Leurre: un entraîneur de soccer aurait fait au moins 16 victimes mineures à Québec

Dominique Lelièvre
Un entraîneur de soccer, qui aurait notamment travaillé à l’Académie Saint-Louis, a été arrêté en lien avec des infractions de leurre, de production de pornographie juvénile et de voyeurisme à l’égard d’au moins 16 victimes alléguées.
Le Service de police de la Ville de Québec (SPVQ) a procédé à l’arrestation du suspect de 27 ans, originaire de Québec, jeudi. Placé en détention, Félix-Antoine Bédard a comparu en fin d’après-midi par visioconférence pour répondre à un total de 25 chefs d’accusation, la majorité étant de leurre et de transmission de matériel sexuellement explicite à des mineurs.
Sans antécédent criminel, l’homme est également visé par un chef de production de pornographie juvénile et d’exhibitionnisme «devant plusieurs victimes, enfants de moins de 16 ans».
Seize plaignants différents se trouvent pour l’instant au dossier, nés entre 2004 et 2010.
Quant à la période sur laquelle les faits reprochés se sont déroulés, elle va de janvier 2020 pour certains des chefs jusqu’au 23 février 2023.

Autres victimes ?
La couronne s’est opposée à la remise en liberté de l’accusé, qui reviendra en cour le 27 février prochain. Me Michel Bérubé a également indiqué que d’autres victimes potentielles pourraient s’ajouter au compte.
«On a des raisons de penser qu’il puisse y avoir d’autres victimes, donc on invite toute personne à se manifester auprès du Service de police de la ville de Québec», a souligné le procureur, ajoutant toutefois souhaiter que «la vie académique puissent reprendre son cours le plus rapidement et le plus normalement possible».
Enquête rapide
Selon le SPVQ, l’enquête a débuté le 21 février dernier à la suite du signalement d’une victime, ce qui «a rapidement conduit les enquêteurs vers un total de 18 victimes mineures potentielles à rencontrer».
Le service de police précise que «dans ce dossier, le suspect avait des liens professionnels avec au moins un établissement d’enseignement de la région de Québec ainsi qu’avec diverses associations sportives de soccer».
Il aurait utilisé l’application d’un réseau social afin de commettre les infractions présumées de leurre.
«L’enquête est toujours en cours, donc ce n’est pas impossible qu’il y aille des victimes qui se rajoutent», a souligné le porte-parole su SPVQ, David Poitras. «Toute dénonciation sera écoutée de notre côté.»
Intervention policière
Selon nos informations, le prévenu aurait été entraîneur de soccer et s’impliquait à l’Académie Saint-Louis.
Dans un courriel transmis mercredi obtenu par Le Journal, l’école a informé les parents qu’une «situation particulière a nécessité la présence de plusieurs policiers» durant la journée au pavillon secondaire.
«Des élèves ont été questionnés à la suite d’informations transmises concernant du leurre», est-il écrit. La communication précise que le tout est pris en charge par le SPVQ et qu’une équipe psychosociale est à la disposition des élèves.
Bédard, qui possède un baccalauréat en intervention sportive, était aussi impliqué comme entraîneur à l’école primaire Le Boisé. La fiche l’identifie aussi comme directeur technique adjoint à l’Association de soccer des Premières-Seigneuries. Il était donc impliqué autant dans le domaine scolaire que civil.
«Inacceptable»
Joint par Le Journal, le directeur général de l’Association régionale de soccer de Québec (ARSQ), Philippe Bernard a mentionné que ce n’était pas une belle journée pour le sport.
«Les mesures de contrôle que nous avons fonctionnent jusqu’à un certain point. On exige une filtration des antécédents judiciaires tous les trois ans et la personne a été filtrée en 2022», a-t-il précisé.
L’accusé a est suspendu de manière préventive de l’ensemble du réseau de Soccer Québec.
«Nous sommes profondément choqués par ces allégations, a déclaré d’emblée le directeur général par intérim de Soccer Québec Olivier Plante. En tant que parents nous-mêmes et gestionnaires dans une organisation sportive, ce sont des situations qui nous révoltent au plus haut point. Nos pensées vont à toutes les présumées victimes et à leurs familles. Quel que soit le sport, ce ne sont pas des choses qu’on souhaite voir dans notre milieu sportif au Québec.»
Mobilisation
L’Unité exploitation sexuelle des mineurs (ESM) a travaillé en collaboration avec l’Unité intervention jeunesse et prévention et les enquêteurs du Module des crimes majeurs pour faire la lumière sur l’affaire.
«Cette mobilisation efficace des ressources témoigne de toute l’importance que le SPVQ accorde aux signalements en matière d’exploitation sexuelle des mineurs afin de sécuriser et de protéger les victimes», affirme le SPVQ.
«Nous rappelons à toute présumée victime qu’il est important de porter plainte en communiquant avec nous, que les événements soient contemporains ou non. Nous nous engageons à supporter toute dénonciation de leurre, comme dans tous les dossiers que nous menons», insiste la police dans son communiqué.
– Avec la collaboration de Pierre-Paul Biron et Jean-Françoois Racine.
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