Un polar romantique sur fond historique


Marie-France Bornais
Pour son neuvième roman, Mirages sur la Vallée-de-l’Or, l’écrivaine Claire Bergeron a puisé une partie de son histoire dans les souvenirs familiaux. Dans ce polar, elle évoque la vie en Abitibi, les forts liens d’amitié qui s’y tissent, mais parle aussi des pensionnats autochtones et du difficile parcours des femmes amérindiennes.
Claire Bergeron est née à La Sarre, comme son père et son grand-père, et a vécu de nombreuses années en Abitibi avant de s’établir à Laval. Elle a intégré de nombreux souvenirs familiaux dans ce nouveau roman, dont l’action se déroule dans les années 1950.
« Dans les années 1960, mon père a construit une école dans le village d’Obedjiwan, dont il est question dans le livre. À ce moment, mon frère, Jean-Marie, se préparait à entrer en médecine à l’Université Laval et pendant cet été, il avait accompagné mon père qui construisait l’école. Il avait eu une petite idylle – très pure et très romantique – avec une jeune autochtone de l’endroit qui s’appelait Agathe. »
Quand elle s’est lancée dans l’écriture du roman, Claire Bergeron s’est souvenue de cela. « J’ai toujours eu beaucoup de respect et beaucoup d’estime pour les autochtones. Comme jeune infirmière en Abitibi, je m’étais liée d’amitié avec une garde-malade autochtone qui travaillait dans un sanatorium. J’ai quand même eu beaucoup de contacts avec eux. »
En train
Pour écrire le roman, elle a fait deux nouveaux voyages en Abitibi. « J’ai pris le train du Nord, qui va de Montréal à Senneterre – il en est question dans le roman. Ensuite, j’ai fait un autre voyage pour aller à Saint-Marc-de-Figuery, où il y a eu un pensionnat autochtone dans les années 1950. »
Le maire de l’endroit l’a présentée à des personnes âgées qui avaient connu le pensionnat ainsi qu’à un sage autochtone. « Après avoir rencontré ces gens, j’ai vu que c’était un peu délicat d’écrire sur le pensionnat. Il en est question dans le roman, mais ce n’est pas l’élément principal », note l’auteure.
Claire souhaitait rendre hommage aux femmes autochtones dans son roman, à travers l’histoire fictive d’Agathe Nikweto. Cette femme, victime d’abus dans les pensionnats dans les années 1940, fait tout pour que son fils, Richard, puisse suivre des études supérieures. Richard se lie d’amitié avec Étienne, un jeune Québécois déménagé depuis peu en Abitibi avec son père.
« Cette femme a été victime d’abus à l’âge de 15 ans et prend la fuite vers Val-d’Or avec son enfant pour le sauver du pensionnat. J’ai créé un personnage masculin qui vit lui aussi des choses difficiles. Les deux se retrouvent à Val-d’Or. »
Val-d’Or... ville mythique où les gens pouvaient tout gagner et tout perdre.
Documentation
Claire Bergeron s’est beaucoup documentée pour écrire son roman. Elle a d’ailleurs visité la Cité de l’Or lors de son passage au Salon du livre de l’Abitibi-Témiscamingue. « Je suis passionnée d’histoire – c’est pour ça que mes polars sont toujours sur une trame historique. »
Elle a également demandé à une femme autochtone qui a participé à l’Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées, Mme Natacha Rankin Tanguay, de relire son manuscrit.
- Claire Bergeron a vécu plusieurs années à La Sarre, en Abitibi, avant de déménager à Laval.
- Ses best-sellers ont touché le cœur de milliers de lecteurs sur plusieurs continents.
- Elle a écrit Sous le manteau du silence, Les amants maudits de Spirit Lake et Le crime de sœur Marie-Hosanna, entre autres.
EXTRAIT
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Claire Bergeron
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Éditions Druide, 432 pages.](/_next/image?url=https%3A%2F%2Fm1.quebecormedia.com%2Femp%2Femp%2F63663124_3290984e95ef7d-9b25-4dfd-9b8d-7953a8781e69_ORIGINAL.jpg&w=3840&q=75)
« Demain commencerait la longue odyssée pour se rendre à Clova et, de là, ils monteraient à bord du train qui les conduirait à Senneterre, puis à Val-d’Or. Thomas et deux hommes de la communauté les accompagneraient dans les déplacements en canot sur les lacs et les rivières, aussi pour effectuer les portages et transporter leurs maigres bagages. Puis, sur le quai de la gare, à Clova, viendrait l’instant des adieux, pour une période indéterminée. »