Une mystérieuse institution financière britannique accorderait 1 milliard de dollars à GéoLAGON

Valérie Lesage | Journal de Québec
Le promoteur des quatre GeoLAGON envisagés au Québec, Louis Massicotte, a envoyé un communiqué de presse ce mardi à l’aube, annonçant un «accord de financement avec une institution basée au Royaume-Uni» pour la construction de ses villages solaires et géothermiques, sans identifier son généreux partenaire.
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Dans le très long communiqué, accompagné d’annexes, seuls le titre et une citation du promoteur réfèrent à un accord de financement.
«L’importante étape du financement franchie aujourd’hui est un pas de géant en faveur de la transition énergétique, car il s’agit d’une grande première qui ouvre la porte à d’autres développeurs du monde entier», s’exprime Louis Massicotte.
La plupart du temps, une visibilité est accordée aux partenaires financiers importants d’un projet de développement, à travers une annonce conjointe. Dans ce cas-ci, nous a dit le promoteur, le financier aurait, selon l’entente, une visibilité dès que le premier chantier sera commencé.
Actuellement, aucune demande de permis n’a encore été déposée à Petite-Rivière-Saint-François et dans les autres régions envisagées pour la construction des villages «autosuffisants en énergie renouvelable autoproduite», pour un total de 1200 chalets hôteliers au Québec. Valcartier a été ajouté à la liste d'endroits potentiels, en plus de Lanaudière, des Laurentides et de l'Outaouais.

Partenaire secret «très connu»
«Ce que je peux vous dire, c’est que c’est un partenaire très reconnu, qui finance à l’international des infrastructures très importantes. L’entente est jusqu’à 250 M$ par village, fois quatre. Ce sont des partenaires que je connais de longue date», a affirmé M. Massicotte en entrevue au Journal, ajoutant qu’il avait déjà «négocié des choses» dans le passé avec ce partenaire secret, qui s'additionnerait à Kyotherm.
En début d'année, l'investisseur français en énergies propres Kyotherm avait été annoncé comme partenaire de GéoLAGON. Deux courriels envoyés à cette entreprise sont restés sans réponse. Au téléphone, une personne a répondu sans nommer l'entreprise et a pris un message pour le président Arnaud Susplugas. Notre demande d'entrevue est restée lettre morte.
Dans son communiqué-fleuve de Louis Massicotte revient sur le concept GéoLAGON, sa technologie, ses études, et le revêtement des habitations avec cellules photovoltaïques intégrées au bâtiment. Il est question, au neuvième paragraphe, d’un «accord de collaboration avec MITREX en Ontario», un fabricant de façades solaires. Les produits de ce manufacturier, ainsi que des panneaux solaires thermiques installés sur les toits et les stationnements, permettraient de chauffer le lagon de 120 000 pieds carrés et les habitations, aux dires du promoteur.

Rapport critique
Il y a quelques jours, le rapport de la Réserve de la biosphère de Charlevoix dévoilait un rapport questionnant l'aspect durable du projet de Petite-Rivière-Saint-François. Ce rapport évaluait qu’il faudrait des panneaux solaires sur une superficie équivalant à quatre terrains de football pour produire l’énergie nécessaire aux villages solaires de Louis Massicotte.
«J’ai toujours dit qu’on n’avait pas besoin (de panneaux solaires), mais y a des organisations qui ont dit que ça en prendrait. C’est parce que je n’avais pas encore dévoilé cet aspect du secret commercial», a plaidé le promoteur. Mais quel secret? La technologie du fabricant MITREX a déjà fait l’objet d’une annonce publique en 2021, selon nos recherches.
Le rapport de la Réserve de la biosphère de Charlevoix a aussi soulevé des risques importants pour la nappe phréatique avec le forage de 206 puits de géothermie (assèchement de milieux humides, contamination) et de possibles déversements de produits servant à l’entretien de l’immense lagon. Louis Massicotte réfute en affirmant que la géothermie de surface en circuit fermé et l’utilisation de l’eau de pluie va protéger l’environnement.
Faire durer le mystère
La semaine dernière, un avis aux médias a été envoyé par les relationnistes embauchés par Louis Massicotte. On y faisait état de l’annonce ce mardi matin à 6 heures d’un financement privé d’un milliard en provenance d’une institution européenne pour un entrepreneur techno de Québec qui n’était alors pas identifié. Nous étions invités à manifester notre intérêt pour des entrevues, qui auraient lieu chez Langlois Avocats, le cabinet qui aurait accompagné l’entrepreneur dans la signature de ce financement.
Dès que nous avons répondu, un communiqué sous embargo nous a été transmis, sans mention du mystérieux financier de GéoLAGON. L’entrevue avec Le Journal a été organisée au téléphone par les relationnistes. Une nouvelle version du communiqué a été envoyée mardi, avec des annexes et des hyperliens, notamment un qui mène vers une très longue présentation PowerPoint des produits de MITREX.