Un moniteur émérite de sauvetage accusé d’agression sexuelle

Erika Aubin | Journal de Montréal
NDLR: Le 16 mai 2023, Yanick Graveline a été acquitté au terme d’un procès de tous les chefs d’accusation qui pesaient contre lui, soit contacts sexuels, incitation à des contacts sexuels et agression sexuelle. Le juge Sacha Blais a ainsi cru sa version, lui qui niait en bloc les allégations.
Un moniteur de sauvetage aquatique réputé dans son milieu subit son procès, lui qui aurait profité d’une formation qu’il donnait à la piscine pour agresser sexuellement une préadolescente, à Saint-Hyacinthe.
«J’ai figé, j’avais juste envie que ça arrête le plus vite possible. Je me sentais toute à l’envers avec une espèce de haut-le-cœur», a témoigné la présumée victime de Yanick Graveline, dont l’identité est protégée par la cour.
Le procès du Maskoutain de 49 ans s’est amorcé mercredi au palais de justice de Saint-Hyacinthe. Il fait face à plusieurs chefs d’accusation, dont agression sexuelle, pour des événements qui remontent à 1996.
Le procureur de la Couronne, Me Marc-André Roy, tente de mettre en preuve qu’à trois reprises, le moniteur qui avait alors 22 ans a commis des attouchements sur la jeune ado de 13 ans en mettant notamment sa main sous son maillot de bain pour toucher ses parties génitales.

Dans la piscine
Lors de son témoignage, la présumée victime a détaillé comment Graveline s’y serait pris pour l’agresser pendant le programme canadien Jeune Sauveteur de la Société de sauvetage. Une fois, il se serait approché d’elle par-derrière dans la piscine du cégep de Saint-Hyacinthe pour glisser ses mains sous son maillot.

Au cours suivant, il lui aurait demandé s’il pouvait s’asseoir près d’elle avant de mettre une serviette sur ses genoux et de toucher à nouveau ses parties génitales sous son maillot de bain.
«Moi, quand il me dit [de venir s’asseoir aux côtés de lui], c’est la panique en dedans, mais je n’ose pas m’objecter. [...] C’est lui qui est en charge, c’est lui qu’on doit écouter», a-t-elle confié.
«Les maux de cœur se sont comme décuplés. Je suis figée comme une statue, pas capable de ne rien dire, de ne rien faire ou de bouger», a-t-elle ajouté avec la voix tremblante.
Il lui aurait ensuite dit dans le corridor qu’il voulait «enlever ses vêtements, se mettre tout nu et se coller dans un sleeping bag [sac de couchage]». La jeune adolescente a immédiatement abandonné sa formation pour devenir sauveteuse.
«Je suis paniquée parce qu’il y a comme une progression, je ne veux pas en arriver là, c’est sérieux, ce qu’il me dit. Il fallait que je fasse quelque chose», a-t-elle dit.
Ce n’est pas lui
Au cours de sa carrière, Graveline a donné des formations à plusieurs dizaines d’enfants. Il a été formateur dans plusieurs villes de la Montérégie ainsi que pour la Corporation aquatique maskoutaine à temps partiel jusqu’en 2021.
À ce moment, son employeur a mis fin à son contrat quand une personne a « envoyé une lettre » après un cours de requalification. La teneur de cette lettre n’a toutefois pas été dévoilée à la cour.
Il est d’ailleurs tombé de haut après son arrestation en juin 2021. En 2014, il a été le premier président québécois de la Société de sauvetage du Canada. Il a également été administrateur pour la division du Québec pendant une dizaine d’années en plus d’avoir siégé au conseil d’administration de la Fédération internationale de sauvetage aquatique, section Amérique.

Graveline a témoigné à son tour pour sa défense cet avant-midi, affirmant qu’il n’avait jamais rencontré la plaignante et que ce n’est pas lui qui donnait le cours Jeune Sauveteur à l’automne 1996. «Ce n’est pas moi qui ai fait ces allégations-là», a-t-il martelé au tribunal.
Le juge Sacha Blais a pris le dossier en délibéré. Il rendra sa décision en mai prochain.