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L'article provient de Le Journal de Québec
Sports

Le plus beau jour de la carrière de Félix

Le Québécois de 21 ans a mis un terme à huit échecs en finale pour remporter son premier titre individuel ATP

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Photo portrait de Jessica Lapinski

Jessica Lapinski

2022-02-13T16:03:04Z
2022-02-14T03:35:55Z
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Félix a levé les bras au ciel, puis s’est agenouillé sur le court de Rotterdam. Sur cette balle de match frappée en dehors des lignes par Stefanos Tsitsipas, il sentait s’envoler le poids de huit finales perdues. Voilà Auger-Aliassime champion d’un tournoi ATP, au terme d’un match ultime qu’il a survolé 6-4 et 6-2.

• À lire aussi: Félix Auger-Aliassime dans le carré d'as à Rotterdam

« C’est le plus beau jour de ma carrière, et, j’espère, le premier de plusieurs autres titres », a lancé le champion de 21 ans sur le terrain, dimanche, peu après avoir brandi à la foule l’assiette décernée au vainqueur.

Car elle lui pesait cette séquence de défaites en finale, amorcée il y a trois ans à Rio, alors qu’il n’avait que 18 ans. À maintes reprises en conférence de presse, l’athlète qui a grandi à L’Ancienne-Lorette, près de Québec, a parlé du « soulagement » qu’il a ressenti sur l’ultime faute directe de Tsitsipas.

Photo AFP
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« Je suis heureux, mais le soulagement, c’est sûrement le sentiment qui prime en ce moment, a concédé Félix. J’ai vécu de très beaux moments dans ma carrière, en Grand Chelem ou dans d’autres tournois. Chaque victoire est spéciale, mais celle-là est sans doute celle qui enlève le plus grand poids de mes épaules. »

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Parfait au service

Auger-Aliassime avait souvent paru nerveux à ses huit premiers matchs ultimes. Pas dimanche. Le Québécois s’est montré impérial dimanche, notamment au service. D’un bout à l’autre de la rencontre, il a dominé le Grec, pourtant quatrième mondial et favori du tournoi.

À la manche initiale, Félix — classé troisième tête de série — a remporté les 16 points disputés sur sa première balle. Il a placé 73 % de ses premiers services en jeu. Des statistiques impressionnantes qui ne laissaient aucune chance à Tsitsipas.

Photo AFP
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« Mon service devient une grande arme depuis quelques semaines, quelques mois. C’est quelque chose sur quoi je peux m’appuyer dans les matchs comme ça », a pointé Auger-Aliassime.

L’objectif ultime

Mais ce qui a aidé le jeune joueur de tennis à soulever, finalement, son premier trophée individuel sur l’ATP, c’est qu’il a fait de son titre l’objectif ultime de cette campagne 2022.

« Après la dernière saison, je me suis assis avec mon équipe, a-t-il raconté. J’ai dit qu’il fallait que je mette les choses en place pour remporter ce premier titre. C’est devenu un objectif vraiment précis. C’était le premier objectif. »

Un joueur dominant

Clairement, cette rencontre a porté ses fruits. La progression de Félix était déjà fulgurante, lui permettant de percer le top 10 à la fin de la dernière campagne.

Cette victoire dans un événement ATP 500, troisième catégorie de tournois en importance, lui permettra d’ailleurs d’apparaître au huitième rang ce matin, un sommet dans sa carrière. Il était neuvième dimanche.

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Mais cette année, le natif de Montréal se dit plus « mature ».

« Je suis un meilleur joueur que lors de mes premières finales. Cette année, j’ai déjà quelques victoires sur des joueurs contre lesquels j’avais des fiches négatives [dont Tsitsipas, qui avait remporté leurs cinq derniers duels].

« J’ai réussi à renverser la vapeur, cette tendance négative. Je deviens moi-même un joueur qui peut dominer le tennis. »


Félix Auger-Aliassime est le deuxième joueur québécois de l’ère moderne, après Greg Rusedski en 1993, à remporter un titre ATP. Rusedski a toutefois changé d’allégeance deux ans plus tard, choisissant de défendre plutôt les couleurs de la Grande-Bretagne.

Pour lui et pour sa famille  

Cette victoire, ce n’est pas seulement la sienne, a affirmé Félix, dimanche. C’est aussi celle de sa famille, de ses entraîneurs, qui ont vécu avec lui la déception que déclenchait chacun des revers qu’il avait encaissés en finale par le passé.

Aux Pays-Bas, Félix était accompagné de sa mère, Marie, qui a choisi de voyager davantage avec son garçon cette saison. C’est d’ailleurs vers elle qu’il s’est précipité après avoir célébré sur le terrain.

Les images télévisées montraient également Auger-Aliassime tenter de parler à son père Sam sur l’application Facetime depuis les gradins. Celui-ci est resté à Québec afin de diriger son académie de tennis.

« Il n’y a pas eu de conversation ! a ri le Québécois, questionné par Le Journal après la conférence de presse. Avant la cérémonie, mon coach a tenté de l’appeler, mais j’ai seulement pu voir son sourire, le voir si heureux pour moi. Toute ma famille, ça fait longtemps qu’on en parle, qu’on veut gagner ce premier tournoi. »

Doutes et peurs

Plus tôt, Félix avait souligné à quel point son entourage – dont son entraîneur Frédéric Fontang et son conseiller, Toni Nadal – était engagé émotivement dans sa carrière.

« C’était génial d’avoir mes coachs ici, mais aussi ma mère, a-t-il commenté. Nous avons gagné ce titre ensemble et nous sommes très heureux. »

« J’en ai entendu parler si souvent [de ces finales perdues], croyez-moi. Ce n’était pas facile. Je suis humain, je vis les mêmes émotions que tout le monde. J’ai eu des doutes, des peurs, du stress, mais je tentais de faire de mon mieux. Je vais pouvoir jouer plus librement mes prochaines finales. »

« Se gâter »

C’est d’ailleurs avec ses proches, au restaurant, qu’il fêtera ce triomphe. Plus libre, plus serein et plus riche de près de 160 000 $. Si Félix ne savait pas encore ce qu’il allait manger, une chose était certaine : il allait « se gâter ».

Les célébrations seront toutefois brèves. Auger-Aliassime retournera un peu chez lui, à Monte-Carlo, avant de prendre la route de Marseille, où il doit entrer en scène dès jeudi.

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