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L'article provient de Le Journal de Montréal
Affaires

Un siècle plus tard, des maisons en kit Sears font toujours partie du patrimoine bâti du Québec

Photo Stevens LeBlanc
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Photo portrait de Félix  Desjardins

Félix Desjardins

2025-11-01T13:00:00Z
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Bien avant les maisons modulaires et préfabriquées comme on les connaît aujourd’hui, des compagnies comme Sears offraient la livraison d’habitations en kit... et certaines d’entre elles font encore partie du paysage au Québec! 

À la fin du XIXe et au début du XXe siècle, les transformations démographiques causées par l’industrialisation posent un dilemme aux compagnies en Amérique du Nord. Comment offrir un logement le plus rapidement possible à leurs employés, souvent dépêchés en zone peu développée?

Lucie K. Morisset est titulaire de la Chaire de recherche du Canada en patrimoine urbain. Crédit: Courtoisie Lucie K. Morisset
Lucie K. Morisset est titulaire de la Chaire de recherche du Canada en patrimoine urbain. Crédit: Courtoisie Lucie K. Morisset Courtoisie Lucie K. Morisset

«C’est dans cette quête de logement que se diffuse l’idée d’une petite maison unifamiliale, construite en bois le plus rapidement possible et à moindre coût», explique Lucie K. Morisset, titulaire de la Chaire de recherche du Canada en patrimoine urbain.

Faciles à installer

Les maisons en charpente de bois en kit, d’abord offertes par la compagnie américaine The Aladdin Company, puis par Sears et Eaton, notamment, «reposent sur une tradition anglo-saxonne bien enracinée aux États-Unis et en Angleterre». Contrairement aux maisons françaises, construites en pierre, elles ne requièrent pas de main-d’œuvre spécialisée.

«Il est beaucoup plus facile de construire en bois et c’est beaucoup plus rapide, enchaîne la professeure. C’était parfait pour un pays neuf comme le Canada.»

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Malheureusement, les archives de Sears «ont presque disparu» depuis la fermeture de la compagnie en 2018, ce qui complexifie drôlement le dénombrement de maisons construites au Québec.

On en trouvait surtout dans les périphéries immédiates des villes et dans les villages non loin d’un chemin de fer, ajoute néanmoins Mme Morisset.

«Un kit Sears, au début du XXe siècle, avant la guerre, pèse autour de 25 tonnes... on ne peut pas porter ça sur ses épaules!», plaisante-t-elle.

«Relativement chères»
Maisons en kit Sears, construites dans les années 1920 ou 1930 au Québec à Beauceville, mercredi le 1er octobre 2025. STEVENS LEBLANC/JOURNAL DE QUEBEC/AGENCE QMI)
Maisons en kit Sears, construites dans les années 1920 ou 1930 au Québec à Beauceville, mercredi le 1er octobre 2025. STEVENS LEBLANC/JOURNAL DE QUEBEC/AGENCE QMI) Photo Stevens LeBlanc

La Québécoise Kathleen Groleau a fait l’acquisition, il y a cinq ans, d’une maison construite à partir d’un kit Sears à Beauceville. Bien que l’intérieur de la maison ait été complètement rénové, la structure d’époque est toujours présente et solide. Le modèle, nommé The Castleton, issu d’un catalogue des années 1920, était offert pour 1989$.

Maisons en kit Sears, construites dans les années 1920 ou 1930 au Québec à Beauceville, mercredi le 1er octobre 2025. STEVENS LEBLANC/JOURNAL DE QUEBEC/AGENCE QMI)
Maisons en kit Sears, construites dans les années 1920 ou 1930 au Québec à Beauceville, mercredi le 1er octobre 2025. STEVENS LEBLANC/JOURNAL DE QUEBEC/AGENCE QMI) Photo Stevens LeBlanc

Maisons à kit Sears, construites dans les années 1920 ou 1930 au Québec à Beauceville, mercredi le 1er octobre 2025. STEVENS LEBLANC/JOURNAL DE QUEBEC/AGENCE QMI)
Maisons à kit Sears, construites dans les années 1920 ou 1930 au Québec à Beauceville, mercredi le 1er octobre 2025. STEVENS LEBLANC/JOURNAL DE QUEBEC/AGENCE QMI) Photo Stevens LeBlanc

Maisons à kit Sears, construites dans les années 1920 ou 1930 au Québec à Beauceville, mercredi le 1er octobre 2025. STEVENS LEBLANC/JOURNAL DE QUEBEC/AGENCE QMI)
Maisons à kit Sears, construites dans les années 1920 ou 1930 au Québec à Beauceville, mercredi le 1er octobre 2025. STEVENS LEBLANC/JOURNAL DE QUEBEC/AGENCE QMI) Photo Stevens LeBlanc

Même en dollars d’aujourd’hui, ce montant peut sembler bas. Toutefois, nuance Mme Morisset, en comparant le prix aux salaires de l’époque, on réalise rapidement qu’elles n’étaient pas une aubaine.

Modèle The Castleton du catalogue de maisons en kit Sears. Crédit: Courtoisie Kathleen Groleau
Modèle The Castleton du catalogue de maisons en kit Sears. Crédit: Courtoisie Kathleen Groleau Courtoisie Kathleen Groleau

«Les maisons Sears pouvaient coûter jusqu’à 50% du revenu du ménage, ce qui était relativement cher. Ce qui est cher aujourd’hui, c’est le terrain et la main-d’œuvre. Une maison préfabriquée Bonneville, par exemple, ne coûte pas vraiment plus cher par rapport au salaire qu’une maison Sears de l’époque.»

Héritage

La popularité des maisons en kit Sears, Aladdin et Eaton s’est estompée durant la Deuxième Guerre mondiale tandis que l’initiative du gouvernement fédéral, Wartime Housing Limited, a pris du galon.

Force est de constater, toutefois, que l’héritage de ces compagnies est encore palpable aujourd’hui; les maisons préfabriquées sont au cœur du plan dressé par le Parti libéral de Mark Carney pour contrer la crise du logement.

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