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L'article provient de Le Journal de Montréal
Société

Cet ébéniste montréalais a créé un leurre à dindon sauvage digne d'une oeuvre d'art et ça marche

Vendredi s’ouvrait au Québec la saison de la chasse aux dindons pour quelque 30 000 détenteurs de permis

Marco Landry me montre ses créations en pleine nature.
Marco Landry me montre ses créations en pleine nature. Louis-Philippe Messier
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Photo portrait de Louis-Philippe  Messier

Louis-Philippe Messier

2025-04-25T23:00:00Z
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À Montréal, le journaliste Louis-Philippe Messier se déplace surtout à la course, son bureau dans son sac à dos, à l’affût de sujets et de gens fascinants. Il parle à tout le monde et s’intéresse à tous les milieux dans cette chronique urbaine.


Un ébéniste montréalais se consacre par passion à créer le meilleur instrument de bois possible pour glapir et glousser comme une irrésistible dinde en chaleur, afin d’attirer les dindons amoureux.

Lorsque je monte avec Marco Landry dans sa voiture, je crois qu’il va faire jouer de la musique. Mais sa radio fait plutôt entendre... des bruits de dindons.

D’autres apprennent l’espagnol ou l’allemand. Lui étudie le «dindonien» (dont le vocabulaire comporte quelque 29 sortes de bruits, selon des scientifiques).

«J’utilise mes trajets en auto pour me perfectionner, j’écoute les cris et je les imite», m’explique celui qui se définit comme un «artisan-chasseur».

«La première fois que tu appelles un dindon et qu’il te répond, que tu lui parles et qu’il te cherche, c’est une montée d’adrénaline: tu deviens accroc!» s’exclame-t-il.

Blonde patiente

Chasseur dans l’âme, M. Landry se serait déjà sauvé de Montréal si ce n’était de son emploi.

«J’aime tellement mon travail de technicien au laboratoire de l’École de design de l’UQAM que je ne peux pas le quitter», soupire-t-il.

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Si le chant de l’oiseau est flûté et mélodieux, celui du dindon ressemble au crissement de la craie sur un tableau.

«J’ai mis la patience de ma blonde à rude épreuve en testant plus d’une centaine de prototypes d’appeaux (instruments qui imitent le cri d'un animal) pendant plusieurs mois avant [de parvenir à un] modèle satisfaisant», raconte celui qui œuvre dans un petit atelier du quartier Rosemont. 

Un des boîtes de prototypes imparfaits, rejetés par l'ébéniste.
Un des boîtes de prototypes imparfaits, rejetés par l'ébéniste. Louis-Philippe Messier
Magnifiques objets

Vendus en ligne sous le nom «Turkey Love Call», avec le slogan «L’amour, des fois, ça fait mal», ses appeaux sont de magnifiques objets et de véritables instruments de musique, même si c’est pour imiter la dinde.

Les appeaux de Marco Landry sont de beaux objets artisanaux.
Les appeaux de Marco Landry sont de beaux objets artisanaux. Louis-Philippe Messier

Une plaque coulissante en amarante pivote et frotte en crissant ou en couinant sur le rebord de la caisse de résonance en érable, sculptée dans un seul morceau de bois.

La plaque est savamment recourbée à l’intérieur et ornée à l’extérieur.

M. Landry les vend 172$. Comme il lui faut en moyenne quatre heures de travail par appeau, et qu’il doit se procurer les matériaux, cet à-côté est loin d’être payant.

Retenu à Montréal par son emploi à l'UQAM qu'il aime trop pour le quitter, Marco Landry fabrique ses appeaux haut de gamme dans un petit atelier de Rosemont.
Retenu à Montréal par son emploi à l'UQAM qu'il aime trop pour le quitter, Marco Landry fabrique ses appeaux haut de gamme dans un petit atelier de Rosemont. Louis-Philippe Messier

S’il en vend 100 cette année, il sera content.

«J’étais stupéfait en découvrant son travail il y a quelques mois», s’enthousiasme Steve Tardif, figure de proue de la chasse au dindon au Québec.

«Nous avons veillé très tard ensemble à jouer des appeaux et, depuis, lorsque je vais chasser avec des sommités aux États-Unis, je leur offre un appeau-boîte de Marco... et ils l’adoptent!» se réjouit M. Tardif.

Marco Landry appelle le dindon au Parc nature de la Pointe-aux-Prairies. En arrière-plan, son ami et mentor en chasse, Steve Tardif, alias le Turkeynator.
Marco Landry appelle le dindon au Parc nature de la Pointe-aux-Prairies. En arrière-plan, son ami et mentor en chasse, Steve Tardif, alias le Turkeynator. Louis-Philippe Messier

Au premier jour de la chasse, vendredi matin, MM. Landry et Tardif atteignaient chacun leur quota de deux dindons tués... plus un autre pour M. Tardif qui, pour ce tour du chapeau, est allé en abattre un troisième en Ontario.

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