Un parc au lieu de logements abordables à Brossard: guerre entre un promoteur immobilier et la Ville
Yves Poirier
En pleine crise du logement, l’administration de la mairesse de Brossard Doreen Assaad a choisi de faire un parc sur un terrain qui devra être décontaminé plutôt qu’un projet immobilier.
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Le promoteur Groupe Altima ne comprend pas cette décision et a même décidé de s’adresser au tribunal pour renverser cette récente décision.
Autrefois, sur le terrain de la rue Anthony, près du boulevard Lapinière, il y avait notamment un garage mécanique, explique Behrang Ashtiani, porte-parole du Groupe Altima.
Il ajoute que l’entreprise pour laquelle il travaille convoite depuis quelques mois le terrain de 50 000 pi2 pour y construire 90 logements ainsi que des immeubles de quatre étages. Selon lui, ils ont l’intention de céder 12% du terrain à la Ville de Brossard pour y aménager un parc.
Le Groupe Altima a même signé une offre d’achat sur le terrain en novembre 2024, conditionnelle à sa décontamination.
Les discussions progressaient avec le service d’urbanisme, selon les informations du porte-parole.
Mais contre toute attente, sans avertissement, l’administration Assaad a adopté, il y a quelques semaines, une résolution pour exercer son droit de préemption, ce qui lui permet d’acheter en priorité le terrain pour le transformer en parc.

«Je trouve ça malheureux surtout ne pas avoir entamé le dialogue avec nous quand c’est arrivé, a déploré le porte-parole du Groupe Altima. Tout ce qu’on voulait savoir, c’est pourquoi et qu’est-ce qu’on peut faire pour collaborer avec la Ville pour en arriver à un projet qui convient à tout le monde.»
Behrang Ashtiani dénonce un manque de transparence de la part de la Ville.
«La partie du parc était bien accueillie, et tout ce qu’ils nous ont demandé, par exemple enlever les logements au sous-sol ou les stationnements extérieurs, on était d’accord. Dans notre deuxième version, on avait intégré ces changements demandés par la Ville. Donc c’est vraiment choquant d’avoir été laissés dans l’obscurité», a-t-il lancé.
De son côté, la Ville de Brossard se défend de n’avoir «aucunement bloqué un projet de construction d’immeubles».

«Nous avons exercé notre droit de préemption afin de saisir une occasion unique de créer un grand parc dans un secteur en déficit d’espaces verts. Nos services demeurent disponibles pour accompagner le constructeur dans la réalisation de son projet, que ce soit sur le terrain dont il est déjà le propriétaire ou ailleurs dans la Ville», a affirmé la mairesse de Brossard, Doreen Assaad.
Malgré plusieurs échanges entre le Groupe Altima et la Ville, aucun projet officiel n’a été déposé à la Direction de l’urbanisme et de l’environnement.
Aucun engagement n’avait donc été pris quant à la construction de logements abordables, selon la mairesse Doreen Assaad.
Comme le dossier est judiciarisé, aucun commentaire ne peut être fait à l’endroit des allégations du constructeur, qui restent à être démontrées devant la cour.