Un taux historique d’indécis qui est préoccupant pour les élections à Montréal

Karine Gagnon
À un mois et demi des élections municipales, près de la moitié des Montréalais ne savent toujours pas pour qui voter. C’est renversant et préoccupant, et pas seulement pour les gens de Montréal.
En l’absence de candidats vedettes, le moins qu’on puisse dire, c’est que la campagne électorale ne déclenche pas les passions dans la plus grande ville du Québec.
En témoigne ce taux d’indécision qualifié d’historique par Sébastien Dallaire, vice-président directeur de l’équipe de l’est du Canada pour la firme de sondage Léger.
C’est tout le contraire à Québec, où la campagne a décollé sur les chapeaux de roues et ce, des semaines avant la date officielle.
On ne peut cependant pas blâmer les Montréalais de ne pas s’occuper de leurs affaires. Le sondage Léger-TVA-Le Journal démontre en effet que les deux tiers des répondants se disent intéressés par les élections municipales à Montréal.
Effet repoussoir
Personne n’a donc réussi à se détacher suffisamment dans le peloton de tête, la meneuse, Soraya Martinez Ferrada, cheffe d’Ensemble Montréal, recueillant à peine 20% des intentions de vote. Son principal adversaire, Luc Rabouin, successeur de Valérie Plante à la tête de Projet Montréal, doit se contenter de 11%.
On dit souvent qu’il est de plus en plus difficile d’attirer des candidats d’envergure en politique. La violence et les réseaux sociaux sont autant de motifs qui font peur et qui empêchent bien des personnalités de se lancer.
Sans prétendre que les candidats actuels dans la course à la mairie de Montréal ne sont pas des candidats de qualité, force est de constater qu’à Montréal, les personnes en lice n’inspirent pas les citoyens.
Est-ce une question de manque de notoriété, de programme, ou de l’ensemble de ces facteurs? L’histoire ne le dit pas, mais c’est préoccupant pour plusieurs raisons.
Poids politique
Les observateurs politiques savent que l’époque où les maires et mairesses se contentaient de gérer les poubelles et le déneigement est depuis longtemps révolue. Les responsabilités qui leur incombent se sont élargies de manière exponentielle.
Ils se retrouvent à être responsables des questions qui concernent le logement, les problèmes d’itinérance, les questions environnementales, les relations internationales et bien d’autres choses encore.
Nos grandes villes ont donc besoin de personnalités fortes et de voix qui portent, qui ont un poids politique important. Ce sont eux qui négocient avec les gouvernements supérieurs, eux qui portent les dossiers qui touchent les gens de près.
En ce sens, notre métropole doit assumer un rôle de leadership sur la scène municipale et nationale, lequel a le pouvoir de rejaillir sur l’ensemble des villes du Québec.
Puis, si un grand nombre d’indécis demeure, ceux-ci risquent aussi de ne pas aller voter, et cela, même s’ils se montrent intéressés. En 2021, le taux de participation avait chuté de manière importante, passant de 44,8% en 2017 à 38,7%.
Le Québec ne peut se passer du poids politique fort de sa métropole. Il reste encore six semaines avant le vote. Il faut espérer que les choses bougent rapidement.