Ce sexagénaire s’est fait retirer une tumeur au cerveau grosse comme une orange qui menaçait de lui faire perdre la parole
Une erreur d’à peine un millimètre lors de l’opération risquée aurait pu le paralyser


Hugo Duchaine
Un sexagénaire s’est fait retirer une tumeur au cerveau, grosse comme une orange, lors d’une opération à haut risque où la moindre erreur aurait pu lui faire perdre la parole et la mémoire.
«C’est fini, doc?» a demandé Daniel Major à son réveil, après 12 heures sur la table d’opération le 13 juin dernier, au plus grand soulagement de son médecin et de ses proches.
Il venait de se faire retirer une tumeur de la taille d’une orange, qui compressait tout le côté gauche de son cerveau. Elle grossissait rapidement, écrasant des régions névralgiques pour le langage, la mémoire et tous ses mouvements du côté droit.
La chirurgie était d'une rare complexité. «Si tu manques ton coup d’un millimètre, tu paralyses ton patient ou il perd la parole», se répétait le Dr Charles Couturier, lors de l’opération au Neuro, l’institut-Hôpital neurologique de Montréal.
Comme un zombie
Mais le retrait de la tumeur était la seule chance de survie pour le transporteur de matériaux de construction de 61 ans. Quelques mois avant l’opération, sa conjointe, Micheline Didonato, avait l’impression qu’il se transformait en zombie.
M. Major était confus, il tremblait, il avait de la difficulté à parler, mais surtout, il avait perdu toute émotion. «Plus rien ne le dérangeait», se souvient celle qui ne le reconnaissait plus.

Fini le conjoint qui joue à quatre pattes avec ses petits-enfants, fini les blagues à la minute et il s’endormait partout, même au volant, ce qui l’a obligé à arrêter de travailler.
Habitué au scalpel
Un examen médical a rapidement confirmé la présence d’une importante tumeur maligne. Un autre cancer pour Donald Major, qui se faisait déjà soigner pour l’œsophage.
Sa chirurgie au cerveau était de loin la plus risquée, mais pas la première de l’homme de Pierrefonds, à Montréal.
«C’était ma 15e opération. Je me suis passé une tondeuse sur le pied, j’ai un genou en titane, je me suis fait opérer à la colonne, au bras droit, au bras gauche», énumère-t-il avec humour.
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Sorti après trois jours
À l’aide d’un appareil médical semblable à un GPS, le neurochirurgien a délicatement découpé la tumeur et a réussi à la retirer complètement.

À son réveil, il parlait sans problème et il avait aussi retrouvé son sens de l’humour, se rappelle Micheline Didonato, pour qui un stress immense venait de tomber. «Il parle, il me reconnaît, là j’étais contente [...] car il y avait zéro garantie avant la chirurgie», admet-elle.
Le lendemain, Daniel Major marchait déjà et il a quitté l’hôpital après seulement trois jours.
Il commence désormais des traitements de radiothérapie pour éliminer les dernières cellules cancéreuses de son cerveau et il retrouve peu à peu une vie normale, gardant peu de souvenirs des mois où la tumeur embrouillait tout.
Le neurochirurgien tenait à revenir au Québec pour pratiquer la médecine
Après plusieurs années aux États-Unis, le neurochirurgien Charles Couturier a choisi de rentrer au Québec pour pratiquer la médecine à la fine pointe de la technologie.
«J’ai toujours voulu revenir ici, parce qu’on a le savoir-faire pour de grandes choses», lance le médecin et chercheur au Neuro, du Centre universitaire de santé McGill (CUSM), à Montréal.

Son discours tranche avec celui des médecins parlant de quitter le Québec en raison des tensions avec le gouvernement, qui souhaite notamment leur imposer des indicateurs de performance.
Le Dr Couturier explique avoir passé quatre ans à Boston, aux États-Unis, pour travailler comme neurochirurgien et y faire un postdoctorat. Malgré une offre pour y rester, il souhaitait travailler avec des patients francophones et au sein d’un système public, dit-il.
«Le Neuro, c’est une sommité. Même à Boston, ils en parlent», ajoute-t-il, à propos de la réputation des soins de l’établissement montréalais.
Impossible ailleurs
Le médecin précise que la chirurgie complexe qu’il a faite auprès de Donald Major n’aurait «pas été possible ailleurs qu’au Neuro».
Il vante le travail de toute l’équipe qui a permis une planification minutieuse de la chirurgie et un suivi constant, alors qu’il découpait petit à petit la tumeur, à l’aide d’une pince émettant un courant électrique. Il était crucial de la retirer sans la couper, pour éviter une mare de sang dans la tête du patient.

Puisqu’il mène également un programme de recherche sur les tumeurs cérébrales, celle de M. Major sera décortiquée par une équipe de chercheurs pour en défaire les mystères.
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