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L'article provient de TVA Nouvelles
Société

Un nouveau sommet au Québec: 10 400 enseignants non légalement qualifiés

Dans les écoles publiques québécoises, 1 prof sur 10 ne détient pas de brevet

Photo ADOBE STOCK
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Photo portrait de Daphnée  Dion-Viens

Daphnée Dion-Viens

2025-05-24T04:00:00Z
2025-05-24T15:26:44Z
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Le nombre de profs non légalement qualifiés a franchi un nouveau sommet: on en recense désormais au moins 10 400, ce qui représente 1 enseignant sur 10 dans les écoles publiques québécoises.

Dans certaines régions, cette proportion est d’ailleurs beaucoup plus élevée. Elle atteint même 61% dans une école primaire de Lanaudière (autre texte à lire ici).

Ces données provinciales obtenues par Le Journal proviennent d’une collecte de renseignements réalisée par le ministère de l’Éducation en mars à laquelle ont participé 92% des centres de service scolaires (voir détails plus bas).

Les profs non légalement qualifiés (NLQ), qui ont obtenu un contrat en vertu d’une «tolérance d’engagement», représentent désormais 9,9% du personnel enseignant, une proportion qui ne cesse d’augmenter, puisqu’elle était de 8,9% il y a un an.

Ce portrait n’est d’ailleurs que la pointe de l’iceberg, puisqu’il exclut les aspirants profs inscrits aux formations courtes de deuxième cycle en éducation (plus de 1000 l’an dernier) et les suppléants à la journée.

Il s’agit d’une tendance qui n’est pas près de s’essouffler, souligne la Fédération québécoise des directions d’établissement d’enseignement.

«On le sait, avec le nombre de retraites qui est prévu et le nombre d’élèves qui augmente, ça ne peut qu’augmenter encore l’an prochain. Je ne sais pas où ça va s’arrêter», laisse tomber son président, Nicolas Prévost.

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Ces recrues viennent prêter main-forte à un réseau scolaire, qui ne peut se passer d’eux dans un contexte de pénurie, si bien que des employeurs les courtisent ouvertement.

Les centres de service de Montréal et des Patriotes, en Montérégie, sont présentement à la recherche d’enseignants NLQ d’ici la fin de l’année scolaire ou pour la rentrée, peut-on lire sur des offres d’emploi disponibles en ligne.

Des profs quittent le navire

Ces profs sans brevet représentent toutefois une charge de travail supplémentaire pour le personnel en place.

Le taux de roulement élevé ajoute à la lourdeur de la tâche, puisque les profs NLQ sont aussi nombreux à abandonner le navire en cours d’année, soulignent les directions d’école.

Certains y renoncent de gré ou de force, comme Emilie Lacas, qui est en arrêt de travail pour épuisement professionnel depuis le début du mois d’avril.

Cette vétérane, qui cumule huit années d’enseignement sans brevet dans des écoles secondaires de Lanaudière, a dû rendre les armes en raison de groupes particulièrement difficiles.

«D’une année à l’autre, tu flippes un 25 cents et tu ne sais pas sur quoi tu vas tomber», affirme celle qui enseignait le français.

Mme Lacas déplore que les NLQ se retrouvent souvent avec les groupes les plus difficiles et les tâches plus complexes «dont personne ne veut» alors qu’ils sont les moins expérimentés.

Cette année, elle devait enseigner le français à deux niveaux, ce qui implique deux fois plus de planification.

«On a une plus grosse charge de travail que le prof à côté qui enseigne la même chose depuis 20 ans», déplore celle qui détient un baccalauréat en sexologie et un certificat de niveau universitaire en administration.

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«Je ne sais pas encore si je vais revenir l’an prochain», dit-elle.

Au cabinet du ministre de l’Éducation, Bernard Drainville, on rappelle que le nombre d’élèves dans le réseau scolaire ne cesse d’augmenter. «On a donc plus de postes à combler année après année», indique son attaché de presse, Antoine de la Durantaye.

Plusieurs universités offrent désormais des programmes courts de 30 crédits, pour former plus rapidement les enseignants sans brevet, «mais force est de constater qu’on doit en faire plus», ajoute-t-il, tout en précisant que le cabinet «travaille sur différentes avenues en ce moment».

Les hausses salariales et les aides à la classe, consenties dans la dernière négociation avec les enseignants, contribuent par ailleurs à rendre la profession plus attrayante, ajoute-t-il.

Enseignants non légalement qualifiés dans les écoles québécoises

Mars 2025: 10 400 (9,9%)

Octobre 2024: 9184 (9,1%)

Février 2024: 7949 (8,9%)

2022-2023: 6484 (7,3%)

2021-2022: 4783 (6,1%)

Les données des années scolaires 2021-2022 et 2022-2023 représentent le nombre de tolérances d’engagement octroyées par le ministère de l’Éducation pendant une année complète. Les statistiques à partir de février 2024 représentent plutôt le nombre d’enseignants embauchés en vertu d’une tolérance d’engagement à ce moment précis de l’année. La proportion a été calculée à partir du nombre total de postes d’enseignants dans les écoles publiques québécoises provenant du Tableau de bord du ministère de l’Éducation.

Source: ministère de l’Éducation

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