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Un projet de «ville humanitaire» israélien pour Gaza suscite de fortes réactions

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2025-07-13T19:17:06Z
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Une proposition israélienne visant à regrouper l'ensemble de la population de Gaza dans une «ville humanitaire» suscite de fortes réactions, ses détracteurs y voyant une première étape vers le retour d'une administration israélienne dans le petit territoire palestinien.

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Présenté le 7 juillet par le ministre de la Défense, Israël Katz, le plan prévoit l'établissement d'une zone fermée dans le sud de la bande de Gaza en cas de cessez-le-feu de 60 jours avec le Hamas, actuellement en négociation au Qatar.

La guerre a été déclenchée par une attaque meurtrière du mouvement islamiste palestinien en Israël le 7 octobre 2023. En représailles, l'armée israélienne a lancé une vaste offensive à Gaza qui a fait des dizaines de milliers de morts.

Selon M. Katz, cette zone accueillerait dans un premier temps quelque 600 000 déplacés originaires du sud de Gaza et comprendrait quatre centres de distribution d'aide humanitaire, gérés par des organisations internationales.

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À terme, l'ensemble de la population civile de Gaza, soit plus de deux millions de personnes, serait relocalisé dans cette zone.

Les nouveaux arrivants seraient soumis à un contrôle de sécurité pour assurer qu'ils ne sont pas affiliés au Hamas. Une fois admis, ils ne seraient pas autorisés à quitter la zone.

La sécurité serait assurée à distance par l'armée israélienne, selon M. Katz.

«Camp de concentration»

Ce projet a déclenché un torrent de critiques, y compris au sein de la direction sécuritaire israélienne.

Les médias ont rapporté que le chef d'état-major, le lieutenant-général Eyal Zamir, avait fustigé cette proposition lors d'une réunion du cabinet, arguant qu'elle détournerait l'attention des deux principaux objectifs de la guerre: anéantir le Hamas et obtenir la libération des otages.

L'Unrwa, l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens, a comparé cette installation à un «camp de concentration».

Le ministre britannique chargé du Moyen-Orient, Hamish Falconer, s'est déclaré «consterné» par le projet: «Le territoire palestinien ne doit pas être réduit. Les civils doivent pouvoir regagner leurs foyers», a-t-il écrit sur X.

En Israël, la chaîne de télévision 12 a indiqué que des responsables sécuritaires considéraient ce plan comme une simple «immense ville de tentes» et ont mis en garde contre le risque d'un retour de l'administration militaire israélienne à Gaza.

Une telle initiative serait en phase avec les objectifs de longue date des ministres d'extrême droite, Bezalel Smotrich et Itamar Ben Gvir, partenaires clés de la coalition du premier ministre Benjamin Netanyahu.

Les deux responsables sont favorables à la reconstruction de colonies juives dans la bande de Gaza, dont Israël s'est retiré unilatéralement en 2005.

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Le coût estimé du projet - entre 10 et 20 milliards de shekels (environ 2,5 à 5 milliards d'euros) - alimente également la controverse, alors que le pays fait face aux coûts faramineux de la guerre.

«Fantasmes»

«Cet argent ne reviendra pas», a écrit dimanche sur X le chef de l'opposition, Yair Lapid.

«Netanyahu laisse Smotrich et Ben Gvir s'enfoncer dans leurs délires extrémistes juste pour préserver sa coalition. Plutôt que de prendre l'argent de la classe moyenne, il devrait mettre fin à la guerre et ramener les otages» retenus à Gaza, a-t-il ajouté.

Un responsable palestinien au fait des négociations sur un cessez-le-feu a déclaré samedi à l'AFP que le Hamas avait rejeté les propositions israéliennes, les jugeant destinées à «entasser des centaines de milliers de personnes déplacées dans une petite zone à l'ouest de Rafah».

Selon cette source, le Hamas considère cette mesure comme une «préparation à leur déplacement forcé vers l'Égypte ou d'autres pays».

M. Netanyahu et plusieurs de ses ministres ont soutenu ces derniers mois «un départ volontaire des habitants de Gaza».

Le projet suscite également l'inquiétude parmi des juristes.

Vendredi, 16 universitaires israéliens spécialisés en droit international ont adressé une lettre à Israël Katz et Eyal Zamir, les avertissant que ce plan pourrait constituer un crime de guerre.

Le ministère palestinien des Affaires étrangères a réagi dimanche en affirmant que «la prétendue ville humanitaire n'a rien d'humanitaire».

Pour Michael Milshtein, ancien officier du renseignement militaire israélien, ce projet est l'un des nombreux «fantasmes» mis en avant par la direction israélienne.

«Il semble qu'Israël préfère s'accrocher à toutes sortes d'idées délirantes plutôt que de s'appuyer sur des politiques réalistes», a déclaré à l'AFP M. Milshtein, qui dirige le programme d'études palestiniennes à l'Université de Tel-Aviv.

«Personne n'explique au public israélien quel sera le prix et quelles seront les conséquences d'une réoccupation de Gaza, que ce soit d'un point de vue économique, politique ou sécuritaire. Cela s'annonce extrêmement lourd», ajoute M. Milshtein.

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