«20 000$ par année, ce n’est pas assez pour vivre»: un retour en classe perturbé par une grève des chauffeurs d'autobus
Plus de 300 chauffeurs d'autobus scolaire de Transco sont en grève depuis le 31 octobre dernier

Anouk Lebel
Le retour en classe s’est fait sans transport scolaire pour 15 000 élèves de la région de Montréal touchés par la grève des chauffeurs d’autobus de Transco qui perdure depuis plus deux mois.
«On réclame un salaire décent. On gagne un peu plus de 20 000$ par année, ce n’est pas assez pour vivre», lance Mihai Finichiu, chauffeur d’autobus depuis sept ans dans l’ouest de l’île de Montréal.
«À 22 0000 ou 23 000$ par année, les conducteurs n’ont pas le choix, ils vont dans les banques alimentaires», déplore Carole Laplante, du Syndicat des travailleuses et travailleurs de Transco–CSN (STTT–CSN).

Ils étaient une trentaine à braver le froid mardi pour piqueter devant les bureaux du Centre de services scolaire de Montréal.
En tout, 350 membres chauffeurs sont en grève depuis le 31 octobre. Leur débrayage perturbe le transport scolaire dans des centres de services scolaires de Montréal et Marguerite-Bourgeoys ainsi que des commissions scolaires anglophones English-Montréal et Lester-B.-Pearson.
Salaires
Les chauffeurs affiliés à la CSN réclament que la multinationale Transco fasse sa juste part pour augmenter les salaires, qui s’établissent à 18$ l’heure, selon le syndicat.
«Ça fait des années qu’on se bat pour ça, on a réussi à faire entendre raison au gouvernement», souligne la présidente de la CSN, Caroline Senneville.
En 2022-2023, le gouvernement a augmenté de 130M$ les contrats des transporteurs scolaires ce qui représente environ 16,5% d’augmentation, a indiqué une porte-parole du cabinet du ministre de l'Éducation par courriel.
Mme Senneville souligne que les syndicats un peu partout au Québec ont réussi à trouver un terrain d’entente avec les transporteurs privés pour que la bonification se traduise par des augmentations de salaire.
Or, les négociations piétinent avec Transco, dont le siège social est établi à Cincinnati, en Ohio. «Ils [prennent] l’argent du public et se le mettent dans les poches», dénonce-t-elle.

Un conciliateur a été nommé pour tenter de faire avancer les négociations, qui sont toujours au point mort malgré une rencontre organisée lundi, selon elle.
Grosses journées
La journée de travail des chauffeurs est coupée en deux au lieu de se dérouler en continu: elle commence dès 7h jusqu'à environ 9h30 pour recommencer vers 13h30 jusqu’à 17h ou 17h30.
«On planifie nos routes et nos circuits scolaires, on s’occupe de la discipline dans l’autobus, on s’occupe des rapports aux écoles, on lave nous-mêmes notre autobus. Toutes ces choses-là, on n’est pas payés pour ça. On fait beaucoup de bénévolat, on est sous-payés pour ce qu’on fait», détaille Sylvie Delmaire, chauffeuse depuis 30 ans au Centre de services scolaire Marguerite-Bourgeoys.
Environ 99% des travailleurs syndiqués avaient voté en faveur d’une grève illimitée le 18 octobre dernier.
Au moment de publier, Transco n’avait pas répondu à nos demandes.
Dans une déclaration écrite, le cabinet du ministre de l'Éducation dit travailler avec les centres de services scolaire pour limiter l'impact du conflit sur la vie scolaire, notamment en offrant une période de surveillance avant et après les classes. «On espère un règlement rapide et satisfaisant pour toutes les parties», écrit la porte-parole Marie-Ève Fillion.
– Avec TVA Nouvelles
Les demandes en bref
Sans contrat de travail depuis deux ans, les chauffeurs d'autobus de Transco demandent que la compagnie privée augmente leurs salaires à partir des bonifications octroyées par le gouvernement en 2021-2022, qui sont de l'ordre de 15% à 30%, selon le syndicat.