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L'article provient de TVA Nouvelles

Un passeport vaccinal aux effets limités, conclut une étude

Photo d'archives, Martin Alarie
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Nora T. Lamontagne | Le Journal de Montréal

2022-10-27T01:14:31Z
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L’effet du passeport vaccinal a été limité au Québec étant donné le taux de vaccination déjà très élevé dans la province, selon une nouvelle étude.  

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Les chercheurs évaluent que la couverture vaccinale n’a augmenté que de 0,9 % grâce à cette mesure controversée, implantée en septembre 2021 par le gouvernement Legault. 

«Ça peut apparaître faible, mais il faut contextualiser. Environ 82 % de la population avait déjà reçu une première dose quand le passeport a été annoncé», rappelle le professeur associé au département d’épidémiologie et biostatistiques de l’Université McGill Mathieu Maheu-Giroux, qui a participé à l’étude. 

Parmi ceux qui ont reçu une première dose pendant les 6 semaines suivant l’annonce du passeport, près d’un sur quatre aurait été convaincu par le passeport, note-t-on. 

Cela représente entre 50 000 et 80 000 Québécois, selon l’auteur principal, Jorge Luis Flores.

Les incertains convaincus

Les plus susceptibles d’avoir finalement relevé leurs manches sont ceux qui étaient ouverts à la vaccination, sans en avoir fait une priorité. 

«L’annonce du passeport vaccinal a donné le signal qu’on devait se faire vacciner maintenant, et pas dans trois mois, si on voulait profiter des lieux de rassemblements comme les restaurants ou les bars», poursuit l’assistant de recherche en épidémiologie de l’Université McGill. 

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L’article, qui doit encore être révisé par les pairs avant d’être publié dans une revue scientifique, souligne aussi que le passeport n’a pas eu d’impact notable sur les taux de vaccination des populations racisées et plus pauvres. 

Pas la meilleure façon

Après avoir pris connaissance des conclusions des chercheurs, l’épidémiologiste Nimâ Machouf considère que le passeport vaccinal «n’en a pas valu la peine». 

«Étant donné qu’on était extrêmement bien vaccinés, imposer une obligation vaccinale pour aller chercher quelques points de pourcentage de vaccination de plus dans une tranche limitée de la population, ce n’était peut-être pas la meilleure façon», affirme-t-elle, en évoquant l’aversion de plusieurs pour cette mesure. 

«Il y a eu des coûts sociaux pour les non-vaccinés visés par le passeport», affirme aussi Jorge Luis Flores. D’où l’importance pour lui d’avoir des estimations de l’impact des politiques publiques qui nourriront le débat en société. 

«On doit tirer des leçons correctes de tout ce qui s’est fait pendant la covid, parce que des épidémies, on en aura d’autres», ajoute Mme Machouf.

Pour le bien des non-vaccinés

De son côté, le ministère de la Santé refuse de se prononcer sur l’étude sans l’avoir relue attentivement. 

«D’un point de vue de santé publique, l’argument principal en faveur du passeport vaccinal n’était pas de convaincre ou de récompenser les gens qui étaient adéquatement vaccinés, mais plutôt de diminuer les risques d’exposition au virus des personnes non vaccinées», écrit-on. 

Le professeur Maheu-Giroux compte d’ailleurs se pencher dans un deuxième temps sur les effets du passeport vaccinal sur la transmission de la covid dans les endroits identifiés par le gouvernement. 

«Il faut évaluer tous les aspects de cette politique de santé», soutient-il. 

Le cabinet du ministre de la Santé Christian Dubé n’avait pas encore répondu aux questions du Journal au moment de mettre en ligne. 

En date d’aujourd’hui, 84.8 % des Québécois avaient reçu au moins une dose de vaccin, et 61,7% étaient considérés comme adéquatement vaccinés. 

L’Ontario, qui a aussi instauré un passeport vaccinal, a pour sa part vu sa couverture vaccinale augmenter de 0,7 %.

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