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L'article provient de Le Journal de Montréal
Sports

Ado québécois de 7 pi et 3 po: un plan solide pour protéger «la poule aux œufs d’or»

Jérémy Gohier suscite énormément d’intérêt de la part des recruteurs et grands entraîneurs de basketball aux États-Unis et en Europe

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Photo portrait de François-David Rouleau

François-David Rouleau

2025-02-03T00:00:00Z
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À 7 pi 3 po, Jérémy Gohier est un spécimen rare qui fait tourner les têtes sur tous les parquets où il drible le ballon et «dunk» au panier. Si sa taille est valorisée dans son sport, elle est toutefois un véritable défi dans la vie quotidienne. Du haut de ses 14 ans et 2,22 mètres, il essaie de voir la vie du même œil que n’importe qui. Plongeon dans l’univers d’un espoir de la NBA en 2030.


L’intérêt était si fort autour d’un jeune garçon de 12 ans et les approches si nombreuses que son entourage a décidé de lui coller un chaperon pour le guider dans son sport. C’est la réalité dans laquelle évolue Jérémy Gohier, alors que son entraîneur personnel le suit pas à pas lors de chacun de ses déplacements au Canada et aux États-Unis.

«Quand on parle avec des dirigeants du monde du basket et qu’ils le regardent sur le terrain, ils voient la poule aux œufs d’or, s’exclame Daniel Mulumba, son chaperon.

«Tout le monde essaie de l’attirer dans leur programme pour les retombées que Jérémy peut représenter, mais aussi pour la reconnaissance et le prestige de l’avoir amené au plus haut niveau», ajoute-t-il à propos du jeune garçon voué à un bel avenir dans le monde du ballon orangé.

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Daniel Mulumba et Jérémy Gohier, phénomène de 14 ans au basket qui mesure 7 pi et 3 po. Laval, 11 décembre 2024. PIERRE-PAUL POULIN/LE JOURNAL DE MONTRÉAL/AGENCE QMI
Daniel Mulumba et Jérémy Gohier, phénomène de 14 ans au basket qui mesure 7 pi et 3 po. Laval, 11 décembre 2024. PIERRE-PAUL POULIN/LE JOURNAL DE MONTRÉAL/AGENCE QMI

«Le basket, c’est vraiment un milieu vicieux, car c’est devenu une très grosse business», lance-t-il, attablé avec celui qui lui a donné le mandat de suivre l’ado aussitôt qu’il quitte Laval, Emmanuel Borno.

Un ado de 7 pi et 3 po qui sait se démarquer sur le parquet, c’est bien plus gros que la poule aux œufs d’or pour un programme et les requins du marketing ou de la pub au pays de l’Oncle Sam.

MARTIN ALARIE / JOURNAL DE MONTREAL
MARTIN ALARIE / JOURNAL DE MONTREAL

Voyage marquant

Dans l’Association de basketball de Laval (ABL), Borno voit Jérémy grandir depuis qu’il a saisi le ballon sur un court à l’âge de 6 ans. Il l’a entraîné et a bâti une solide relation avec le jeune et sa famille. C’est lors d’un voyage à Toronto l’an dernier qu’il a vu tout l’intérêt que suscitait son jeune protégé. Lâché dans l’arène, Jérémy était approché par une tonne de loups et de renards, aussi rusés que ratoureux les uns que les autres.

C’était logique de placer Daniel, son instructeur depuis trois ans, à ses côtés. Ils se connaissent et s’entendent à merveille. Daniel sert de lien entre toutes les entités gravitant autour du jeune athlète.

«Depuis que la NCAA a changé sa réglementation sur la rémunération, c’est le wild, wild west. Il y a du maraudage et des enveloppes pour le convaincre d’aller à tel ou tel endroit, relate Mulumba. On veut se tenir loin de ça et penser à notre mission pour assurer le meilleur à Jérémy.»

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Refus net

Du même souffle, Mulumba raconte avoir refusé un cachet de plusieurs centaines de milliers de dollars dans la dernière année. Pas question de vendre son protégé avec qui il a bâti une relation de confiance transparente. Il le traite comme son petit frère et en aucun cas il ne voudrait le voir malheureux.

MARTIN ALARIE / JOURNAL DE MONTREAL
MARTIN ALARIE / JOURNAL DE MONTREAL

À ses côtés, Borno réfléchit et cite un passage de la Bible: «À quoi bon pour un homme de conquérir le monde s’il perd son âme», ajoute-t-il, en écoutant son homme de confiance.

«Chaque année, on nous met de la pression et on nous impose un ultimatum. On nous dit que si on ne prend pas l’opportunité sur la table, ça ne reviendra pas, signale Borno, avec un sourire en coin. Mais il y en a toujours une de plus. Ce ne sont pas les opportunités qui manquent.»

MARTIN ALARIE / JOURNAL DE MONTREAL
MARTIN ALARIE / JOURNAL DE MONTREAL

Mécanisme de surveillance

«Présentement, le succès obtenu avec Jérémy, c’est parce que nous avons fait les choses d’une bonne façon, insiste-t-il. On ne lui a jamais mis de pression et on le laisse être lui-même. On le laisse jouer.

«On a établi un plan et on travaille de concert avec ses parents, des gens loyaux. La mission de Jérémy, elle est plus grande que l’intérêt personnel.»

Au fil des mois, ils ont donc monté une barricade autour de l’athlète et instauré plusieurs mécanismes dans le processus décisionnel afin de prioriser ses besoins. En mode collecte d’informations, ils entretiennent les bonnes relations en attendant le bon moment pour tracer son chemin vers les hautes sphères du basket dans quelques années.

Car ils ne veulent pas disparaître une fois les décisions prises. À leurs yeux, «Jay» sera toujours le «petit grand bonhomme» de 6 ans se promenant dans le gymnase et qui a cheminé dans leur programme.

PHOTO FOURNIE PAR GENEVIÈVE BROSSEAU
PHOTO FOURNIE PAR GENEVIÈVE BROSSEAU

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