«Le plongeur»: un succès littéraire d’ici porté à l’écran par le cinéaste Francis Leclerc
Très attendu, le film sort en salle cette semaine


Maxime Demers
Après avoir mis en image l’univers fantaisiste de Fred Pellerin dans L’arracheuse de temps, le cinéaste Francis Leclerc change de registre pour porter à l’écran Le plongeur, roman à succès de l’auteur Stéphane Larue qui a captivé des milliers de lecteurs lors de sa sortie, en 2016. Le film ouvre la 41e édition des Rendez-vous Québec Cinéma, mercredi soir.
Quiconque a déjà lu Le plongeur a été marqué par le style cru et tranchant de son auteur, Stéphane Larue. Récit initiatique campé dans le Montréal nocturne du début des années 2000, le roman raconte l’histoire d’un étudiant en graphisme – campé dans le film par l’acteur Henri Picard – qui, pour rembourser ses dettes de jeu, accepte un boulot dans un restaurant branché de Montréal, à l’approche du temps des Fêtes.

Comme plusieurs, Francis Leclerc est tombé sous le charme de cette brique de 569 pages, peu de temps après sa parution, en 2016.
«C’est ma blonde qui l’a lu et qui m’a dit : ‘‘lis-le vite, je pense que tu vas capoter et je pense qu’il y a un film à faire avec ça’’, confie le cinéaste, en entrevue au Journal. Je l’ai lu en 48 heures et ç’a été un gros coup de cœur.»
Francis Leclerc n’était toutefois pas le seul cinéaste à avoir craqué pour Le plongeur. Dans les mois qui ont suivi la sortie du livre, plusieurs producteurs ont approché Stéphane Larue et son éditeur (Le Quartanier) pour tenter d’en acquérir les droits. Leclerc a réussi à convaincre l’auteur en lui écrivant une lettre de deux pages dans laquelle il a expliqué comment il voyait son œuvre.
«Il a capoté sur ce que j’avais envie de faire avec son roman, relate le cinéaste qui a coscénarisé l’adaptation du livre avec Eric K. Boulianne (Viking, Avant qu’on explose).
«Ce qui est le fun, c’est que Stéphane nous a laissés adapter son livre comme on le voulait. Il est lui-même cinéphile, alors il voulait qu’on crée une autre œuvre et qu’on fasse notre Plongeur à nous.»
À la Scorsese
La réalisation du Plongeur a permis à Francis Leclerc de s’éloigner de la facture classique de certains de ses films précédents comme Pieds nus dans l’aube (une adaptation du roman de son célèbre père, Félix Leclerc) et L’arracheuse de temps, inspiré des contes de Fred Pellerin. L’univers des cuisines sales et des bars enfumés de Montréal lui offrait la possibilité d’explorer un autre type de facture visuelle.
«Je voulais avoir une esthétique des années 1970, explique-t-il. J’ai dit à Steve Asselin, mon directeur photo : pense à n’importe quel film avec Al Pacino dans les années 1970. C’est un cinéma qui me parle tellement encore aujourd’hui. Quand je vois tous les jeunes triper sur la série Euphoria, je leur dis : “Regardez Taxi Driver de Martin Scorsese. Ce sont les mêmes mouvements de caméra”.»
Le tournage du Plongeur a aussi permis à Francis Leclerc de se replonger dans sa propre jeunesse, à l’époque où il débarquait à Montréal pour travailler comme réalisateur de vidéoclips, à la fin des années 1990.
«L’appartement où l’on voit Henri Picard et Jade Charbonneau dans le film, c’était mon appart quand je me suis installé à Montréal la première fois, lance en riant le cinéaste. Rien n’a changé dans l’appartement. Il y a juste les colocs qui ont changé. J’ai beaucoup aimé revisiter le Montréal nocturne de cette époque-là. Il y avait quelque chose de nostalgique pour moi dans cette démarche.»
CINQ AUTRES FILMS QUÉBÉCOIS ATTENDUS EN 2023
- La cordonnière, de François Bouvier (17 mars)
- Cœur de slush, de Mariloup Wolfe (16 juin)
- Le temps d’un été, de Louise Archambault (2 août)
- Ru, de Charles-Olivier Michaud (22 septembre)
- Testament de Denys Arcand (date à déterminer)
Le plongeur prend l’affiche partout au Québec vendredi.