Un seul vote, toute une gifle

Un vote. Un seul. Une voix de plus qui aura décidé du sort définitif à Terrebonne. Une personne, une décision, un moment. Et c’est tout un destin politique qui bascule. 

Ce cliché qu’on répète à chaque élection – «chaque vote compte» – a rarement été aussi vrai. Ce n’est plus une formule vide: c’est un électrochoc. Une claque pour les cyniques. Une gifle pour ceux qui pensent que leur bulletin est inutile. Une secousse pour tous ceux qui s’imaginent que la démocratie est un spectacle dont ils peuvent s’absenter sans conséquences.

Une gagnante

À Terrebonne, deux femmes se sont livré une bataille électorale à couteaux tirés pendant 36 jours. Elles ont cogné aux portes, serré des mains, argumenté, espéré. Et, à l’issue du dépouillement puis du recomptage judiciaire, c’est une seule voix qui les sépare. Une seule voix pour couronner l’une et anéantir l’élan de l’autre.

La politique est cruelle. C’est un monde où la médaille d’argent n’existe pas. Arriver deuxième, c’est perdre. Point. C’est voir des mois, parfois des années d’efforts, de sacrifices personnels, d’engagement public balayés par l’arithmétique implacable d’un bulletin de vote.

• Écoutez aussi cet épisode balado tiré de l'émission de Mario Dumont, diffusée sur les plateformes QUB et simultanément sur le 99.5 FM Montréal :

Revirement

Mais la politique est aussi imprévisible. Celle qui croyait avoir perdu se retrouve à siéger à Ottawa. Celle qui se voyait déjà députée est renvoyée chez elle. Pas de transition. Pas de zone grise. Juste l’ascenseur émotionnel en chute libre, brutale, sans coussin.

Ce résultat, c’est aussi une leçon de civisme. Peut-être que cette voix, c’est celle d’un électeur fatigué, pressé, hésitant, mais qui s’est déplacé quand même. Une seule personne, qui aura sans le savoir changé le cours de l’histoire dans sa circonscription.

Un vote. Un destin. Et une preuve douloureuse que la politique n’a rien d’un jeu: c’est un terrain de vérité brute, où l’ingratitude est souvent le seul verdict.