Un quatrième sursis pour le campement Notre-Dame

Mina Collin
Les itinérants qui résident au campement Notre-Dame n’auront pas à plier bagage puisqu’un nouveau sursis de 30 jours a été accordé par la Cour supérieure lundi, empêchant ainsi le démantèlement du campement et l’éviction de ses habitants.
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Le juge Gregory Moore a entériné le projet de jugement des parties en litige, soit la Ville de Montréal, le procureur général du Québec et la Clinique juridique itinérante.
Le juge Moore a notamment expliqué avoir constater que des efforts ont été faits de part et d’autre pour trouver des solutions.
Le directeur général de la Clinique juridique itinérante, Me Donald Tremblay, applaudit la décision du juge.
«C’est une très bonne nouvelle pour les personnes en situation d’itinérance, qui vivent malheureusement énormément d’angoisse à ne pas savoir qu’est-ce qui va arriver, a mentionné Me Tremblay. On n’est pas rendus sur le fond, mais les pourparlers entre les parties avancent pour que rapidement cette question importante puisse être entendue par la Cour supérieure sur le fond. Qu’est-ce qui est important, c’est que les parties se parlent.»
De son côté, la porte-parole du Mouvement pour mettre fin à l’itinérance, Julie Grenier, se dit soulagée de la décision, mais reste réaliste.
«C'est une bonne chose qu'on ne vienne pas déraciner des gens encore et toujours très vulnérables, mais en même temps c'est aussi dommage qu'on en soit là.[...]On ne devrait pas avoir des gens qui vivent dans cette situation-là dans un campement comme ça ici à Montréal en 2025», a-t-elle dénoncé aux ondes de LCN lundi.
Au lieu de discuter «démantèlement» et «éviction», Mme Grenier estime qu’il faut trouver des solutions permanentes pour venir en aide à ces personnes dans la rue.
«Donc ces gens-là survivent[...]et ils survivent en attendant d'avoir un toit permanent sur la tête, a-t-elle expliqué. On tombe souvent dans le piège de dire on va déployer des mesures d'urgence pour les relocaliser. C'est de déplacer le problème à chaque fois.»
Les menaces de démantèlement et d’éviction du campement sont mises sur pause tant que le débat sur le fond n’aura pas eu lieu entre les parties afin de trouver des solutions pérennes.
Par respect pour le processus judiciaire en cours, la Ville de Montréal s’est abstenue de tout commentaire sur le fond du dossier.
Elle a toutefois mentionné par courriel travailler en étroite collaboration avec des partenaires communautaires et gouvernementaux sur le terrain.
«Nous réitérons qu'il est essentiel que des logements et des ressources adaptés aux différents besoins des personnes soient déployés rapidement pour renverser la tendance actuelle, autant à Montréal qu'à l’échelle du Québec. C'est pourquoi la Ville poursuivra sa demande de financements auprès des autres paliers gouvernementaux», a-t-elle déclaré.
En attendant, pour faciliter la cohabitation entre les gens du campement et le reste de la population, le Juge Moore a également demandé qu’une «zone tampon» soit respectée.
Trois mètres minimum doivent être établis entre la piste cyclable sur Notre-Dame et les tentes et quinze mètres sont demandés entre les tentes et l’entrée du parc Morgan qui se trouve à proximité.
Le dossier sera de retour en cour le 27 août prochain pour la suite des procédures.
Avec les informations de Audrey Folliot