Un Québécois sera le gardien numéro un du Canada

Kevin Dubé
L’entraîneur-chef d’Équipe Canada junior André Tourigny a finalement tranché : c’est le gardien montréalais Devon Levi qui sera l’homme de confiance de la sélection nationale.
Tourigny a annoncé à Levi qu’il allait être le partant de l’équipe pour le premier match préparatoire de mercredi soir face aux Russes et que c’est lui qui porterait le titre de gardien no. 1 d’ÉCJ pour le tournoi, qui se met officiellement en branle vendredi.
- • À lire aussi: CMHJ: un espoir du CH nommé capitaine
- • À lire aussi: Les Capitals ajoutent de l'aide en attaque
«Dans notre tête, Devon est notre gardien no. 1. On a confiance en lui et il n’y a pas de doute dans notre tête. On est convaincu qu’il est l’homme de la situation», a tranché l’entraîneur de l’équipe nationale mardi soir.
«C’est un honneur pour moi, a renchéri Levi, un choix de septième tour des Panthers de la Floride au dernier repêchage. Je suis très excité, mais ça ne change rien pour moi. C’est le temps de continuer ce que je faisais avant et d’arrêter les rondelles.»
Si l’ancien des Lions du Lac St-Louis a décroché le poste de partant, l’identité de son auxiliaire restait à déterminer mardi soir puisque Tourigny a laissé planer le doute. Premièrement, au moment de rencontrer les membres des médias, il n’avait pas eu le temps de parler à Taylor Gauthier et Dylan Garand et, par respect pour les deux jeunes cerbères, il préférait qu’ils n’apprennent pas la décision des entraîneurs dans les médias. De plus, il espère tout de même que les deux continuent de se livrer une chaude lutte pour l’obtention du rôle d’auxiliaire.
«Nous avons un plan, mais dans le monde des entraîneurs, 24 h c’est aussi long qu’une année. Nous savons dans quelle direction nous voulons aller, mais nous voulons quand même garder l’esprit ouvert et laisser place à la lutte interne.»
Processus différent
Le pilote canadien ne cache tout de même pas que, bien qu’il soit parfaitement à l’aise avec Levi comme gardien partant, le processus d’évaluation n’a pas été optimal.
«C’est rare qu’on prenne ce genre de décisions en se basant sur des pratiques. Si on regarde le temps de glace de nos trois gardiens, aucun d’entre eux n’a joué plus de l’équivalent d’un match et demi au total. Nous savions en début de camp que nos gardiens n’auraient pas beaucoup de matchs pour se faire valoir et nous avons dû prendre en considération le travail dans les entraînements, ce qui n’est pas habituel. Ce que nous avons vu à l’entraînement, ainsi que durant les matchs intraéquipes, nous a permis de prendre notre décision.»
Justement, Levi a été étincelant durant les entraînements, même durant les 14 jours lors desquels il s’est entraîné avec Alex Newhook et Dylan Holloway, les autres joueurs en provenance de la NCAA.
«Quand il était en sous-groupe, [l’entraîneur des gardiens de but] Jason Labarbera était là et il nous en parlait tous les jours en bien.
«Il nous disait à quel point il était rapide, qu’il travaillait fort. Il a débuté du bon pied et ensuite, avec le groupe complet, il a été très bon.»
Enfin un match!
Maintenant, Levi et tous les membres d’ÉCJ auront la chance de voir de quel bois ils se chauffent dans un vrai premier match préparatoire face à une formation russe redoutable sur papier.
Cette rencontre permettra enfin à Tourigny et à son personnel d’entraîneurs d’évaluer les joueurs en situation réelle de partie. «On connaît très bien nos joueurs et notre équipe et on sait sur quels détails on doit travailler.»
«Maintenant, ce qu’on doit savoir, c’est comment ils s’ajustent et réagissent en situation de match. On peut faire autant de vidéos qu’on veut, tu ne le vois pas, ça, dans les vidéos.»
LES CONSEILS DE ROBERTO LUONGO
Le rôle de gardien partant d’Équipe Canada junior vient avec une pression importante et qui n’a souvent jamais été expérimentée par un gardien de 18 ou 19 ans. Pour l’aider, Levi peut compter sur un allié de taille qui est passé par le même chemin que lui, il y a plus de 20 ans, en Roberto Luongo.
Ce dernier est le conseiller spécial de Bill Zito, le directeur général des Panthers de la Floride à qui appartiennent les droits sur Levi. Les deux hommes ont eu quelques discussions au cours des dernières semaines et Luongo s’est assuré que son jeune protégé profite pleinement de l’expérience qu’il s’apprête à vivre.
Profiter du moment
«Son message était surtout de profiter du moment. Il y aura probablement beaucoup de pression, mais c’est une pression que tu auras la chance de ne vivre qu’une seule fois. C’est un privilège. Il m’a aussi parlé de ses expériences au Mondial junior et il m’a dit qu’il en avait profité au maximum. Il n’a pas eu la chance de gagner la médaille d’or, mais il avait très bien fait», a raconté Levi.
Luongo a en effet représenté Équipe Canada junior en 1998 et 1999, remportant la médaille d’argent à sa deuxième participation.
Pour Levi, d’obtenir les conseils d’un gardien qui a connu une carrière comme celle de Luongo, c’est un honneur inestimable.
«C’est incroyable. C’est vraiment un bon gars, et avoir la chance de lui parler est un honneur. C’est un gars très intelligent et tout ce qu’il me dit est super important et super pertinent. Je suis très excité d’avoir la chance d’apprendre de lui.»
Et la pression?
Il n’en reste pas moins que, dans son message, Luongo faisait référence à la pression qui vient avec le rôle de partant. Chaque année, le Canada en entier est rivé à son petit écran pour suivre les faits et gestes de l’équipe nationale junior. Pas besoin de dire que les prestations des gardiens de but sont souvent scrutées à la loupe.
«Ça vient avec le territoire, a mentionné l’entraîneur André Tourigny. Tu ne viens pas au Mondial junior, où tu as espéré jouer toute ta vie, en te disant que personne ne va te voir.»
«Il y aura des millions de spectateurs qui vont regarder nos matchs. Quand on est arrivé ici, on savait dans quoi on s’embarquait. On n’a pas besoin d’en parler à Devon. C’est un jeune qui devrait bien s’en tirer parce qu’il se prépare bien et qu’il travaille fort. Il doit se concentrer sur ce qu’il peut contrôler parce qu’on est tous pareils ; si on se met à se concentrer sur le bruit extérieur, ça se peut qu’on n’offre pas nos meilleures prestations.»