Publicité
L'article provient de Le Journal de Québec
Justice et faits divers

Un québécois périt sur le K2

Le Dr Richard Cartier tentait l’ascension du second plus haut sommet du monde

Partager
Photo portrait de François-David Rouleau

François-David Rouleau

2022-07-26T14:21:16Z
2022-07-27T02:56:36Z
Partager

Après des jours de recherche sur le K2, second plus haut sommet de la planète culminant à 8611 mètres au nord du Pakistan, les équipes de secours ont retrouvé le corps de l’alpiniste québécois Richard Cartier, mardi. 

• À lire aussi: Un deuxième ami perdu

• À lire aussi: Une Québécoise meurt emportée par une avalanche en Équateur

Le sexagénaire aurait été retrouvé dans un campement à une altitude d’environ 6500 mètres. Le corps de son compagnon de cordée, Matthew Eakin, aurait quant à lui été retrouvé au pied de la route des Abruzzes, près du camp de base avancé, à environ 5800 mètres d’altitude. 

Le docteur Richard Cartier, médecin à l’Hôpital de Saint-Jérôme, lors du voyage vers le Pakistan au début du mois de juin.
Le docteur Richard Cartier, médecin à l’Hôpital de Saint-Jérôme, lors du voyage vers le Pakistan au début du mois de juin. Photo tirée de Facebook, Justin Dube-Fahmy

Surnommé la « montagne sauvage », le K2 est reconnu pour ses difficultés. 

Situé aux confins de la chaîne montagneuse du Korakoram, à la limite du Pakistan et de la Chine, c’est un endroit inhospitalier en raison des conditions climatiques extrêmes et surprenantes. 

Jusqu’à tout récemment, il était réservé aux alpinistes d’expérience en quête du symbole d’excellence dans la communauté alpine. 

Grimpeur aguerri, le Dr Cartier en tentait l’ascension dans les pures notions de l’alpinisme, sans oxygène notamment. 

Publicité
  • Écoutez l’entrevue d’Alexandre Dubé avec François-David Rouleau, journaliste sportif pour le Journal de Montréal et le Journal de Québec sur QUB radio :

Peu d’informations

Accompagné par le Québécois Justin Dubé-Fahmy, le Dr Cartier faisait partie d’une petite expédition guidée par l’opérateur local, Adventure Pakistan. 

Dans une éreintante rotation d’acclimatation sur la montagne le 21 juillet dernier, l’équipe a atteint le camp 4 situé à environ 7800 mètres d’altitude, selon le récit de M. Dubé-Fahmy publié sur Facebook. 

« On s’est rendus au camp 3 japonais, à 7000 mètres. On pensait que c’était le camp 2.5, mais non ! Richard, Matt [Eakin] et moi étions brûlés. Seize heures de grimpe. Aujourd’hui [jeudi dernier], on a touché le camp 4 à 7600 mètres. De retour au camp de base demain. Il commence à faire froid. On est bien fatigués après ces deux grosses journées. »

Avec son manteau rouge, Justin Dubé-Fahmy a partagé une tente à 6960 mètres d’altitude avec son compagnon de cordée, Richard Cartier, lors d’une rotation sur la montagne plus tôt en juillet.
Avec son manteau rouge, Justin Dubé-Fahmy a partagé une tente à 6960 mètres d’altitude avec son compagnon de cordée, Richard Cartier, lors d’une rotation sur la montagne plus tôt en juillet. Photo tirée de Facebook, Justin Dube-Fahmy

Peu d’informations

Mais depuis, il n’a rien écrit. Peu d’informations circulent sur les circonstances du drame. C’est lors de cette périlleuse descente que les deux alpinistes ont connu un tragique destin. 

Publicité

Le Dr Cartier, médecin à l’hôpital de Saint-Jérôme dans les Laurentides, a été aperçu la dernière fois entre les camps 2 et 1, situés respectivement à 6700 et 6100 mètres d’altitude. 

M. Dubé-Fahmy est arrivé au camp de base sans ses coéquipiers. Une opération de sauvetage s’est alors enclenchée, mais a été ralentie par le mauvais temps, selon les récits de différentes sources provenant du camp de base. 

Selon le quotidien Himalayan Times qui a relayé des explications du camp de base, c’est lundi [heure locale] que les équipes de secours auraient retrouvé le corps de Richard Cartier, gelé, à ce qui est surnommé le « camp japonais » sur la montagne. Celui-ci est situé à environ 6500 mètres d’altitude. 

Le corps de son coéquipier, l’Australien Matt Eakin, aurait quant à lui été repéré quelque 700 mètres plus bas.

Endeuillée, la famille du Dr Cartier a publié un communiqué en demandant le respect de la vie privée. 

Les membres de l’expédition opérée par Adventure Pakistan, au départ d’un vol vers la petite ville de Skardu située dans les montagnes. Richard Cartier est la 2e personne à partir de la gauche.
Les membres de l’expédition opérée par Adventure Pakistan, au départ d’un vol vers la petite ville de Skardu située dans les montagnes. Richard Cartier est la 2e personne à partir de la gauche. Photo tirée de Facebook, Justin Dube-Fahmy

« Richard a vécu pleinement sa passion jusqu’à la fin, peut-on lire dans la missive. Selon ses coéquipiers, il a conservé son niveau d’énergie jusqu’à la fin, mais la montagne en a décidé autrement. »

Le plus dangereux

Le K2 est le pic le plus dangereux de la planète. Jusqu’en 2018, un grimpeur sur quatre ne retournait pas à la maison en vie. Depuis, ce funeste ratio a changé en raison des nombreuses expéditions qui s’y aventurent, été comme hiver. 

Publicité

Selon les données compilées, mais non scientifiques, près de 700 grimpeurs se sont rendu jusqu’au sommet à 8611 mètres d’altitude depuis 1954. 

Environ une centaine d’alpinistes y ont toutefois perdu la vie. 

Plusieurs tragédies ont frappé au fil des quatre dernières décennies. En 1986, 13 grimpeurs avaient péri. 

À l’été 2018, le Québécois Serge Dessureault avait malheureusement fait une chute fatale lors d’une descente en période d’acclimatation. 

Une première réussite

Jeudi dernier, Marie-Pier Desharnais est devenue la première représentante du Québec à atteindre le sommet lors d’une journée record. Près de 140 alpinistes ont touché le sommet du K2 ce jour-là. 

Dans un échange de messages avec Le Journal, mardi, Desharnais se disait attristée par le décès tragique de son compatriote. 

« J’ai jasé avec lui pendant une heure au camp 3 lors de la journée de sa disparition. Cette nouvelle me donne un énorme choc. » 

À la fin de la présente saison, on estime que 170 alpinistes auront réussi l’ascension, soit près de trois fois l’année record de 62 réussites en 2018.

Vous avez un scoop à nous transmettre?

Vous avez des informations à nous communiquer à propos de cette histoire?

Vous avez un scoop qui pourrait intéresser nos lecteurs?

Écrivez-nous à l'adresse ou appelez-nous directement au 1 800-63SCOOP.

Publicité
Publicité