Un québécois périt sur le K2
Le Dr Richard Cartier tentait l’ascension du second plus haut sommet du monde

François-David Rouleau
Après des jours de recherche sur le K2, second plus haut sommet de la planète culminant à 8611 mètres au nord du Pakistan, les équipes de secours ont retrouvé le corps de l’alpiniste québécois Richard Cartier, mardi.
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Le sexagénaire aurait été retrouvé dans un campement à une altitude d’environ 6500 mètres. Le corps de son compagnon de cordée, Matthew Eakin, aurait quant à lui été retrouvé au pied de la route des Abruzzes, près du camp de base avancé, à environ 5800 mètres d’altitude.

Surnommé la « montagne sauvage », le K2 est reconnu pour ses difficultés.
Situé aux confins de la chaîne montagneuse du Korakoram, à la limite du Pakistan et de la Chine, c’est un endroit inhospitalier en raison des conditions climatiques extrêmes et surprenantes.
Jusqu’à tout récemment, il était réservé aux alpinistes d’expérience en quête du symbole d’excellence dans la communauté alpine.
Grimpeur aguerri, le Dr Cartier en tentait l’ascension dans les pures notions de l’alpinisme, sans oxygène notamment.
- Écoutez l’entrevue d’Alexandre Dubé avec François-David Rouleau, journaliste sportif pour le Journal de Montréal et le Journal de Québec sur QUB radio :
Peu d’informations
Accompagné par le Québécois Justin Dubé-Fahmy, le Dr Cartier faisait partie d’une petite expédition guidée par l’opérateur local, Adventure Pakistan.
Dans une éreintante rotation d’acclimatation sur la montagne le 21 juillet dernier, l’équipe a atteint le camp 4 situé à environ 7800 mètres d’altitude, selon le récit de M. Dubé-Fahmy publié sur Facebook.
« On s’est rendus au camp 3 japonais, à 7000 mètres. On pensait que c’était le camp 2.5, mais non ! Richard, Matt [Eakin] et moi étions brûlés. Seize heures de grimpe. Aujourd’hui [jeudi dernier], on a touché le camp 4 à 7600 mètres. De retour au camp de base demain. Il commence à faire froid. On est bien fatigués après ces deux grosses journées. »

Peu d’informations
Mais depuis, il n’a rien écrit. Peu d’informations circulent sur les circonstances du drame. C’est lors de cette périlleuse descente que les deux alpinistes ont connu un tragique destin.
Le Dr Cartier, médecin à l’hôpital de Saint-Jérôme dans les Laurentides, a été aperçu la dernière fois entre les camps 2 et 1, situés respectivement à 6700 et 6100 mètres d’altitude.
M. Dubé-Fahmy est arrivé au camp de base sans ses coéquipiers. Une opération de sauvetage s’est alors enclenchée, mais a été ralentie par le mauvais temps, selon les récits de différentes sources provenant du camp de base.
Selon le quotidien Himalayan Times qui a relayé des explications du camp de base, c’est lundi [heure locale] que les équipes de secours auraient retrouvé le corps de Richard Cartier, gelé, à ce qui est surnommé le « camp japonais » sur la montagne. Celui-ci est situé à environ 6500 mètres d’altitude.
Le corps de son coéquipier, l’Australien Matt Eakin, aurait quant à lui été repéré quelque 700 mètres plus bas.
Endeuillée, la famille du Dr Cartier a publié un communiqué en demandant le respect de la vie privée.

« Richard a vécu pleinement sa passion jusqu’à la fin, peut-on lire dans la missive. Selon ses coéquipiers, il a conservé son niveau d’énergie jusqu’à la fin, mais la montagne en a décidé autrement. »
Le plus dangereux
Le K2 est le pic le plus dangereux de la planète. Jusqu’en 2018, un grimpeur sur quatre ne retournait pas à la maison en vie. Depuis, ce funeste ratio a changé en raison des nombreuses expéditions qui s’y aventurent, été comme hiver.
Selon les données compilées, mais non scientifiques, près de 700 grimpeurs se sont rendu jusqu’au sommet à 8611 mètres d’altitude depuis 1954.
Environ une centaine d’alpinistes y ont toutefois perdu la vie.
Plusieurs tragédies ont frappé au fil des quatre dernières décennies. En 1986, 13 grimpeurs avaient péri.
À l’été 2018, le Québécois Serge Dessureault avait malheureusement fait une chute fatale lors d’une descente en période d’acclimatation.
Une première réussite
Jeudi dernier, Marie-Pier Desharnais est devenue la première représentante du Québec à atteindre le sommet lors d’une journée record. Près de 140 alpinistes ont touché le sommet du K2 ce jour-là.
Dans un échange de messages avec Le Journal, mardi, Desharnais se disait attristée par le décès tragique de son compatriote.
« J’ai jasé avec lui pendant une heure au camp 3 lors de la journée de sa disparition. Cette nouvelle me donne un énorme choc. »
À la fin de la présente saison, on estime que 170 alpinistes auront réussi l’ascension, soit près de trois fois l’année record de 62 réussites en 2018.
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