Un premier trio impressionnant et encourageant

Michel Therrien
Après un week-end du Super Bowl difficile avec deux défaites en deux jours, la victoire de mardi contre les Ducks a fait tellement de bien aux Canadiens.
Pas seulement aux joueurs. Les membres du personnel d’entraîneurs sont eux aussi rentrés à la maison avec le sentiment du devoir accompli après avoir vu l’équipe dominer de la sorte dans toutes les facettes du jeu. Que ce soit Martin St-Louis lui-même, Alex Burrows, responsable de l’avantage numérique, Stéphane Robidas, en charge des défenseurs, l’adjoint Trevor Letowski ou l’entraîneur des gardiens Éric Raymond, tous les spécialistes prennent leur travail à cœur et retirent de la fierté et de la satisfaction personnelle en fonction de la performance des joueurs dans les aspects dont chacun s’occupe.
De la manière que le CH a gagné, tout le monde peut se dire «mission accomplie» et se donner des tapes dans le dos. Engagée du début à la fin, l’équipe a bien joué à cinq contre cinq, le jeu de puissance a encore été menaçant, comme c’est le cas depuis un certain temps déjà, et les joueurs utilisés en infériorité numérique ont accompli de l’excellent boulot.
La position au classement de l’adversaire m’importe peu. Le Tricolore a su profiter du fait que les Ducks en arrachent pour connaître une soirée parfaite, au grand bonheur de tous.
Ça fait du bien au moral des troupes de ne pas avoir été impliqué dans un autre match serré où chaque décision a un impact direct sur le résultat. C’est toujours agréable de ne pas devoir jouer sur la pointe des pieds, ça enlève de la tension.
À plein gaz!
Même si la saison est éprouvante, il faut se concentrer sur les actions positives qui permettent au club de progresser. Le premier trio m’impressionne particulièrement. On sent qu’une belle chimie s’est installée entre Nick Suzuki, Cole Caufield et Juraj Slafkovsky et qu’ils ont du plaisir à jouer ensemble. Ça se voit dans leur façon de se donner à fond à cinq contre cinq et en supériorité numérique.
Ce qui est également encourageant pour la suite, c’est que ce sont tous des jeunes et qu’ils ne vont que s’améliorer avec les années. Des trois, Slafkovsky montre la plus grande progression. Il est en train de prouver pourquoi il a été le choix numéro un au repêchage de 2022.
La saison passée, c’était une année d’apprentissage pour lui. Il était plus lourd et plus lent et il se faisait souvent frapper solidement. S’il s’est blessé, c’est parce qu’il n’était pas aussi alerte qu’aujourd’hui sur la glace.
Cette année, il est en meilleure condition physique et est plus agile sur ses patins, en plus d’être solide dans ses batailles à un contre un. Il est maintenant un attaquant du calibre de la Ligue nationale.
Montrer par l’exemple
La chose la plus importante pour que Slafkovsky poursuive son développement, c’est de garder son attitude exemplaire. Il fait souvent du temps supplémentaire après les entraînements et il est récompensé pour ses efforts.
Un tel comportement est une preuve de leadership. Même s’il est jeune, ça déteint sur le reste du groupe. S’il continue de cette façon, tous les autres joueurs n’auront pas le choix d’embarquer eux aussi.
Loin de moi l’idée de comparer Slafkovsky à Sidney Crosby, mais c’est grâce à une attitude semblable que «Sid» est devenu rapidement un leader avec les Penguins. Lorsque j’étais son entraîneur à Pittsburgh et qu’on avait congé le dimanche, c’est certain que je le croisais à l’aréna si je passais à mon bureau. Je lui répétais l’importance de se reposer, mais il me répondait toujours : «Tiger Woods ne prend jamais de journée off». C’était sa mentalité. Celle-ci a eu un effet boule de neige sur le reste de l’équipe.
Les jeunes joueurs des Canadiens sont beaux à voir. S’ils gardent cette même philosophie, ils continueront de s’améliorer.
J’ai bien hâte de voir comment ils vont se comporter, ce soir, au Madison Square Garden. Ça s’annonce plus difficile que contre les Ducks puisque les Rangers sont en feu, eux qui ont gagné leurs cinq derniers matchs et trônent en tête de la section Métropolitaine. Les Canadiens doivent aborder cet affrontement comme un défi de plus à relever dans une saison où chaque pas vers l’avant compte pour l’avenir.