Un réfugié haïtien à Montréal craint que sa famille installée aux États-Unis ne soit déportée
Donald Trump a interdit l’entrée au pays aux natifs d’Haïti et de onze autres pays

Zoé Arcand
Un Montréalais d’origine haïtienne craint la déportation des membres de sa famille réfugiés aux États-Unis depuis que Donald Trump a déclaré l’interdiction d’entrer aux citoyens d’une douzaine de pays.
«J’ai de la famille aux États-Unis et ils aimeraient venir au Canada, car ils ont peur de se faire déporter», a raconté avec émotion M. Derat, qui a fui son pays en 2015.
L’homme de 34 ans n’a pas voulu témoigner à visage découvert ni donner son prénom pour éviter de subir des représailles en raison de son statut précaire ici.
Il a vécu au Chili pendant six ans avant de poursuivre son chemin vers le nord, passant par le Mexique puis les États-Unis. Il vit à Montréal depuis 2022, avec sa femme et ses trois enfants, dont deux sont nés en sol québécois.
M. Derat a fui son pays pour échapper à l’instabilité politique et aux dégâts causés par les catastrophes naturelles. Depuis l’assassinat du président haïtien Jovenel Moïse en 2021, la violence liée aux gangs fait des ravages dans ce pays des Caraïbes.
Interdiction d’entrer aux États-Unis
Il y a quelques jours, le président américain a signé un décret interdisant l’entrée au pays aux natifs d’une douzaine de pays, dont Haïti.
Ce n’est pas la première fois que Trump s’en prend aux ressortissants de ce pays. En septembre dernier, lors du débat télévisé qui l’opposait à Kamala Harris, il avait faussement déclaré que les Haïtiens installés dans une ville de la Pennsylvanie mangeaient les animaux domestiques.
Pendant ce temps, les agents de l’ICE, la police de l’immigration et des douanes américaine, arrête et expulse des immigrants par milliers.
Le Canada veut serrer la vis
Cela inquiète M. Derat, d’autant plus qu’il craint maintenant pour son propre droit de demeurer au Canada. Car le gouvernement de Mark Carney vient de déposer le projet de loi C-2, qui vise à contrôler davantage l’immigration.
Le Journal a rencontré ce père de famille alors qu’il manifestait en compagnie d’une quarantaine d’autres personnes qui craignent que le gouvernement canadien s’en prenne aux droits des migrants pour répondre aux pressions de l’administration Trump.
S'il est adopté, le projet de loi facilitera la suspension, la modification ou l’annulation de certaines demandes d’immigration.