Un Québécois arrêté après être entré illégalement aux États-Unis par la bibliothèque de Stanstead
Son fils l'a déposé en voiture du côté canadien de l'établissement avant de revenir le chercher du côté américain
Olivier Faucher
Un Québécois qui a eu la très mauvaise idée d'entrer illégalement aux États-Unis par une porte de la bibliothèque de Stanstead a écopé d'une journée de prison, tandis que la dirigeante de l'établissement à cheval sur les deux pays implore la population de ne pas l'imiter.
«Je trouve ça désolant. Je suis contente qu’ils se soient fait prendre parce que c’est illégal ce qu’ils ont fait et on ne veut pas ça à la bibliothèque», réagit Sylvie Boudreau, présidente du conseil d’administration de la bibliothèque Haskell dans la ville de 2800 habitants en Estrie.
Le 5 juin dernier, Reason Phung, 18 ans, a reconduit son père Van Hoa Phung, 49 ans, à cette bibliothèque avant de traverser légalement la frontière un kilomètre plus loin, selon des documents judiciaires américains obtenus par Le Journal.
Le Montréalais aurait prétexté au douanier vouloir visiter ses grands-parents. Or, une fois intercepté, il a avoué qu’il comptait reconduire son père, également de la métropole, à l’aéroport de Plattsburgh.
Un plan «idiot»
Van Hoa Phung a de son côté traversé illégalement la frontière «dans les environs» de la bibliothèque avant de monter à bord de la voiture de son fils venu le chercher du côté américain, selon la Border Patrol Agency (BPA).
Sylvie Boudreau affirme que l’homme est entré par la porte canadienne de la bibliothèque avant de sortir par celle donnant sur le territoire américain.
Les patrouilleurs américains ont facilement déjoué leur plan peu rusé et les ont interceptés 15 minutes plus tard.
Selon les documents de cour, M. Phung avait échoué à plusieurs tentatives d’entrer illégalement aux États-Unis ces dernières années en raison de son casier judiciaire pour des crimes mineurs.
«Ça a été idiot de leur part de faire ça. N’essayez même pas [de les imiter]. Vous allez vous faire prendre», martèle Mme Boudreau. Au cours des derniers mois, les autorités ont installé de nombreuses nouvelles caméras et des détecteurs de mouvements pour surveiller l’établissement, explique-t-elle.
Van Hoa Phung et Reason Phung ont plaidé coupables d’être entrés illégalement aux États-Unis. Ils ont rapidement été condamnés à une journée de prison.
Une première dans l’histoire
L'événement figure parmi les rares cas où la bibliothèque a été utilisée pour des actes illégaux. Des contrebandiers ont utilisé sa toilette pour faire entrer des armes au Canada à quelques reprises depuis le début des années 2010. Une femme polonaise a aussi été arrêtée en 2020 pour être entrée illégament aux États-Unis par le bâtiment.
Cela ne fait toutefois que quelques mois que le bâtiment situé à cheval sur la frontière a des portes d'entrées officielles donnant sur les deux pays.
Des affiches seront d'ailleurs bientôt installées sur ces portes pour prévenir toute confusion.
Ironiquement, c’est l’administration Trump qui l’a poussée à mettre en place ces aménagements. Le 21 mars dernier, elle a interdit à ses visiteurs venant du Canada de marcher les quelques mètres sur le trottoir situé aux États-Unis pour accéder à ce qui était son unique entrée, ce qui était toléré depuis des décennies.
La forte médiatisation de cette affaire pourrait avoir permis aux deux hommes d’imaginer leur stratégie très mal avisée, croit Mme Boudreau.
Celle-ci craint maintenant que cette histoire motive l’administration Trump de resserrer à nouveau l’étau sur la bibliothèque.
«C’est certain qu’ils prennent des notes. Est-ce qu’ils pourraient fermer l’accès à la porte du côté américain? Rien n’est impossible», s’inquiète-t-elle.
- Avec Nicolas Brasseur, Bureau d'enquête
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