Un nouvel avis force des résidents de Saguenay à faire bouillir leur eau avant de la consommer

La patience des citoyens du secteur Shipshaw-Sud à Saguenay s'effrite. Un nouvel avis les force à faire bouillir leur eau avant de la consommer. Ils venaient tout juste de sortir d’un avis qui avait duré près de deux semaines.

Les employées de la garderie Boum Boum sont exaspérées. Elles devaient faire bouillir leur eau depuis deux semaines. Après deux jours de répit, un nouvel avis les renvoie à la case départ. «Aujourd’hui on est retournée aller cherche une grosse 18L pour remplir les 2L et remplir les petites gourdes d'eau des enfants»,explique Madeleine Blackburn, directrice de la garderie. «Faire bouillir, un moment donné, avec le nombre d’enfants, éducatrices, on ne fournissait pas. Les frigidaires sont déjà à pleine capacité», ajoute-t-elle.

Les récents échantillons prélevés par la Ville détectent une possible présence de la bactérie E. coli.

«Les chiffres qu’on a eus hier c’est 200 UFC, mais pas d’E. coli, mais plutôt de bactéries atypiques. Les bactéries atypiques, elles ne sont pas dangereuses. De l’eau, ça vient avec des bactéries, c’est un produit naturel c’est comme du yogourt et du fromage. Cependant, la présence de 200 UFC empêche le laboratoire de savoir s’il y a des coliformes totaux ou des E. coli, donc le rapport indique TNI (trop nombreux pour identifier) autant les atypiques totaux et E.coli. Ça coche donc la case qu’il y a une possibilité d’E. coli, donc on est obligé par la loi de lancer un avis d’ébullition», détaille le porte-parole de la Ville de Saguenay, Dominic Arseneau.

Pour le seul restaurant du secteur, c'est toute une réorganisation qui doit être remise en branle. «On a beaucoup de précautions à prendre sur tout ce qu’on fait», affirme le propriétaire du Resto-Pub La Dérive, Jean-François Potvin.

Par exemple, le restaurant ne peut pas servir de café durant cette période d’avis d’ébullition. «Nos machines à café sont directement connectées sur l’eau de la ville. On a essayé de trouver plein de solutions, mais des petites cafetières, c’est beaucoup trop long.»

Le restaurant doit faire l'achat de boisson individuelle, de bouteille d'eau et de glace en sac, à ses frais. 

«La glace, avant on la faisait ici. Maintenant, on doit aller l’acheter dans les commerces avoisinants. Ensuite, il y a les jus et liqueurs, ça vient tous de l’eau de la ville, car c’est du sirop. On en donne plus. Ce qu’on fait, on va en acheter au dépanneur, on en donne. Les cocktails prennent 2-3 minutes de plus. Le service est beaucoup plus long», décrit le propriétaire. «On n’est pas chanceux, c’est la période de l’année où c’est le plus achalandé. On roule à 150% de capacité. On est plein tous les soirs depuis un mois et demi. La clientèle, on est chanceux, sont compréhensifs au maximum.»

«Nous c’est une centaine de dollars de plus par jour, c’est vraiment incommodant», se désole-t-il.

La Ville de Saguenay a récemment entériné un règlement d'emprunt pour raccorder le réseau d’aqueduc de Shipshaw-Sud à l’usine de filtration de Jonquière.

«11,2 M$, mais malheureusement en attendant, des choses comme ça arrive. J’ai une rencontre avec la mairesse, les services, pour voir ce qu’on peut faire pour les citoyens», affirme le conseiller municipal du secteur, Claude Bouchard.

Outre Shipshaw-Sud, Chicoutimi-Nord et La Baie ont aussi récemment eu des avis d'ébullition. La pluie et l'humidité pourraient expliquer cette hausse. «L’hypothèse est que c’est probablement de l’eau de surface qui a ruisselé et qui se soit introduite dans le puits. On a vécu un été très pluvieux, il fait chaud, c’est humide, il pleut. Bien qu’on ne puisse l’affirmer avec certitude, c’est l’hypothèse la plus probable», dit le porte-parole de la Ville.

En attendant une solution, les citoyens sont invités à faire bouillir l'eau pendant 1 minute, avant la consommation.