Un micro-cochon pas si petit que ça

Louis-Philippe Messier | Journal de Montréal
Si vous pensez que les cochons miniatures qui se lovent dans une tasse de thé et dont les images abondent sur certains réseaux sociaux existent vraiment, détrompez-vous !
Quatre passionnées de cochons domestiques, dont une éleveuse certifiée et une vétérinaire spécialisée, viennent de publier le tout premier guide du cochon miniature en français pour le public québécois, qui démystifie cette idée.
Je suis allé parler à celle qui a eu l’idée de ce livre, Alexandra Potvin-Desrochers, 27 ans, doctorante en neurosciences à l’Université McGill et « mère adoptive » d’une truie miniature de 4 ans et demi appelée Truffe, en appartement dans Hochelaga.

J’ai suggéré une marche dehors, mais il y avait de la nouvelle neige, et Truffe a opposé son veto. La demoiselle a daigné sortir pendant cinq minutes, mais ce n’était pas la joie, alors nous sommes retournés bien au chaud dans le salon, dont une partie est occupée par une doudou et une sorte de matelas où Truffe sommeille 80 % du temps... un peu comme un chat.
Relativité de la « miniaturité »
Truffe est « miniature ». Je mets cet adjectif entre guillemets. Elle pèse 80 livres. Pendant mes étés à la campagne, les cochons de la porcherie familiale étaient des mastodontes pouvant atteindre 800 livres, environ deux fois et demie le poids moyen d’un lutteur sumo.
On est loin des cochonnets de quelques semaines sur Instagram qu’une expression trompeuse nomme tea cup pigs (cochons tasse de thé) comme si vraiment ils allaient garder adulte la taille d’un chihuahua...
« Cette illusion engendre une quantité d’adoptions éphémères et d’abandons parce que le cochon grossit et les gens sont pris au dépourvu », m’explique Alexandra.
La jeune femme co-modère les 5000 membres du groupe Facebook privé « Les minis/micros cochons du Québec » que je recommande à mes lecteurs curieux d’en apprendre plus.
Des cochons vietnamiens présentés comme « micro » atteignent... 200 livres.

« Le but du guide, c’est vraiment de permettre aux gens de comprendre ce que ça implique, adopter un cochon miniature, les bons et les mauvais côtés, où trouver un tel cochon et comment reconnaître un éleveur fiable, qui va assurer un suivi pendant toute la vie du cochon, qui a une longévité de 15 ans. »
Intelligent comme un dauphin, le cochon l’emporte, intellectuellement, sur le chien. C’est un fin manipulateur, tel un enfant. Il ne ressent pas la satiété, alors, si on le laisse faire, il peut manger jusqu’à s’exploser l’estomac. On est donc loin du chat, du chien ou du furet.
Bref, c’est un investissement personnel à long terme et un pensez-y-bien.
Permis ou pas ?
Truffe est un des rares cochons montréalais. Depuis 2018, la Ville interdit cette espèce sur son territoire... sauf en vertu d’une « clause grand-père » pour les spécimens qui y vivaient déjà.
« Nous avons eu un mois pour aller chercher un permis que je dois renouveler chaque année », dit Mme Potvin-Desrochers. Soyez avertis : vérifiez si votre municipalité tolère cet animal domestique avant d’en adopter un.
Le guide autopublié se vend 35 $ et se trouve en ligne au: laboutiquedoscar.square.site. Étant donné le grand nombre de cochons abandonnés, 2 $ par exemplaire du guide vendu iront à des refuges.