n’est pas prêt à dire le lien entre la difficulté à se nourrir et leur fragilité à succomber au virus. Pour l’instant, il a plutôt l’impression que certaines souches de grippes aviaires sont plus virulentes que d’autres.

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