Un spécimen bloque les listes des recruteurs de la LNH

Retenez ce nom, Roger McQueen. Ce n’est pas le nouveau protagoniste de la série Cars de Disney. Plutôt, un spécimen de la Ligue de l’Ouest (WHL) qui rend incomplète toute liste des équipes de la Ligue nationale de hockey (LNH) en prévision du repêchage de 2025.

C’est souvent avec l’écume à la bouche que les recruteurs épient McQueen. Il mesure 6 pi 6 po, il bouge comme une plume, il a un tir dévastateur... mais il n’a joué que huit matchs jusqu’ici durant son année charnière de repêchage en raison d’une blessure au haut du corps qui le garde à l’écart depuis le 11 octobre. Ce qui n’a pas empêché la Centrale de recrutement de lui attribuer le cinquième rang de son classement de mi-saison.

«Quand il va devenir un homme, sky is the limit», a illustré au téléphone Marty Murray, entraîneur-chef de McQueen et directeur général de Wheat Kings de Brandon dans la WHL. McQueen a montré un aperçu de ce potentiel immense il y a trois mois avec une soirée de six points, dont quatre buts, lors du match d'ouverture à Brandon. 

Un recruteur qui s’est confié en coulisses à l’expert Cam Robinson le voit même dans la course pour le tout premier choix s’il parvient à revenir et garder la forme.

«On ne sait jamais, tu sais, a réagi Murray à cette déclaration. Ça prend juste une équipe au premier rang qui cherche un joueur de ce genre. Il a les aptitudes pour être dans ces conversations. Les joueurs de 6 pi 6 po avec des habiletés dignes de l’élite, ils ne poussent pas dans les arbres.»

Mais c’est facile pour la Centrale de classer McQueen cinquième ou pour un recruteur de faire cette déclaration. Pour une équipe de la LNH, le repêcher cinquième, voire premier, est une autre histoire. Avec un nombre aussi limité de visionnements, voilà un véritable acte de foi.

Dans pareilles circonstances, Murray jouit d’une popularité accrue cette année. Il dit avoir reçu des appels des 32 formations du circuit au sujet de son pur-sang.

«Les gens prennent des nouvelles et ils se sentent mal, a confié l’homme de hockey. Ils ne devraient pas. Je comprends qu’ils doivent faire leurs devoirs. Moi, j’ai juste hâte que Roger revienne. C’est crève-cœur pour lui d’être sur la touche lors d’une année aussi importante.»

Inquiétude

Dans l’entourage des Wheat Kings, on vit d’espoir. La blessure qui afflige McQueen garde tout le monde sur le qui-vive.

La saison dernière, le jeune homme avait raté une quinzaine de matchs en raison d’une protrusion discale. Il s’était ensuite fait un point d’honneur de renforcer son dos et de gagner en souplesse au cours de l’été, afin de prévenir d’autres ennuis du genre.

Confidentialité médicale oblige, Murray n’a pu confirmer que McQueen était à nouveau incommodé par une blessure au dos, mais il a fait allusion à un «problème qui l’embête depuis un certain temps».

D’ici un retour au jeu, les journées sont interminables pour McQueen. L’activité physique soutenue est strictement proscrite. Essentiellement, on le somme de ne rien faire.

«Il passera un test d’imagerie à résonance médicale à la fin du mois pour être réévalué, quelque part entre le 25 et le 30 janvier, a révélé Murray. On espère obtenir des réponses. Dernièrement, Roger se sent mieux qu’il ne s’est jamais senti depuis un bail. C’est encourageant parce que pendant longtemps, on n’observait aucun progrès considérable.

«On est emballés par cette nouvelle. On croise les doigts pour avoir un bon résultat à la fin du mois.»

Si les résultats sont porteurs de bonnes nouvelles, McQueen pourrait revoir de l’action au milieu du mois de février dans le scénario le plus optimiste. La réalité, c’est qu’il aura bien peu de temps pour retrouver ses repères et en mettre plein la vue aux recruteurs.

«Ce qui est frustrant pour lui, c’est qu’il se sent beaucoup mieux et il voudrait probablement redémarrer la machine en ce moment, mais il faut qu’il guérisse à 100%, a expliqué le DG des Wheat Kings. Ça va prendre un peu de temps. Avant qu’on le réintègre dans la formation, il devra retrouver sa force et sa forme de match. Tu veux qu’il revienne en pleine confiance et qu’il n’y ait aucun doute dans son esprit sur la patinoire.»

Tage Thompson et Mats Sundin

Il risque d’être extrêmement difficile d’évaluer McQueen. Il faut d'abord qu'un recruteur mette sa crédibilité en jeu. Puis, qu’un DG soit prêt à jouer au poker et à prendre le genre de décision difficile qui justifie son salaire.

Une équipe comme le Canadien, par exemple, a déjà beaucoup d’espoirs dans son bassin et elle pourrait se permettre d’investir dans un projet comme McQueen. Si ce dernier glisse dans les classements, le jeu pourrait en valoir la chandelle.

L’échantillon est mince cette saison, mais on repêche un joueur en fonction de ce qu’il pourrait devenir. Ce que pourrait devenir McQueen, c’est Tage Thompson.

«C’est difficile de ne pas le comparer à lui, a justifié Murray. Présentement, il est léger pour sa grandeur à 190 lb, mais on présume qu’il va jouer à 215 ou 220 lb. On parle de deux attaquants droitiers massifs qui peuvent marquer des buts. [Thompson], c’est un nom que l’on entend souvent depuis que McQueen s’est joint à notre programme.»

On peut aussi penser à Mats Sundin, que Murray, ex-attaquant, a affronté au cours de sa carrière de 261 matchs dans la LNH.

«Je ne suis pas en train de déclarer que McQueen s’en va au Temple de la renommée, a-t-il tempéré, mais quand Roger aura atteint sa maturité physique, il pourrait lui ressembler sur une patinoire.»

N’empêche, on aurait beau comparer McQueen à Eric Lindros, une équipe qui s’aventurera à le repêcher voudra saisir les implications du problème qui l’affecte de façon chronique à un si jeune âge.

Le cas de McQueen est celui d’une jeune girafe trahie par une fulgurante poussée de croissance. Et c’est le deuxième de ce genre en deux ans chez un espoir de très haut calibre.

Cet enjeu, on le passera au microscope dans le prochain dossier à paraître.