Un réchauffement planétaire de 0,04 °C à cause du retour de Trump?

AFP
Les reculs sur les mesures climatiques attendus de la part de Donald Trump pourraient se traduire par un réchauffement supplémentaire de la planète de 0,04 °C d’ici à la fin du siècle, tant que d’autres pays n’embrayent pas dans le même sens, selon une étude publiée jeudi.
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Trump, qui retournera à la Maison-Blanche en janvier, a promis de revenir sur les mesures en faveur du climat de Joe Biden et de faire sortir les États-Unis de l’accord de Paris de 2015, dont l’objectif le plus ambitieux est de limiter le réchauffement à 1,5 °C par rapport à l’ère préindustrielle.
Le retour de Donald Trump va «affecter les niveaux de température que nous présentons ici, mais dans quelle mesure, c’est incertain», souligne le Climate Action Tracker (CAT), un outil d’évaluation de référence du réchauffement.
Il pourrait se traduire par un réchauffement supplémentaire de 0,04 °C d’ici à la fin du siècle, par rapport aux projections de +2,7 °C du CAT établies sur les politiques actuelles, en supposant que le recul des politiques vertes soit limité aux États-Unis, écrit le CAT dans son rapport. Le réchauffement pourrait être de «quelques dixièmes de degrés» par rapport à son scénario optimiste en supposant un abandon définitif de l’objectif de neutralité carbone des États-Unis, précise le CAT.
Ce qui serait «très préjudiciable aux perspectives de limiter le réchauffement à 1,5 °C», souligne-t-on dans le texte: «plus large sera le recul des politiques au-delà des États-Unis, plus grand sera le risque».
«Clairement, nous ne connaissons pas le plein impact des élections américaines jusqu’à ce que le président élu Trump n’entre en fonction, mais il y a un élan des énergies propres aux États-Unis qu’il sera difficile d’arrêter», a déclaré Bill Hare, patron de Climate Analytics, l’un des groupes du CAT.
«Les dégâts en matière d’émissions» de gaz réchauffant la planète, «confinés aux États-Unis et sur quatre à cinq ans, sont probablement récupérables», a-t-il déclaré. Mais l’impact pourrait être bien plus important si d’autres pays utilisent la baisse des ambitions des États-Unis, deuxième plus gros émetteur au monde, comme excuse pour ralentir leurs propres mesures en faveur du climat, a-t-il ajouté.
Une question «fondamentale», souligne Bill Hare, sera la réaction de la Chine, plus gros émetteur de gaz à effet de serre au monde.
Pic «bien plus élevé»
Les projections du CAT reposant sur les mesures climatiques actuelles d’un réchauffement de 2,7 °C sont au même niveau que lors de la COP26 de Glasgow il y a trois ans. En tenant compte des engagements des États à l’horizon 2030, avec ces projections, on évoque un réchauffement de 2,6 °C, contre 2,5 °C l’année dernière.
L’organisme souligne que 2024 n’a connu que peu de progrès, avec «presque aucun nouvel objectif climatique national ou promesse de neutralité carbone». Et cela alors que les émissions liées aux énergies fossiles «continuent d’augmenter» malgré le fait que les gouvernements s’accordent de manière répétée à renforcer urgemment leurs objectifs à l’horizon 2030 pour les aligner avec l’objectif de limiter à 1,5 °C le réchauffement, la cible la plus ambitieuse de l’accord de Paris de 2015.
Les pays signataires ont jusqu’à février 2025 pour dévoiler leurs objectifs pour 2035.
Selon les projections du rapport, le pic des émissions issues des énergies fossiles sera atteint d’ici à la fin de la décennie, mais «à un niveau bien plus élevé» que les projections faites il y a trois ans.
Dans un rapport distinct sur les projets des plus gros émetteurs de gaz à effet de serre, le CAT estime que les États-Unis auraient besoin de réduire leurs émissions de 65% cette décennie et de 80% d’ici 2035, par rapport à 2005, pour être en ligne avec un réchauffement limité à 1,5 °C.
La Chine aurait besoin de réduire ses émissions de 66% à l’horizon 2030, et de 78% à l’horizon 2035, par rapport à 2023.