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L'article provient de Le Journal de Québec
Culture

Un plan d’action pour le futur immédiat

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Photo portrait de Jacques Lanctôt

Jacques Lanctôt

2022-08-13T04:00:00Z
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« Tant que l’indépendance n’est pas faite, elle reste à faire », clamait feu notre poète national Gaston Miron. Et le regretté cinéaste Pierre Falardeau de renchérir, paraphrasant Hô Chi Minh : « Rien n’est plus précieux que la liberté et l’indépendance »

Une citation du même Falardeau, en exergue, annonce les couleurs de cet ouvrage de l’ancien ministre péquiste et je trouve important de la reproduire : « Comme si la lutte de libération nationale n’était pas, en soi, un projet de société. Le bateau coule et des passagers veulent discuter de l’aménagement intérieur de la chaloupe. Ramons, câlice ! On discutera ensuite de la couleur de la casquette du capitaine ou de la forme des rames. L’indépendance n’est pas le paradis. Ce n’est pas la solution à tous nos problèmes. Mais il s’agit de choisir enfin. Ou le statut de nation annexée à jamais, ou la liberté. »

Nicolas Marceau, qui se définit comme un homme de centre gauche aux idées progressistes, n’est pas de ceux qui se bercent de beaux discours en attendant le Grand Soir, et il avoue d’emblée vouloir plutôt infléchir le cours de l’histoire. 

Comme l’indépendance du Québec est intrinsèquement une belle histoire et un aboutissement nécessaire, voire urgent, il se dit que si une majorité de Québécois n’y ont pas encore adhéré, c’est sûrement qu’on s’y est pris d’une mauvaise façon. Il faut donc être prêt à changer nos manières de faire. Or, il s’agit, avant tout, de positionnement, affirme-t-il. Peu importe que le chef du Parti québécois soit charismatique ou pas, il faut que le parti prenne parti sur tous les grands enjeux de la société « ne relevant pas de la question nationale » : « lutte aux inégalités, prospérité du Québec, lutte contre les changements climatiques, protection et épanouissement du français, lutte contre les discriminations, laïcité de l’État », etc. 

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Regrouper les forces

Cela peut sembler contradictoire avec le mot d’ordre de Falardeau cité en exergue, mais ça ne l’est pas en réalité, car il faut aussi assortir ces positionnements à une condition sine qua non, celle de faire d’abord l’indépendance afin de pouvoir mieux défendre nos priorités. Et pour y parvenir, il propose la création d’un vaste regroupement des forces indépendantistes « ayant pour unique objectif de réaliser la souveraineté du Québec ». Ce n’est pas une organisation qui se substituerait au Parti québécois, qui aurait toujours sa raison d’être – dans un premier temps du moins –, mais plutôt une sorte de groupe de pression « dont le fonctionnement et le positionnement sont choisis de manière telle que puissent y loger sans problème la vaste majorité des Québécois et des souverainistes, peu importe leur vision politique sur différents enjeux – sauf sur la question nationale, évidemment ». 

Mais à la longue, ce rassemblement de souverainistes venus d’horizons divers devra se transformer en parti politique, précise l’ex-ministre péquiste. Des partis politiques existants pourraient s’y fondre ou s’y greffer. Une sorte de « front ample » comme on en a vu au Chili, en Uruguay, en France ou ailleurs.

Si la souveraineté est la raison première de ce rassemblement, il ne faudra pas négliger d’autres enjeux importants qui intéressent les Québécois et leur démontrer comment seulement la souveraineté permettra d’avoir un Québec plus vert, plus juste, plus riche. Ce rassemblement devra éviter l’exclusion, c’est-à-dire les prises de position trop tranchées qui suscitent le rejet plutôt que l’adhésion. Il faudra permettre que toutes les tendances puissent s’y exprimer, étant entendu qu’une fois la souveraineté accomplie, les Québécois pourront voter pour le parti de leur choix, gauche, centre ou droite, comme cela se fait partout ailleurs.

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Discussions et négociations

Ce regroupement des souverainistes devra nécessairement se pencher sur les mécanismes d’accession à l’indépendance, car passer du statut de province à celui de pays souverain nécessitera discussions et négociations. Mais pour Marceau, « le Québec sera essentiellement identique au lendemain de sa souveraineté, mais avec une gouvernance largement améliorée et, évidemment, des institutions toutes québécoises en remplacement des institutions fédérales ». 

Ces paroles me déçoivent. Pourquoi « changer quatre trente sous pour une piastre ? » Je voudrais un Québec différent, enfin libéré de ses carcans, avec des artistes fiers d’être les fers de lance d’une culture francophone, unique en Amérique. C’est ma seule réserve. Sinon, ce livre est un plan d’action pour le futur immédiat.

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