Un Québécois qui veut faire sa marque au Michigan
Alessandro Lorenzetti vit pleinement la rivalité contre Ohio State

Stéphane Cadorette
ANN ARBOR, Michigan | Rares sont les joueurs québécois qui ont l’opportunité d’être plongés directement dans la marmite de la plus grosse rivalité qui soit sur un terrain de football. C’est le cas pour le joueur de ligne défensive montréalais de deuxième année, Alessandro Lorenzetti, qui porte fièrement les couleurs de l’Université du Michigan.
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À un dodo du duel le plus attendu chaque année contre Ohio State, c’est au Schembechler Hall que le costaud gaillard de 6 pi 5 po et 290 livres nous a donné rendez-vous. Il s’agit des quartiers généraux de l’équipe de football, qui ont été nommés à la mémoire de l’ancien entraîneur à succès Bo Schembechler.
À la base, le plan était de nous faire visiter toutes les installations de l’équipe, rénovées en 2022 au coût de 14 millions. L’ampleur du match à venir, qui a imposé des préparatifs qui se sont étirés et qui ont laissé des entraîneurs les yeux cernés, a fait en sorte que la visite en question a dû être annulée.
À l’aube d’un moment aussi critique, on comprend vite que tout le monde sur place marche sur des œufs. «Après le match, il n’y aurait pas eu de problème», explique Lorenzetti, qui s’est tout de même prêté généreusement à une entrevue sur son parcours.

Une vraie première fois
Le Montréalais qui a joué son football scolaire à Selwyn House School, une école de Westmount, réalise pleinement l’amplitude du moment.
La saison dernière, sa première au Michigan, il n’a pas été en uniforme et n’a donc pas fait le voyage pour le match surnommé «The Game», à Columbus, où est située l’Université d’Ohio State.
Ce samedi, il sera donc réellement plongé dans le bain pour une première fois avec ses coéquipiers sur le terrain dans le «Big House», chez lui à Ann Arbor.
«Je vois que les entraînements avant le match sont définitivement différents de d’habitude. Cette année, je sens encore plus que je fais partie de l’équipe. Samedi, j’aurai la chance de vivre ce match avec mes coéquipiers. Si on m’appelle pour aller sur le terrain, je serai prêt. Je ne peux pas imaginer à quel point ce sera une expérience folle. Il y a tout un buildup autour du match. C’est la journée où ça passe ou ça casse pour notre saison», dit-il d’un ton de voix excité comme un enfant.
Impossible, lorsque l’on fait partie du programme de Michigan, de tenter de faire croire que le match contre Ohio State en est un comme les autres. Au diable les clichés!
«Il y a des slogans partout dans nos installations, et à tous les jours de l’année on peut voir que c’est écrit: “Qu’est-ce que tu vas faire aujourd’hui pour battre Ohio State?” On le sent que c’est l’équipe qu’il faut battre. Tout le monde en parle à l’année ici», assure-t-il.

Un changement bénéfique
À la fin de son secondaire au Québec, Alessandro Lorenzetti a été approché par quelques cégeps, mais son idée de s’exiler aux États-Unis était faite. C’est à l’école Loomis Chaffee, dans le Connecticut, qu’il a choisi d’aller peaufiner son talent. C’est sur la ligne offensive qu’il évoluait et c’est même dans ce rôle qu’il a été recruté par une trentaine d’universités, dont celle du Michigan.
Jusqu’ici, Alessandro Lorenzetti voit peu de terrain, mais rien de plus normal. Avant la saison, l’entraîneur-chef Jim Harbaugh l’a convoqué dans son bureau pour lui annoncer qu’il voulait le transformer en joueur de ligne défensive.
«J’avais joué un peu sur la ligne défensive au secondaire, mais en changeant de position rendu à un tel niveau dans la NCAA, c’est sûr qu’il y a une courbe d’apprentissage. Le fait d’avoir joué sur les deux côtés du front m’aide à comprendre ce que je dois faire. J’ai travaillé toute l’année pour apprendre ma nouvelle position, et pour moi c’est une belle année de développement. Ça fait partie de mon aventure», constate-t-il.
Le rêve de la NFL

Lorenzetti ne regrette en rien son choix, lui qui dit aimer autant «l’école, l’équipe et ma nouvelle position».
À sa troisième saison l’an prochain, il s’attend à un rôle accru, et maintenant qu’il a goûté depuis deux ans au football dans un programme doté d’une riche tradition, il ne peut s’empêcher de rêver à la NFL.
«J’ai toujours pensé à la NFL, mais je n’avais jamais réalisé à quel point jusqu’à ce que j’arrive aux États-Unis. Jouer ici, ça m’a donné encore plus faim. Je veux que ça arrive et je vais faire en sorte que ça va arriver.»