Un parfum (trop familier) de fin de régime à la CAQ


Josée Legault
François Legault n’aime pas que les journalistes lui demandent s’il quittera la politique avant les élections d’octobre 2026. Ça se comprend. Car si tout baignait dans l’huile pour lui et le gouvernement caquiste, personne n’oserait soulever un tel scénario.
Si la question se pose, c’est parce que depuis décembre 2023 et malgré l’obtention d’un deuxième mandat fort l’année précédente, la CAQ traîne de plus en plus de la patte derrière un Parti Québécois hissé au premier rang.
Devant une tendance aussi lourde, impossible de ne pas conclure à un bris majeur de confiance entre l’électorat, la CAQ et son chef.
D’autant plus que les raisons derrière ce désamour sont nombreuses. Un réseau de santé toujours aussi dysfonctionnel. Le fiasco Northvolt. Le scandale SAAQclic.
Un déficit record. La première décote d’un gouvernement du Québec en 30 ans. Une crise aiguë du logement dont il ne s’occupe à peu près pas. Plusieurs hôpitaux, écoles et CHSLD en état avancé de décrépitude.
Sans compter l’échec de sa troisième voie autonomiste.
Bref, l’impression est celle d’un gouvernement qui a beaucoup promis, mais livré peu en rapport aux attentes qu’il a nourries. Idem pour ses investissements colossaux en éducation et en santé, qui n’ont pas empêché ces deux réseaux de se détériorer.
Comme l’argent public n’a pas manqué, c’est donc qu’il y aurait de sérieux problèmes de gestion, d’organisation et de gouvernance du côté politique. Après sept ans au pouvoir, ça ne pardonne pas.
Le courage
D’où le nouvel argument de vente du premier ministre: le «courage». En fin de session, il a vanté le «courage» de ses décisions, dont celle de confronter les médecins et de discréditer les syndicats.
En entrevue avec Stéphan Bureau, il s’était aussi plaint de la «négativité» des médias envers son gouvernement. C’est pourtant sous le même écosystème médiatique que de 2018 à 2023, la même CAQ et le même chef trônaient au sommet des sondages...
Or, ces deux réflexes bien précis – se dire «courageux» à travers la tempête tout en blâmant les médias pour sa chute dans les sondages – sont typiques des premiers ministres en fin de régime.
La plupart des premiers ministres inquiets devant la possibilité de perdre le pouvoir ont recours à ces deux mêmes arguments pour tenter d’expliquer la déconfiture de leur parti. C’est un grand classique.
Confiance brisée
L’électorat, par contre, est rarement du même avis. Quand la confiance est brisée, difficile de la ressusciter.
C’est d’ailleurs pourquoi le jour arrive où la plupart des premiers ministres en fin de course, par pure lucidité, finissent malgré tout par annoncer leur démission avant les élections suivantes.
Ils le font pour éviter la défaite, mais aussi dans l’espoir qu’une ou un successeur sauvera tout au moins quelques meubles.
À moins, bien sûr, d’un tremblement de terre politique soudain, comme au PLC avec le tsunami Trump et l’arrivée providentielle de l’extérieur d’un Mark Carney pour remplacer un Justin Trudeau devenu impopulaire.
Il est cependant difficile de voir poindre un miracle semblable pour la CAQ.