Un samedi parfait et enivrant pour Montréal

Jean-Charles Lajoie
Imaginez un instant s’il avait fallu qu’en plus le Canadien batte les Canucks de Vancouver hier soir.
Je pense que le nouveau toit rétractable du Stade olympique se serait construit tout seul en une nuit pour être certain d’être partie prenante de l’élan de fierté sportive de Montréal.
C’est ironique, je sais... c’est malheureusement surréel de seulement croire que Montréal pourrait doter son gros stade d’un toit rétractable comme celui de Francfort en Allemagne ou la NFL a disputé un match hier matin.
Et pourtant, suffirait d’un minimum de bonne volonté, et peut-être aussi d’un processus d’appels d’offres aussi rigoureux qu’imperméable, je dis ça je ne dis rien bien entendu.
Et de toute façon, là n’est vraiment pas mon point.
Mon point est que Montréal a connu un samedi sportif aussi parfait qu’enivrant.
Je précise samedi en rappelant le revers du Canadien dimanche soir, mais qu’importe, c’était quand même déjà gagné.
Battre le Boston c’est toujours bon, et le Canadien est excellent lorsque vient le temps de gagner face aux jaunes et noirs.
Mais battre le Boston un samedi soir c’est encore meilleur.
Tout s’arrête pour un duel Canadien-Bruins un samedi soir... ici à Montréal en plus ?! Wow !
Surtout que l’amateur de sports était encore étourdi puis essoufflé au moment où le match face aux Bruins a débuté.
Étourdi et essoufflé devant l’improbable volée administrée par les Alouettes aux Argos à Toronto... le 38-17 le plus étonnant depuis longtemps en matchs éliminatoires de la Ligue canadienne de football.
Un triomphe, et le mot est très bien choisi, vu la circonstance. Un triomphe contre la grande idole en papier, sa majesté la reine du trop gros pays, celle qui ramasse tout le fric pis habituellement les honneurs sans qu’on comprenne pourquoi et souvent sans qu’on pose trop de questions.
La Toronto qui a dépossédé Montréal et le reste du Québec de ses sièges sociaux un à un à partir de l’accession de René Lévesque et du Parti Québécois au pouvoir en 1976.
Je vous le dis comme je le « feel », voir Montréal battre Toronto ne me fera jamais honte, ça ne sera jamais gênant, même que ça va toujours me faire le même effet dont je vous épargne les détails à cette heure ou vous êtes probablement à table.
Surtout que l’amateur de sports était encore étourdi et essoufflé au moment de se rendre suivre le match des Alouettes face aux Argos...
Étourdi et essoufflé devant une autre victoire des Carabins de l’Université de Montréal sur le Rouge et Or de l’Université Laval.
Une victoire probable, mais quand même bien arrachée après une meilleure opposition de la part du géant Rouge et Or.
Les 10 dernières coupes Dunsmore sont partagées sans chicane... 5 à Québec, 5 à Montréal.
Le résultat le moins satisfaisant de ma journée de sport à la faveur de Montréal... battre Québec et le programme du Rouge et Or me fait pas mal moins plaisir que battre la Toronto ou le Boston mettons.
Mais pour la sémantique et dans les circonstances... successivement en ce samedi de novembre, la grisaille du mois des morts a été atténuée par une Montréal bien vivante, revigorée, déterminée.
Une Montréal qui a déjeuné en se farcissant Québec, diné en tournant dans la poêle Toronto et soupé en grillant ardemment Boston.
Bien bourrés on est allés se coucher, sans reproches et fiers.
Puis le dessert nous attendait dimanche... une Leylah portant le Canada à bout de bras et au sommet du tennis mondial féminin en coupe Billie Jean King.
Sincèrement, rendu-là, y’as-tu vraiment quelqu’un que la défaite du CH contre Vancouver a dérangé dimanche soir ?