Un projet d’un terrain de baseball de 9 M$ d’un riche homme d’affaires de Saint-Hyacinthe soulève les passions
La compagnie JEFO de Jean Fontaine veut construire un terrain de baseball qu’il revendra à la Ville de Saint-Hyacinthe dans le cadre d’un mégaprojet immobilier


Mathieu Boulay
La compagnie d'un des hommes d'affaires les plus fortunés au Québec est impliquée dans un projet de parc et la construction d’un terrain de baseball à Saint-Hyacinthe qui ne fait pas l'unanimité.
Propriété de Jean Fontaine et de ses enfants, JEFO Construction, l'une des filiales de la multinationale JEFO, veut construire un parc comprenant un terrain de baseball, des modules et des jeux d’eau sur un de ses terrains au coût de 9 millions $ dans le cadre d'un projet immobilier d’envergure en bordure de l’autoroute 20.
À la fin des travaux, la Ville de Saint-Hyacinthe s’est engagée à racheter ces infrastructures au promoteur pour la même somme sur une période de quelques années. Le promoteur et la Ville assurent que le processus sans appel d'offres est légal et conforme.
«C’est un dossier qui manque de transparence en raison de l'entente gré à gré entre la ville et le promoteur. Il manque des détails importants dans ce que le maire nous a présenté, déplore le conseiller David Bousquet. Je demande un temps supplémentaire pour présenter clairement le projet à la population.»
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M. Bousquet n'est pas le seul conseiller à s'opposer à ce projet. Son collègue Jeannot Caron affirme que ces millions devraient être investis dans d'autres projets d'infrastructure.
Ce type de partenariat est de plus en plus récurrent au Québec selon l'experte en gestion municipale et professeure à l'Université du Québec à Montréal, Danielle Pilette.
«On assiste actuellement à un changement de dynamique entre les promoteurs et les villes. Les promoteurs en mènent de plus en plus large dans le Grand Montréal. Ils sont très inventifs.»
Au Québec, selon l'Autorité des marchés publics, le seuil maximal pour tout contrat ou sous-contrat d'un partenariat public-privé est de 5 M$ et de 1 M$ pour une entente de contrat gré à gré. Notons que pour le parc de Saint-Hyacinthe, le montage financier n'est pas encore finalisé.

Triste et choquant
Les dirigeants de JEFO ne comprennent pas les critiques au sujet de leur projet.
«Je trouve cela triste et choquant. Les propos du conseiller sont erronés, indique le vice-président Jean-François Fontaine, rencontré par le Le Journal à son siège social. Pour JEFO, ce parc est un legs à notre communauté.»
En plus du parc, sa compagnie souhaite développer un quartier résidentiel de 1800 portes. Selon les règlements municipaux, JEFO, qui présente un chiffre d’affaires de 450 millions $ par année, doit céder 10% du terrain de son projet à la Ville ou verser une compensation financière.
«C'est la ville qui fait le choix entre une portion de terrain ou la valeur de celui-ci, ajoute Mme Pilette. La Ville de Saint-Hyacinthe a fait un bon choix. C'est plus avantageux.»
Le projet est passé à une autre étape, le 7 juillet dernier, alors qu'une majorité de conseillers a voté en faveur d'une résolution qui permet à JEFO Construction de compléter ses plans et d'établir l'échéancier des travaux.

Le maire se défend
Le maire de Saint-Hyacinthe, André Beauregard, a toujours souhaité la construction d'un nouveau terrain de baseball. Il en avait même fait une promesse électorale lors de son élection.

«Ça fait 10 ans qu’on cherche un endroit pour construire un terrain de baseball synthétique pour accueillir nos joueurs de calibre junior, explique André Beauregard. C’est une opportunité qu’il ne faut pas laisser passer.»
La Ville de Saint-Hyacinthe a déjà réservé une somme de 400 000 $ dans son programme quinquennal d’immobilisations (PQI). Des montants de 4,5 M$ et de 2 M$ sont aussi prévus pour ce projet pour les budgets de 2026 et 2027.
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