Un souper symbolique


José Théodore
Le souper des recrues du Canadien ne pouvait tomber à un meilleur moment et ce fut certainement une belle soirée à Vancouver. Pour moi, c’est un peu le symbole de la passation des pouvoirs à la nouvelle génération.
En raison de la COVID-19, ça fait plus de deux ans que tout le monde anticipe cette traditionnelle soirée qui se termine par une belle facture pour les espoirs. Compte tenu des récents succès de l’équipe, j’imagine que ce fut très agréable.
J’avais le sourire fendu jusqu’aux oreilles en regardant la photo des sept recrues habillées en hommes-grenouilles. C’est du nouveau, ça, et pourtant, j’en ai vu de toutes les couleurs dans ma carrière de 15 saisons dans la Ligue nationale.
Ce souper est toujours un moment précieux : l’une des premières choses que font les vétérans lors du dévoilement du calendrier est de regarder les dates et l’endroit où pourrait se tenir le rituel annuel. Difficile de demander mieux qu’un espace de trois jours dans une belle ville comme Vancouver quand l’équipe est sur une bonne lancée !
Je ne sais pas à combien s’est élevée l’addition, mais les vétérans ont dû se payer la traite aux dépens des sept « nouveaux », Cayden Primeau, Jake Evans, Kale Clague, Cole Caufield, Corey Shueneman, Michael Pezzetta et Alexander Romanov.
À mon année d’initiation, le souper s’était passé à Phoenix et ça m’avait coûté 4500 $. Nous étions quatre recrues et j’avais eu la bonne idée de faire augmenter le montant maximum de ma carte de crédit avant le départ. J’ai dit aux trois autres jeunes que je paierais avec ma carte et qu’ils n’avaient qu’à me faire un chèque pour me rembourser.
Si je me souviens bien, c’était Éric Houde, Arron Asham et Alain Nasreddine. J’ai amassé tellement de points de récompense ce soir-là que ça m’a payé un voyage en classe affaires.
Les vétérans ne se gênent pas habituellement, sauf dans le cas d’un jeune qui n’est là que pour quelques matchs. Tu ne veux pas qu’un gars étiqueté « Ligue américaine » se retrouve avec une facture de 5000 $.
Un bon cognac Louis XIII
Habituellement, les vétérans déterminent une limite, mais ça n’a pas empêché Turner Stevenson de commander du cognac Louis XIII à 4000 $ la bouteille. La bouteille en cristal à elle seule vaut près de 600 $ et Stevenson voulait en rapporter au moins une chez lui.
Ça demeure une soirée fort agréable qui a le don de rapprocher les jeunes des vétérans. Après ça, tu as vraiment l’impression de faire partie de l’équipe.
Des gars comme Caufield, Romanov et Evans doivent se sentir plus intégrés aujourd’hui. Ça doit être un peu différent pour les Primeau, Pezzetta et Shueneman, qui ne sont pas encore des joueurs à temps plein.
Changement de leadership
Tout ça pour dire qu’on assiste à des changements profonds chez le Canadien et qu’on en saura plus long d’ici le 22 mars, mais il est clair que Suzuki et Caufield, en particulier, font partie de la nouvelle identité du CH ; je ne serais pas surpris que Suzuki devienne le prochain capitaine.
Le lendemain de veille est toujours difficile cependant et les entraîneurs s’appliquent davantage à faire sortir le « méchant » lors de l’entraînement qu’à concocter de nouvelles stratégies de sorties de zone. Les gars devraient être prêts pour les Canucks.
Il n’y a pas eu de pandémie dans mon temps, mais c’est arrivé une fois que l’entraîneur (Michel Therrien, je crois) a demandé d’annuler le souper des recrues. Nous étions en pleine course aux séries éliminatoires et nous avions tenu l’événement après la saison.
-Propos recueillis par Gilles Moffet
Entrefilets
Dommage pour Hammond
Quelle saison difficile pour les gardiens du Canadien ! Tout roulait bien pour Andrew Hammond, trois victoires en trois matchs, et voilà qu’il tombe au combat. Espérons que son absence ne sera pas trop longue. Voilà un autre défi pour Samuel Montembeault. Il a démontré de belles choses, mais il lui reste à ajouter de la constance dans son jeu. Quant à Cayden Primeau, il aura peut-être une autre chance de jouer, mais le plan de le faire jouer souvent dans la Ligue américaine est encore compromis.
L’étiquette « par intérim » va tomber
Le Canadien a déjà amassé trois victoires en quatre matchs dans son voyage, en plus d’avoir comblé un retard de quatre buts à Winnipeg dans une défaite de 8-4. Il s’agit d’une équipe complètement métamorphosée, et je suis vraiment impressionné par le travail de Martin St-Louis. Son titre d’entraîneur par intérim sera assurément remplacé par une permanence. Je pense qu’on a un nouvel entraîneur québécois qui aura une longue carrière dans la LNH. Relancer une équipe, c’est une chose. Relancer des vétérans, c’en est une autre, mais relancer une recrue comme Cole Caufield du jour au lendemain, c’est incroyable. Malheureusement, ça fait moins bien paraître Dominique Ducharme, mais je crois toujours qu’il est un bon entraîneur. Il a été victime des circonstances exceptionnelles.
Problèmes devant le filet
Je ne serais pas rassuré si j’étais un partisan des Maple Leafs de Toronto. Auston Matthews a beau marquer des buts à la tonne, les Leafs n’iront nulle part en séries si Jack Campbell ne retrouve pas ses moyens devant le filet. Ça va de mal en pis pour lui. Il a accordé 20 buts à ses quatre dernières sorties et ses propos ne sont pas rassurants non plus. Mike Smith en arrache à Edmonton, mais au moins Mikko Koskinen tient le coup depuis quelque temps. Ce sera la catastrophe si les Oilers ratent les séries. Difficile à croire que c’est la troisième saison avec un duo Smith-Koskinen.