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L'article provient de TVA Nouvelles
Affaires

Un passé d’escroc pour le promoteur immobilier Stéphan Huot

Stéphan Huot
Stéphan Huot PHOTO D'ARCHIVES, DIDIER DEBUSSCHÈRE
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Jean-François Cloutier et Katryne Lamontagne | Bureau d'enquête

2023-06-22T04:00:00Z
2023-06-22T09:14:48Z
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Le promoteur immobilier Stephan Huot n’en est pas à ses premiers déboires financiers, lui qui a fait faillite et qui a été reconnu coupable de fraude lors d’un de ses premiers projets de développement résidentiel. Et des créanciers de l’époque n’ont jamais revu leur argent. 

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«À l’époque, il n’avait pas payé ses fournisseurs», relate une source qui a été aux premières loges de ce fiasco survenu en 1996, qui s’est soldé par une faillite et des accusations au criminel.

En 1996, Stéphan Huot – qui fait les manchettes depuis la mi-février étant donné les problèmes financiers importants de son entreprise, le Groupe Huot – était à la tête d’un projet de construction de 32 unités unifamiliales dans la région de Québec, baptisé Grande Ligne. Par l’entremise de ses compagnies, il agissait en tant que propriétaire des terrains, constructeur et courtier.

En août de la même année, le projet aurait éprouvé des difficultés financières et manqué de liquidités, peut-on lire dans plusieurs jugements rendus dans les années 2000.

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Fraude bancaire

Avec l’aide de son comptable, Huot aurait alors mis en place une stratégie de fraude bancaire, connue sous les noms de kiting ou «cavalerie de chèques». 

Le kiting est «une manœuvre illégale consistant à faire circuler des chèques entre plusieurs comptes apparentés de manière à profiter du temps écoulé entre le dépôt d'un chèque et sa compensation», explique un jugement. 

Huot aurait ainsi fait circuler environ 1000 chèques sans provision totalisant plus de 62M$ entre des comptes personnels et de compagnies, de septembre à décembre 1996.

Le promoteur a ainsi pu obtenir du financement supplémentaire des banques, qui croyaient à tort que les compagnies avaient les reins solides. Le subterfuge a toutefois été découvert et l'entreprise s’est retrouvée débitrice d'une somme de 650 000$ à l'égard de quatre banques.

En novembre 1996, les immeubles du projet résidentiel ont été visés par des hypothèques légales. L’année suivante, Huot se déclarait insolvable et une de ses compagnies a été mise en faillite. Des créanciers n’ont jamais revu leur argent, selon les jugements de l’époque.

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Coupable

En février 1999, à la suite d’une enquête policière, Huot a fait face à cinq chefs d’accusation pour escroquerie. Il plaide coupable en octobre 2000 et bénéficie d’une absolution conditionnelle. Il doit tout de même verser 75 000$ à une organisation charitable et effectuer 250 heures de travaux communautaires. 

Certains prêteurs actuels du Groupe Huot ignoraient le passé de son dirigeant, nous ont-ils fait savoir. D’autres le connaissaient, mais lui ont tout de même fait confiance.

«Ça faisait plus d’une quinzaine d’années. On était impressionné par le développement du groupe, on trouvait qu’il s’était bien relevé. Mais soyez assuré que nous, comme investisseur, on se l’est posé la question: où est l’argent?», expose un prêteur. 

Stéphan Huot n’a pas voulu commenter les faits de son passé et rappelle qu’à ce jour, il n’a plus de casier judiciaire. En effet, le casier judiciaire est temporaire dans des cas d’absolutions conditionnelles.

«Je déplore qu’on me pose une étiquette criminelle», a-t-il écrit dans une déclaration qu'il nous a transmise. 

– Avec Philippe Langlois et Ian Gemme

Aussi sanctionné par le syndic

Le syndic de l’Association des Courtiers et Agents immobiliers du Québec s’est lui aussi penché sur le cas de Stéphan Huot dans la foulée du fiasco du projet Grande Ligne.

En 2003, le promoteur immobilier a été visé par deux chefs disciplinaires, dont un lié à la fraude bancaire. Il plaide coupable en 2006 et voit son permis de courtier immobilier suspendu pour trois ans. Il obtient toutefois que cette décision ne soit pas publiée dans un journal local. 

Huot avait aussi plaidé coupable en 2000 à quatre autres chefs disciplinaires, dont un d’avoir facturé une commission de 10% alors qu’un contrat stipulait 7%. Il est condamné à des amendes de 4600$. 

L'année précédente, il avait écopé d’amendes de 1800$ pour de la sollicitation interdite de clients. Son ignorance des règles était alors jugée inexcusable par le comité de discipline. 

À ce jour, Stéphan Huot n’a plus de permis de courtage.

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