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L'article provient de Le Journal de Québec
Monde

Guerre en Ukraine: un pompier d’ici nourrit les réfugiés en Pologne

Serge Fournier dans le camion de rue de la fondation pour laquelle il est bénévole en Pologne.
Serge Fournier dans le camion de rue de la fondation pour laquelle il est bénévole en Pologne. Photo courtoisie
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Photo portrait de Martin Lavoie

Martin Lavoie

2022-04-17T04:00:00Z
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Outré par l’invasion de l’Ukraine par la Russie et les tactiques inhumaines du président Poutine, un pompier québécois a voulu contribuer et il nourrit maintenant les réfugiés qui attendent pour traverser la frontière polonaise.

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Serge Fournier n’en est pas à ses premiers engagements humanitaires. Il a réalisé sept missions en Haïti à partir de 2010 et en même été l’organisateur durant six ans.

«Je me sens privilégié. Je veux aider la société et laisser quelque chose derrière moi. Avec chaque petit geste de chaque personne, tous ensemble, on peut faire une différence», a affirmé Serge Fournier, rejoint mercredi dernier par Le Journal.

L’attaque russe l’ayant affecté au point de le réveiller la nuit, il a décidé de joindre un mouvement d’aide pour les Ukrainiens.

Après avoir utilisé des vacances en banque et fait des échanges de quarts de travail avec des collègues, il a pris la direction de la Pologne, le 4 avril dernier.

Pizzas pour la paix

M. Fournier a joint la fondation écossaise Siobahn’s Trust. Sous le slogan «Faites de la pizza, pas la guerre», la fondation offre des repas chauds aux réfugiés.

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«Nous sommes près de Medyka, en Pologne, le principal poste frontalier avec l’Ukraine. On distribue la nourriture aux gens qui attendent du côté de l’Ukraine. Ça peut leur prendre jusqu’à neuf heures avant de pouvoir traverser», explique le pompier de la Ville de Montréal.

M. Fournier distribuant des pizzas à des réfugiés ukrainiens.
M. Fournier distribuant des pizzas à des réfugiés ukrainiens. Photo courtoisie

«On s’occupe d’acheter l’épicerie tous les jours, on doit monter et démonter la cantine mobile. Parfois on distribue la nourriture dans les autobus. On travaille de 12 à 16 heures par jour. Il n’y a pas d’installations du côté de l’Ukraine à cet endroit», précise M. Fournier au sujet de cette zone rurale.

Comme d’autres, le Québécois est impressionné par la résilience des Ukrainiens.

«Ce que je vois, ce sont des gens extraordinaires. Ils ne se plaignent jamais. Ils font la file dans le froid, la pluie, avec leurs enfants. Maintenant qu’il y a des villes libérées, on voit même des personnes retourner en Ukraine», note-t-il.

«Une jeune de même pas 20 ans n’a pu traverser la frontière puisqu’elle n’a pas son passeport. Elle ne sait pas où sont rendus ses parents. Elle a décidé de travailler avec nous. Qui pourrait faire cela?», questionne-t-il.

Une Québécoise dans le rang

Dans cette file d’attente, il a même croisé la Dre Joanne Liu, pédiatre à l’hôpital Sainte-Justine, professeure en urgences pandémiques à McGill et ancienne présidente de Médecins sans frontières. 

Elle revenait de soigner des Ukrainiens dans un train médical en zone de guerre.

La Dre Joanne Liu revenait de soigner des Ukrainiens dans un train médical en zone de guerre lorsqu’elle a rencontré M. Fournier au poste frontalier de Medyka où elle faisait la file comme les autres réfugiés.
La Dre Joanne Liu revenait de soigner des Ukrainiens dans un train médical en zone de guerre lorsqu’elle a rencontré M. Fournier au poste frontalier de Medyka où elle faisait la file comme les autres réfugiés. Photo courtoisie

M. Fournier a été touché également par ce Français qui ravitaille la ville de Lviv en médicaments, par une autre bénévole comme lui qui a ramené chez elle et à ses frais une Ukrainienne qui a tout perdu et a passé un mois caché dans son sous-sol.

Il a mesuré l’inquiétude des Ukrainiens face aux attaques chimiques lorsqu’un homme avec lui a demandé un masque à gaz en apprenant que M. Fournier était pompier.

«J’ai aussi vu une femme qui pleurait en nous regardant travailler. Ça m’a rendu très émotif aussi», avoue-t-il.

En faire plus

L’homme de 54 ans terminera son action bénévole le 22 avril. «Les Canadiens sont très appréciés ici, notamment parce qu’il a été le premier à reconnaître l’invasion.»

Et selon lui, une intervention militaire devrait avoir lieu en Ukraine.

«On a laissé faire Hitler en Pologne [en 1939] en disant qu’il n’irait pas plus loin. On a vu ce qui est arrivé ensuite. Après l’Ukraine, que va faire Poutine? Il faudrait commencer par occuper et protéger l’ouest de l’Ukraine et démontrer qu’on n’accepte pas ce qui se passe», estime Serge Fournier.

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