Un permis, trois annonces sur Airbnb: il est encore facile de contourner la loi
En septembre dernier, la ministre du Tourisme avait pourtant promis de serrer la vis aux récalcitrants

Anouk Lebel
Un seul numéro utilisé pour trois annonces, deux résidences principales pour la même personne: il est encore facile de contourner la nouvelle loi provinciale qui veut limiter les locations touristiques à court terme sur Airbnb, a constaté Le Journal.
Le Journal a trouvé neuf annonces liées à des permis enregistrés pour des logements appartenant à Alexandre Gauvin ou Vadim Kuzmenko depuis que d'anciens locataires ont raconté avoir été choqués de voir leurs logements précédents sur Airbnb.
Sept sont non conformes parce qu'elles affichent un numéro de permis déjà affiché sur une autre annonce.
Trois affichent un numéro de permis enregistré au nom de M. Kuzmenko à la Corporation de l’industrie touristique du Québec (CITQ) dans Mercier–Hochelaga-Maisonneuve.
Deux réfèrent à un permis enregistré au nom de M. Gauvin dans le même arrondissement.
Une personne, deux résidences principales
En plus d'un permis pour un établissement d'hébergement touristique général, M. Kuzmenko, a aussi deux permis pour louer sa résidence principale, selon une liste du ministère du Tourisme rendue publique en mars.
La première résidence principale est dans Notre-Dame-de-Grâce et l'autre, dans Mercier–Hochelaga-Maisonneuve.
«La loi ne sert à presque rien, c’est une vraie passoire», dénonce Cédric Dussault, du Regroupement des comités logement et associations locataires du Québec (RCLAQ).
«Les résidences principales, c’est une vraie blague, il n’y a personne qui vérifie si c’est bien une résidence principale», fustige-t-il.
Il note que le nombre d’annonces sur Airbnb a augmenté depuis un an. Depuis septembre dernier, la loi provinciale est pourtant censée être plus sévère, obligeant les plateformes à afficher un numéro de permis conforme.
En août 2023, la ministre du Tourisme, Caroline Proulx, avait même assuré que les ressources de Revenu Québec seraient bonifiées pour pincer les récalcitrants.
- Écoutez les explications du journaliste Dominique Cambron-Goulet via QUB :
Pas de registre
Dans un courriel, Revenu Québec, indique recevoir plus de 6000 dénonciations annuellement, dont chacune «fait l’objet d’une analyse rigoureuse».
L’organisme gouvernemental n'a pas voulu confirmer ou infirmer si un processus d'enquête était en cours pour les adresses identifiées par Le Journal pour des raisons de confidentialité.
Il dit par ailleurs ne pas détenir le registre des résidences principales des particuliers.
Au moment d’écrire ces lignes, le ministère du Tourisme n’avait pas répondu à nos demandes.
Joint au téléphone, Alexandre Gauvin s'est abstenu de tout commentaire. Vadim Kuzmenko n'a pas répondu à nos demandes.