Un Québécois à la tête d’une fraude historique envoyé en prison pour 10 ans aux États-Unis
L’homme de 57 ans a pu faire des gains évalués à 240 M$ américains avec son stratagème


Jonathan Tremblay
Un Québécois a écopé d’une peine de 10 ans de prison aux États-Unis pour avoir opéré l’une des plus importantes fraudes postales de l’histoire, d’une valeur d’environ 240 M$, et fait plus de 1,3 millions de victimes américaines.
Patrice Runner, 57 ans, qui pourrait s’imposer comme le plus grand fraudeur issu de la province, a reçu sa sentence lundi, dans l’État de New York, selon un communiqué des autorités américaines.
«Le style de vie extravagant de Patrice Runner, sur le dos de millions d’Américains plus âgés et vulnérables, a pris fin, a déclaré Chris Nielsen, inspecteur responsable de la division de Philadelphie de l’United States Postal Service. Sa condamnation et sa peine fédérale sont les punitions appropriées.»
En juin dernier, Runner a été déclaré coupable d’une quinzaine de chefs d’accusation pour fraude postale, fraude électronique et complot afin d’effectuer du blanchiment d’argent, au terme d’un procès devant jury d’une durée de deux semaines.
- Écoutez l'entrevue avec Me Jean-Pierre Rancourt, criminaliste et résident de Newport au Vermont avec Mario Dumont sur QUB :
Voyants connus
Le Québécois a escroqué des citoyens sur plus de deux décennies, entre 1994 et 2014.
Le siège social de l’entreprise qu’il dirigeait se trouvait à la Place Ville Marie, en plein cœur du centre-ville de Montréal.
Le stratagème mis en place utilisait l’identité de médiums de renommée mondiale telles que Maria Duval et Patrick Guérin.
Cette affaire a d’ailleurs fait l’objet de multiples reportages et d’un livre intitulé: A Deal With the Devil: The Dark and Twisted True Story of One of the Biggest Cons in History.
Les lettres frauduleuses, qui semblaient personnalisées, étaient toutefois acheminées à des dizaines de milliers de foyers par semaine.

En échange de frais allant de 5 à 50 dollars américains, les voyants offraient notamment d’aider les victimes à obtenir de la chance ou à éviter les malheurs.
Dès qu’une personne se faisait avoir une première fois, elle recevait d’autres demandes de frais variant cette fois entre 20 et 50 dollars.
Des victimes ont été bombardées de plus d’une centaine de lettres, et certaines d’entre elles ont fait des dizaines de paiements, perdant des milliers de dollars.
Sociétés-écrans
Le groupe derrière cette arnaque de masse a obtenu la majorité des coordonnées de ses victimes grâce à des listes d’envoi d’autres publiposteurs.
Runner utilisait des sociétés-écrans au Canada et à Hong Kong afin de cacher son implication, alors qu’il vivait dans divers pays tels que la Suisse, la France, les Pays-Bas, le Costa Rica et l’Espagne.
La fraude a cessé en 2016, quand les autorités américaines ont interdit aux sociétés d’utiliser leurs services postaux.

La tête dirigeante a ensuite été arrêtée par les autorités espagnoles, puis accusée, avant d’être extradée aux États-Unis, en 2020.
Runner risquait jusqu’à 20 ans de prison pour chaque accusation.
Pire que Lacroix
Déjà en 1990, il avait écopé de 100 000$ d’amendes au Québec, pour avoir publié des petites annonces de services d’un voyant pouvant prédire des numéros de loterie gagnants.
Deux de ses complices, les Montréalais Maria Thanos et Philip Lett, ont plaidé coupables de complot afin de commettre de la fraude postale, en 2018.
À titre comparatif, la fraude historique de Vincent Lacroix, avec Norbourg, avait floué 9200 investisseurs pour 130 M$, en 2005.
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