«Méthode soviétique»: la loi spéciale du gouvernement Legault rend furax le président des médecins spécialistes
La loi n’est pas encore adoptée qu’ils promettent déjà de la contester devant les tribunaux

Marc-André Gagnon
«Méthode soviétique», politique de la «terre brûlée» d’un «gouvernement en perdition»: complètement furax, le président de la Fédération des médecins spécialistes du Québec (FMSQ), Dr Vincent Oliva, n’a pas ménagé les épithètes pour condamner la loi spéciale imposée par la CAQ, qui sera contestée devant les tribunaux.
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En point de presse à Montréal pendant qu’à l’Assemblée nationale avait lieu le débat sur l’adoption sous bâillon de la réforme de la rémunération des médecins, Dr Oliva a juré que ses membres prendront tous les moyens à leur disposition «pour faire invalider cette loi».
Selon le président de la FMSQ, plusieurs pans de la loi spéciale «liberticide» du ministre de la Santé Christian Dubé sont «hautement contestables», notamment à l’égard de la Charte des droits et libertés.

Entouré d’un paquet de médecins, Dr Oliva a indiqué que la loi caquiste n’offre rien de bon pour l’accès à la médecine.
À ses yeux, c’est un «prétexte pour contrôler les médecins», «un échec annoncé» qui aura pour effet de faire du Québec «un milieu répulsif repoussant pour pratiquer la médecine».
«Ils ont perdu les pédales, a pesté le président de la FMSQ, en colère. La population n’est pas dupe, elle sait que c’est un gouvernement en perdition.»
Exode appréhendé
À l’instar de son vis-à-vis de la FMSQ, le président de la Fédération des médecins omnipraticiens du Québec (FMOQ), Dr Marc-André Amyot, prédit que la loi spéciale caquiste provoquera un paquet de départs à la retraite prématurés, sans compter tous les «effets dévastateurs» et «démotivateurs».
Il prévient qu’à terme, les patients québécois feront les frais des problèmes causés par la pièce législative du ministre Dubé.
En point de presse vendredi matin, M. Amyot a juré que son organisation était d’accord pour revoir le mode de rémunération de ses membres.
D’autres provinces l’ont fait sans recourir à une loi spéciale, a-t-il observé.
Mais à la table de négociations, Québec «était de mauvaise foi», juge M. Amyot.
La FMOQ rappelle que le Collège des médecins a prévenu récemment qu’il serait risqué et dangereux de lier la rémunération à des indicateurs de performance, comme le prévoit le projet de loi du ministre Dubé.
«Moi, je vais suivre les recommandations de mon ordre professionnel. Ce n’est pas une bonne idée: le Collège, qui est responsable de protéger le public, le dit», insiste le représentant des médecins de famille.
«C’est quoi, les dérives que ça risque de causer? De la médecine fast-food? La population ne veut pas ça. Les médecins ne veulent pas ça. Le Collège des médecins ne veut pas ça. Il y a juste la CAQ qui veut ça», déplore M. Amyot.
Ce qu’ils ont dit
«Ils ont choisi encore une fois la confrontation. Le climat de confiance est à terre, la motivation est à terre, l’exode des médecins est possible et c’est un problème fondamental.»
–Pablo Rodriguez, chef du Parti libéral du Québec
«Ce n’est pas en nous bâillonnant qu’on va pouvoir régler les problèmes. [...] C’est un projet de loi qui prouve la dérive autoritaire de François Legault, de la CAQ, qui est de plus en plus revanchard et chicanier. C’est vraiment choquant.»
–Ruba Ghazal, cheffe parlementaire de Québec solidaire
«À nouveau, on assiste à une CAQ qui bâcle le travail, comme dans Stablex, comme dans Santé Québec, comme pour la Constitution. [...] On est devant une CAQ qui, devant tous ses échecs en santé, se cherche une victoire.»
–Paul St-Pierre Plamondon, chef du Parti Québécois
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