«Qui se souvient de René Lévesque»: un politicien qui fascine toujours 35 ans après sa mort


Guillaume Picard
Trente-cinq ans après la mort de René Lévesque, l’ancien premier ministre continue de fasciner les Québécois.
Le fondateur du Parti québécois, qui aurait eu 100 ans cette année, est pratiquement devenu un mythe. Il rallie à la fois ses camarades de combat et certains de ses opposants qui, contrairement à lui, n’ont jamais souhaité que le Québec devienne un pays.
Dans le documentaire «Qui se souvient de René Lévesque?», présenté mercredi à Télé-Québec, le journaliste de «L’Actualité» Guillaume Bourgault-Côté et le réalisateur Louis Asselin («Fermont», «Nos élus») vont à la rencontre de gens qui ont connu René Lévesque ou qui s’intéressent à son héritage.

La route les mène jusqu’au décor de carte postale de New Carlisle, en Gaspésie, où le jeune Lévesque, né le 24 août 1922, a été élevé dans un milieu où francophones et anglophones se côtoyaient.
Le documentaire donne la parole à plusieurs personnes, dont sa directrice de cabinet Martine Tremblay, l’ancienne première ministre péquiste Pauline Marois, l’ancienne ministre libérale Liza Frulla, et le PDG de l’Association d’études canadiennes Jack Jedwab, en se rendant, dans son cas à Westmount, où le boulevard René-Lévesque est demeuré le boulevard Dorchester.
Le chroniqueur du «Journal» et animateur à QUB radio Antoine Robitaille intervient également, ainsi que Claude Lévesque, l’un des trois enfants de «ti-poil», qui révèle que son père était «très présent» malgré son horaire de premier ministre.
«Il s’intéressait à ce qu’on faisait [...], il s’intéressait à nos lectures. Quand on était jeunes, il nous lisait les albums de "Tintin", c’était un grand événement qu’on voyait venir avec beaucoup de plaisir», raconte cet ancien journaliste – comme son père à ses débuts –, ajoutant que les Lévesque allaient aussi skier en famille le week-end.

Politicien marquant
Selon un coup de sonde fait par Léger dans le cadre du documentaire, René Lévesque est, pour 66 % des répondants, le premier ministre du Québec le plus marquant depuis la Révolution tranquille. Cela ne laisse que des miettes aux autres: Robert Bourassa (8 %), Jean Lesage (4 %) et Jacques Parizeau (3 %). Lucien Bouchard, Jean Charest et Bernard Landry (2 %) ainsi que Pauline Marois et Philippe Couillard (1 %) ferment la marche.
«On voulait suivre la quête d’un journaliste politique qui a entendu parler de René Lévesque toute sa vie sans le couvrir professionnellement parlant. Essayer de comprendre pourquoi, encore aujourd’hui, il est autant cité et apprécié. Des morceaux de son héritage sont revendiqués par presque toutes les formations politiques à Québec. On voulait voir ce qu’il y a dans l’héritage et dans l’homme lui-même qui a fait en sorte de marquer autant les Québécois et les politiciens», a dit en entrevue le réalisateur Louis Asselin.
«Ce n’était pas un politicien comme aujourd’hui qui projette une image de perfection, la portion imperfection fait un peu partie des raisons pour lesquelles il a autant marqué les Québécois», a-t-il ajouté.

Héritage
Le documentaire s’attarde à l’héritage social et économique des politiques mises de l’avant par René Lévesque, à la fois comme ministre libéral sous Jean Lesage et comme premier ministre du Québec, de 1976 à 1985, deux ans avant sa mort subite survenue le 1er novembre 1987.
On parle ainsi de la nationalisation de l’hydroélectricité, des lois sur la protection du territoire agricole et du consommateur, de la loi 101 protégeant le français, de la loi sur le financement des partis politiques, de la fin des clubs privés de chasse et de pêche – le grand «déclubage» – réservés aux grandes fortunes et aux Américains, ainsi qu’à l’intégration de l’orientation sexuelle à titre de motif illégal de discrimination dans la Charte des droits et libertés de la personne, pour ne nommer que quelques faits déterminants de sa carrière.
- Le documentaire «Qui se souvient de René Lévesque» est présenté le mercredi 9 février, à 20 h, à Télé-Québec.